Les grandes surfaces de distribution foisonnent davantage en Algérie et attirent de plus en plus de clients, même si les Algériens sont encore fidèles à leur épicerie du quartier, à la petite supérette. Le combat de David contre Goliath qui oppose les grandes surfaces aux petits commerces est engagé, sans encore de vainqueur avéré. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) Durant les dernières semaines, deux hypermarchés ont ouvert dans le pays, l'un sous enseigne Uno à Sétif et le second sous enseigne Carrefour à Alger. Ces deux grandes surfaces commerciales s'ajoutent notamment à celles lancées dans la capitale depuis quelques années, à Bab Ezzouar et à El-Mohammedia. Ainsi, le réseau de la grande distribution, en comptant les centaines de supermarchés lancés à travers le pays depuis plus d'une décade, se développe même s'il reste encore balbutiant. Si elle occupe une part de 18% dans l'activité commerciale en Tunisie et une part de 12% au Maroc, la grande distribution ne représente pourtant en Algérie que 2%. Certes, des contraintes objectives freinent le développement de la grande distribution, notamment l'indisponibilité du foncier, des insuffisances ou des dysfonctionnements en matière de logistique, d'urbanisme commercial et de management, ainsi que d'autres difficultés liées à l'environnement social, politique. Toutefois, l'intérêt des consommateurs pour ce mode de distribution est évident, de plus en plus croissant. Au-delà de la simple curiosité qu'éprouvent certains pour les surfaces nouvelles, les consommateurs sont bien intéressés par les grandes surfaces, qu'il s'agisse des hypermarchés, des supermarchés ou des supérettes dont le nombre dépasse les 1 500 en Algérie. Des espaces de vente qui foisonnent de plus en plus, dans le contexte de la libéralisation commerciale, d'amélioration relative du pouvoir d'achat et de l'émergence de nouveaux modèles de consommation, outre le fait que ces infrastructures permettent des économies d'échelle. Cela dans la mesure où ces infrastructures offrent des produits alimentaires et non alimentaires, disposés dans un même espace, en libre service et distribués sur la base de techniques marketing efficaces. Les consommateurs s'y déplacent souvent en voiture pour effectuer des achats diversifiés, généralement importants, en somme les grandes «courses» de la semaine ou du mois. Ils y trouvent des biens souvent de bonne qualité et dont la traçabilité est claire, des produits dont les prix sont assez attractifs, compétitifs car généralement moins chers que ceux pratiqués dans les petits commerces. Situés à proximité, occupant une surface assez réduite, ces commerces qui se comptent par milliers offrent un choix relativement limité de biens alimentaires et autres. En outre, les épiceries pratiquent des prix relativement plus élevés que ceux des grandes surfaces, ou tout au moins avec des marges un peu plus grandes. Ce qui n'empêche pas pourtant les consommateurs de s'y rendre par habitude, par souci de temps et pour y acquérir quelques petites denrées. De fait, nombreux sont les chalands à être encore fidèles à leurs épiciers du quartier, avec lesquels ils entretiennent des relations de convivialité, voire d'amitié parfois, et près desquels ils bénéficient de conseils... Un sentiment de convivialité, de proximité que le consommateur ne retrouve pas dans les grandes surfaces, même si ces dernières sont parfois aménagées de manière à stimuler l'intérêt du client, à lui permettre d'effectuer ses achats dans le confort. Pour autant, le foisonnement des grandes surfaces, l'engouement des consommateurs à s'y rendre ainsi que l'intérêt qu'accordent de plus en plus les pouvoirs publics à l'émergence de la grande distribution en tant qu'alternative à l'anarchie commerciale ambiante et outil de régulation, signifient-ils que le glas a sonné pour la «petite» distribution ? Le combat de David (les petits commerces) contre Goliath (la grande distribution) est engagé, mais aucun vainqueur attitré n'a encore été annoncé.