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LE PRESIDENT DE LA CGEA HABIB YOUSFI :
«C'est une seconde révolution qu'il s'agit de lancer»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 01 - 2016


Entretien réalisé par Cherif Bennaceur
Exprimant son inquiétude pour l'avenir du pays, le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Habib Yousfi, invitera à lancer «une seconde révolution». Dans cet entretien, le président de la CGEA dresse un constat négatif de la gouvernance économique actuelle, émettant des critiques concernant le dispositif de licences d'importation, «boiteux» selon lui, ou l'octroi du crédit à la consommation, une mesure d'ordre «démagogique», tout en formulant des pistes de relance. Par ailleurs, Habib Yousfi formulera une appréciation mitigée du projet de révision constitutionnelle.
Le Soir d'Algérie : Quelle est votre appréciation de la situation économique actuelle ?
Habib Yousfi : Nous sommes dans une situation extrêmement difficile. Dans le contexte où nous voyons l'Algérie évoluer, on peut considérer que le futur sera difficile. Très difficile. Difficile dans la mesure où nous faisons le constat que la gestion des affaires économiques a été peut-être mal perçue. Notre attachement à compter sur les recettes d'exportation des hydrocarbures nous a menés carrément droit au mur, d'autant que nous n'avons pas la possibilité de manager, de contrôler le prix du baril. Si j'analyse la problématique de l'offre en matière d'hydrocarbures sur le marché international, en toute honnêteté, je ne vois pas du tout quand on pourrait espérer une remontée du prix du baril. Par conséquent, il reste cette possibilité de voir quels sont les créneaux à aborder pour essayer d'échapper à une crise sévère.
Au-delà de ce constat, quelles pistes proposez-vous pour parer à ce risque ?
Je me suis exprimé à maintes reprises là-dessus. Et je le répète, qu'a-t-on comme potentialités à exploiter ? Nous avons le secteur de l'agriculture, et c'est un élément important, qu'il s'agit de valoriser. Avec l'agriculture, nous pouvons combler nos besoins alimentaires et mettre en adéquation une industrie agricole, agroalimentaire. Ce qui permettra de jouer à l'export, de pénétrer les marchés internationaux. Dans la mesure où les ressources en eau, les moyens techniques et les potentiels de productions existent, Il serait opportun de mettre en œuvre un plan de développement agricole qui soit orienté vers une vision de substitution à l'exportation d'hydrocarbures, de développer les grands complexes agricoles intégrés. Le travail est générateur de richesses, il s'agit de réapprendre aux gens de travailler la terre. Autre potentiel que nous n'avons jamais exploité, les atouts touristiques dont dispose l'Algérie. Il s'agit d'œuvrer pour le développement du tourisme. Par conséquent, il y a des investissements à réaliser. C'est évident. Mais il faut exploiter cette opportunité très importante. En troisième lieu, l'industrie. C'est un secteur que l'on peut booster d'autant que l'Algérie dispose de centres de recherches au niveau des universités. Des découvertes utiles sont réalisées et des savoirs émergent et que nous pouvons soutenir en termes de financement, en vue de stimuler l'industrie.
Quelles sont justement les mesures phares, concrètes à prendre immédiatement ?
Votre question soulève en fait deux problématiques, l'une liée à la possibilité de trouver des solutions adaptées à la crise et la seconde concerne les moyens de générer la croissance. Cela dit, j'observe qu'il va y avoir naturellement des mesures difficiles à supporter, notamment celles fiscales liées à la hausse des taxes et décidées pour remédier au déficit budgétaire. Malheureusement, ces hausses sont brutales. J'aurais souhaité qu'elles soient progressives, afin de soulager la population des pressions qu'elle aura à subir et dans la mesure où elles impactent l'ensemble des activités économiques et génèrent une inflation terrible. A partir de là, il va falloir s'organiser, dans le but d'éviter de subir les contraintes résultant de la dépendance des recettes d'exportation des hydrocarbures.
Mais l'exécutif a initié une série de mesures pour mieux maîtriser les importations, à travers notamment l'instauration du dispositif de licences d'importation...
Ce que je regrette, c'est qu'on continue encore à ouvrir les vannes de l'importation pour un certain nombre de produits. Les véhicules en particulier. Je trouve scandaleux, au moment où nos recettes en devises sont minimes, qu'on accepte d'importer plus de 150 000 véhicules par an. Pourquoi ? Je n'ai pas besoin de tout ce volume. Je suis désolé, mais je ne vois pas la nécessité de donner des quotas, des licences aux concessionnaires. Il est utile désormais de donner des licences individuelles aux citoyens qui veulent acheter des voitures. Et c'est aux citoyens de se débrouiller leurs devises. Ce n'est pas aux concessionnaires de puiser dans le fonds de réserves. On aura ainsi une quantité moindre d'importations. Ça suffit. Il faut aller vers des choses planifiées, étudiées. Les réserves de change doivent servir à autre chose qu'à financer les importations. Il y a le marché de l'occasion.
Vous contestez la pertinence de ce dispositif.
Ce qui me révolte, c'est que les concessionnaires aient été sommés de fabriquer la pièce de rechange et qu'ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont pas joué le jeu. Par conséquent, je les sanctionne dans l'intérêt de l'Etat (en ne leur accordant pas des licences d'importation). D'un autre côté, il apparaîtrait que certaines personnes, sans les citer nommément, bénéficient de crédits bancaires de plusieurs milliards de dinars alors que les banques, sollicitées par les Pme en vue de leur permettre de couvrir leurs besoins, leur ont répondu négativement. De quelle gestion parle-t-on ? Nous sommes franchement dépités. Il faut savoir que le pays a besoin de la mobilisation des Pme, seules créatrices de richesses et d'emplois. De fait, le dispositif des licences d'importation est boiteux. Autre mesure, la relance du crédit documentaire en vue de faciliter l'acquisition de produits nationaux... Mais dans le contexte où le dinar glisse, où la situation financière du pays est dangereuse, voilà qu'un responsable syndical (le secrétaire général de la Centrale syndicale) invoque le crédit à la consommation. Cette proposition est à l'adresse de qui ? C'est en faveur des travailleurs. Mais un crédit suppose un engagement, une capacité de payer pour un travailleur. Pourra-t-il l'assurer avec un salaire ? Peu certain. Automatiquement, le travailleur se retrouvera en situation difficile et c'est l'endettement qui pointe. D'autre part, quels sont les critères d'éligibilité des entreprises de production nationale retenues ? A remarquer qu'elles relèvent pour la plupart d'une seule organisation, le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Notons également que l'octroi du crédit à la consommation bénéficiera en particulier à l'achat d'un véhicule monté en Algérie et dont les composants sont importés. En fait, le discours sur le crédit à la consommation, c'est de la démagogie. Je suis, certes, un patron mais j'ai des principes. Le crédit à la consommation, ce n'est pas le moment.
Un cadre de dialogue tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) existe. Quelle appréciation en faites-vous ?
Avons-nous été consultés pour l'élaboration de la loi de finances pour 2016 ? Où sont les décisions prises dans le cadre du Pacte national économique et social de croissance ? Certes, le Premier ministre déploie des efforts mais il est acculé. J'ai l'impression qu'on lui crée des obstacles. Concernant la question du dialogue, cela suppose la participation de structures patronales à caractère syndical, conformément à la loi 90-14 qui fixe des critères de représentativité... Qu'a-t-on constaté à titre officiel ? Le FCE (qui a notamment participé à la dernière tripartite) n'est pas agréé en tant que structure syndicale. Les autres structures patronales sont des coquilles vides. Où sont leurs agréments ? Ont-elles tenu leurs AG ? Or, les participants à la récente tripartite ne sont pas qualifiés.
Un projet de révision de la Constitution vient d'être validé par le Conseil des ministres et soumis à l'aval du Conseil constitutionnel. Quelle appréciation en faites-vous ?
Concernant le projet de révision de la Constitution, pour lequel une concertation avait été lancée et à laquelle j'ai participé en tant que représentant d'une partie de la société civile, je constate que c'est un projet ouvert mais il y a quelques insuffisances. En ce qui nous concerne, nous estimons que la constitutionnalisation de la concertation au sein du Conseil national économique et social (Cnes) est obligatoire. Mais le vrai dialogue se fait dans le cadre des réunions tripartites, voire bipartites, et doit être formalisé dans le texte fondamental. Cela étant, le Cnes élabore des propositions qu'il présente au gouvernement tandis que le tripartisme participe à la gestion. En d'autres termes, le Cnes débat d'une politique donnée au niveau économique et conseille le gouvernement, tandis que le tripartisme débat et examine des décisions à prendre avec le gouvernement. Le projet de révision contient des avancées mais il s'agit de le compléter concernant la question du dialogue, dans la mesure où le tripartisme découle des recommandations d'institutions internationales et que l'Algérie a ratifiées.
Optimiste ou pessimiste pour l'avenir du pays ?
Je suis inquiet. Ayant participé à la lutte pour l'Indépendance, à la Révolution, je suis déçu de constater que mon pays s'enfonce. Or, c'est une seconde révolution qu'il s'agit de lancer.


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