C'est un marronnier. Ce sujet revient sur toutes les lèvres et dans tous les médias chaque Ramadhan : la surconsommation et le gaspillage durant ce mois sacré. Chaque année, c'est le même constat : les Algériens bouleversent complètement leur mode de vie trente jours durant, faisant bombance et veillant jusqu'à «pas d'heure». Dans les foyers, les meidate débordent de tajine, bourek, kalb ellouz, pains et friandises en tous genres. De toutes ces victuailles payées au prix fort, seule une petite partie sera consommée. Le reste atterrira au fond de la poubelle, dès le lendemain. Face à tous ces excès, certaines familles gardent la tête froide et continuent à élaborer des recettes simples, saines et peu onéreuses. Frugalité, nuits de sommeil sans veille, et alimentation normale pour contrer le gaspillage et rester en bonne santé. Vouloir, c'est pouvoir ! Témoignages. Narimane, 50 ans «Toute cette ruée sur les étals de viandes, légumes, fruits et friandises dans les marchés me laisse pantoise. Les gens se plaignent à longueur de journée de la cherté de la vie mais dévalisent tout ce qui est comestible. Personnellement, je refuse de tomber dans le piège de la surconsommation durant ce mois sacré. Je continue à faire de la résistance en cuisinant de la même manière que le reste de l'année. Depuis quand jeûner rime-t-il avec s'empiffrer ou se bâfrer ? C'est connu, lorsqu'on a faim, on a tendance à manger avec les yeux. Garnir sa table avec des plats copieux et onéreux ne sert absolument à rien sinon à faire grimper son taux de cholestérol et de triglycérides dans le sang d'autant plus que toute ces victuailles qui coûtent les yeux de la tête finissent à la poubelle en général. Me concernant, je continue à préparer des lasagnes, des spaghettis, des gratins, des purées, et toutes sortes de soupes comme en temps normal. Je sensibilise mes enfants à respecter l'esprit de Ramadhan comme partager avec ceux qui sont vraiment nécessiteux. L'essentiel est de s'alimenter de manière saine, sans avoir la folie des grandeurs. Même les recommandations de notre Prophète (QSSSL) allaient dans ce sens. Ne jamais manger jusqu'à satiété et éviter le gaspillage, non ?» yasmina, 43 ans «La consommation tous azimuts durant le mois de Ramadan provoque une hémorragie dans le budget. Des dépenses inutiles qui endettent les ménages», constate Yasmina. «Je suis contre toute cette fièvre acheteuse observée dans les hypermarchés, superettes et autres souks tout au long du mois sacré. Les gens achètent à tour de bras sans réfléchir à leurs véritables besoins. L'exemple du pain est édifiant. On se retrouve avec des bennes à ordures vomissant une grande variété de baguettes, matlou et autres kesra jetés dès le lendemain. Personnellement, hormis la chorba et le bourek, je continue à mitonner des recettes simples. Il m'arrive de remplacer les boureks par des quiches au fromage ou aux épinards qui peuvent être réchauffés au micro-ondes au moment du s'hor. Parfois, je ne cuisine même pas de second plat. Un bon hors-d'œuvre varié fait l'affaire. Le Ramadhan coïncidant avec l'été ces dernières années et la chaleur aidant, personne n'a envie de se plomber l'estomac avec des plats copieux. Sans oublier que l'excès de sucre et de gras représente un danger pour la santé.» Slimane, 54 ans «Des erreurs, j'en ai tellement commises, que je souhaiterais voir mon expérience profiter aux autres. Il y a trois ans, j'ai contracté un diabète. Les analyses de sang effectuées au lendemain de l'Aïd ont révélé un taux de glycémie affolant. Il faut dire que je l'avais un peu cherché. Trente jours durant, je m'étais empiffré de sucreries (zlabia, gâteaux orientaux, kalb ellouz...) et sodas hypersucrés jusqu'au petit matin. Ma maladie m'a ouvert les yeux. Désormais, je mange sainement tout le long de l'année, y compris pendant le Ramadhan : une soupe maigre, des boureks cuits au four, et beaucoup de légumes. Depuis, je me porte comme un charme.» Warda, 37 ans «Pendant le Ramadhan, je continue à travailler normalement. En tant que responsable marketing je dois être fraîche et dispose dès la première heure. Aussi je veille à ne pas chambouler mon train-train quotidien. Après un repas léger à la rupture du jeûne, je n'avale plus rien. Mais juste avant de me mettre au lit vers 23 heures, je prends quelques fruits, un yaourt, un flan ou une crème de riz. Par ailleurs, j'évite de veiller tard en semaine. Je pense que l'irritabilité des Algériens est due principalement au manque de sommeil. Maintenir les mêmes habitudes, autant que faire se peut, est synonyme de bien-être. En tout cas, c'est ce que je ressens, moi.» Face à tous les excès visibles dans notre société, particulièrement durant le Ramadhan, certains citoyens font de la résistance et jouent la carte de la sagesse, préservant ainsi leur capital santé et gardant une poire pour la soif. Un bel exemple à méditer !