Le Musée du Bardo d'Alger est comme un labyrinthe dont toutes les voies mènent vers l'émerveillement. Des escaliers conduisent vers des salles, des patios, des cours et des jardins. A partir de ces espaces, d'autres escaliers couverts conduisent vers d'autres salles, patios, cours et jardins. Comment, en ce jour de vernissage, arriver à la galerie abritant l'exposition de peinture «Voyage Nostalgie» de Fatma-Zohra Bouaouni et Dounia Hedid ? Suivons l'appel de la musique, celle d'un quanoun venant d'une salle à l'étage supérieur ! La salle est pleine d'amoureux de l'art, algériens et étrangers. Le jeune joueur de quanoun est assis dans la salle du fond, en face de l'entrée principale. Les tableaux des deux jeunes artistes se côtoient dans les quatre salles de la galerie mauresque. Le visiteur passe sans transition, des paysages naturels de Fatma-Zohra Bouaouni aux musicennes de Dounia Hedid. D'autres œuvres des deux peintres montrent des monuments du patrimoine architectural algérien. «La vendeuse de jasmin» au très long collier fleuri côtoie le «Berger de Beni Chebla» qui semble méditer face au ciel bleu de l'Atlas blidéen. «J'aime la nature. C'est une source d'inspiration et de ressourcement pour moi. Quand je ne me sens pas bien moralement, je vais me reposer dans les espaces naturels de la Mitidja», nous explique Fatma-Zohra Bouaouni qui a peint des toiles intitulées «La Forêt noire» et «Chemin de ma vie», notamment. Pour l'anecdote, elle dit «adorer» les coccinelles, les insectes évidemment, pas les célèbres voitures allemandes. Un des tableaux de Dounia Hedid est titré «La voix de l'âme». Il montre une joueuse d'imzad. «J'aime peindre des portraits et j'aime aussi les intruments de musique traditionnels. L'imzad qui a failli disparaître, est beaucoup plus qu'un instrument de musique. Il symbolise toute une histoire et une culture. On dit, par exemple, que quand une femme veut punir un homme chez les touaregs, elle le prive de l'imzad, en ne jouant pas devant lui de cet instrument dont seules les femmes ont le droit de jouer», nous explique l'artiste. Réalisé par Hedid, l'unique tableau abstrait de cette double expo est intitulé «Voix de l'âme». Il porte des inscriptions en tifinagh qui veulent dire : «Si tu veux une bonne mouture d'olive , il faut faire tourner son moulin avec vigueur.» Les deux jeunes artistes voient cette exposition comme un rêve qui se réalise. Concrètement, c'est le premier pas d'une succession d'événements leur permettant de mûrir au fur et à mesure de leur parcours artistique. Le thème «Voyage nostalgie» exprime leur attachement à la culture algérienne et ses traditions. A travers cette exposition, elles espèrent apporter leur contribution, afin de préserver les pans de notre identité qui est le plus précieux des héritages à transmettre aux futures générations. L'exposition de peinture de Fatma-Zohra Bouaouni et Dounia Hedid au Musée public national du Bardo se prolongera jusqu'au 2 mai prochain. C'est, ainsi, un «Voyage nostalgie» qui dure un mois, pour le plus grand bonheur des amoureux des beaux-arts !