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Débat sur le printemps amazigh
Des acteurs témoignent
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 04 - 2016

«Avril 1980, combat d'hier et leçons d'aujourd'hui», c'est le thème de la conférence organisée, jeudi dernier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou à l'initiative du RCD, à l'occasion du printemps amazigh.
Saïd Sadi, Saïd Doumane, Mouloud Lounaouci et Arab Aknine, des acteurs très impliqués dans la préparation et le déroulement de ces événements, ont apporté leur témoignage sur la genèse, les ruptures et les implications politiques historiques du printemps amazigh. Au-delà du devoir de mémoire, les quatre intervenants ont mis au centre de l'interrogation, la manière d'adapter à la conjoncture actuelle les luttes et l'engagement désintéressé et voué de toute une génération de militants, à la cause identitaire et à la démocratie en Algérie.
Les trois intervenants ont insisté sur le devoir de restitution de la mémoire et des valeurs marquantes du printemps amazigh. Un héritage qui doit être «soumis à débat et analyse car du point de vue politique, éthique, intellectuel et sociologique c'est le moment le plus riche d'enseignements de l'Algérie indépendante. Ce mouvement (qui) fut un vrai vecteur de rupture dans la vie algérienne s'avéra rapidement être aussi la potentialité démocratique nord-africaine la plus féconde ; il doit être connu dans ses séquences factuelles et ses significations historiques pour occuper la place qui lui revient dans le cosmos politique national», expliquera Saïd Sadi qui a ouvert les débats lors de cette rencontre qui a drainé les foules des grands jours.
L'ex-président du RCD commencera par replacer les événements dans un contexte historique et politique très contraignants. «Il faut en effet savoir que la génération d'avril 1980 était confrontée à un double problème : la censure de Boumediène qui avait interdit de parole tout acteur non aligné sur ses slogans et le terrorisme politique qui avait réduit la scène politique à un affrontement entre progressistes et réactionnaires...»
La difficulté était telle «que jusqu'à avril 1980, celui qui voulait se faire entendre ou contester le pouvoir devait obligatoirement prendre les armes», rappellera Saïd Sadi, pour qui l'engagement désintéressé et autonome de toute chapelle dogmatique était un véritable sacerdoce pour les porteurs de ce projet de reconstruction identitaire et politique en Algérie. «Je crois que c'est cette indépendance d'esprit qui a permis la naissance d'une culture politique qui a su résister à la pression du pouvoir comme aux archaïsmes de nos milieux. La mode du gauchisme ambiant, aussi dominante que l'est aujourd'hui l'islamisme, n'a pas pu désorienter le mouvement de fond qui animait des jeunes décidés à se faire leur propre opinion avant de tracer leur chemin», dira S. Sadi, qui souligne «la dimension éthique» qui a constitué «l'une des grandes marques d'avril 1980» qui a guidé et inspiré la démarche de la plupart des acteurs du printemps berbère qui, rappellera encore l'orateur, avaient «cette capacité à dialoguer dans la pluralité, tout en demeurant digne et respectueux de l'autre sous l'arbitrage du citoyen». «C'est tout naturellement qu'avril 1980 est devenu la source nourricière des combats pour les droits de l'Homme, la laïcité, la condition féminine ou le pluralisme politique», ajoutera Saïd Sadi pour qui il y a urgence et nécessité à rendre visible «cette pédagogie de la militance (...) pour mieux baliser les chemins de l'avenir (...), reconnecter la jeunesse à des pôles d'une restructuration politique émancipatrice et reconstruire en Kabylie une opinion qui soit à la fois réfractaire aux manipulations et aux corruptions du pouvoir.»
A ce facteur de blocage d'ordre politique, s'ajoutent d'autres, une liste de contraintes et de handicaps dressée par le
conférencier : le problème de la langue d'accès à l'information crédible, la pauvreté numérique et intellectuelle du fonds documentaire produit en langue arabe ne permettent pas l'accès à des études critiques et fiables, constatera Saïd Sadi qui se désole du fait que la production intellectuelle, le niveau scolaire et universitaire en Algérie ont périclité. Et de nommer le facteur de cette régression : la politique d'arabisation adoptée par le pouvoir. «L'arabisation a créé une véritable prison intellectuelle qui coupe le jeune de l'accès à la lecture critique», déclare sur un ton catastrophiste l'ex-président du RCD. «Des familles n'hésitent pas à se saigner pour ouvrir des fenêtres de désaliénation à leurs enfants», et «la révolution numérique a ouvert les bouches d'aération mentale à la jeunesse. Internet (malgré ses défauts) a privé les systèmes autoritaires du monopole de la communication», soulignera encore S. Sadi.
Face au déni de l'action militante et citoyenne imposé à la société, et face à tout abus autoritaire du pouvoir, l'ex-acteur et animateur du MCB préconise de «réhabiliter la valeur fondamentale de solidarité quelque peu émoussée par les intrusions lancées ces dernières années par le pouvoir dans le réseau associatif et qui ont parasité les réactions de discernement et le devoir de soutien.» Car, argumente-t-il, «dans le marasme actuel, il y a une forme d'égoïsme qui atomise la culture des reflexes de défense citoyenne (...) Le pouvoir a gagné en Kabylie le jour où il a instillé ce genre de régression morale et de démission civique.» A contrario, l'orateur se félicitera que «des initiatives sont en marche dans des comités de village, des quartiers ou certaines sections universitaires. Celles-ci se donnent pour objectif l'amélioration des cadres de vie, la confection et l'adoption de normes régissant les collectivités pour potentialiser notre économie domestique ou réhabiliter des cérémonies festives qui rétablissent chez le jeune la fierté de son milieu et de son histoire, c'est-à-dire l'estime de soi.»
Intervenant à la suite de Saïd Sadi, Arab Aknine, animateur du MCB et figurant parmi les 24 détenus d'avril 1980, plaidera pour la réhabilitation des principes et des valeurs fondateurs du printemps berbère qui doit être un modèle d'inspiration pour les générations actuelles pour mieux appréhender les difficultés auxquelles nous faisons face aujourd'hui sur les plans politique, linguistique et culturel, selon l'intervenant qui déplore la démobilisation qui caractérise le champ et les acteurs de la revendication. Il a appelé à l'implication des acteurs et des vrais militants de la cause identitaire, d'autant plus, analysera-t-il, que le débat est pollué par la manipulation, le parasitage de ceux qui veulent imposer le fait accompli constitutionnel en avalisant l'idée que le déni identitaire est réparé, dès lors, selon «ces parasites» que la nouvelle Constitution a reconnu le statut de langue officielle à tamazight. «Des opportunistes ont été injectés par le pouvoir pour parasiter le débat sur le choix de la transcription de tamazight, usant de contrevérités scientifiques pour faire imposer le caractère arabe pour la transcription de la langue amazighe», dira A. Aknine qui appelle à la mobilisation de tous les acteurs qui doivent faire fi de leur position politique respective pour faire face aux défis. «Le temps n'est pas à la résignation mais à la mobilisation pour faire face aux manipulations et aux déviations. Il faut reconvoquer les valeurs d'avril 1980 et de les adapter aux défis qu'impose la situation actuelle».
Saïd Doumane, universitaire et ex-détenu d'avril 1980, a mis en garde contre la logique de neutralisation qui est déployée par le pouvoir pour stopper et dévoyer la revendication identitaire. «Après la phase de répression, nous assistons, ces quinze dernières années, à une phase de neutralisation par la manipulation et la corruption», dira l'orateur mettant en garde contre les leurres et les concessions orientées lancés par le pouvoir pour faire semblant de concéder quelques espaces institutionnels à tamazight. Le danger de la manipulation et des fausses solutions a été dénoncé par le Dr Mouloud Lounaouci incarcéré, lui aussi, pour sa participation aux événements d'avril 1980. Il dénoncera les velléités d'écarter les militants de la cause identitaire du débat actuel sur le choix de la transcription de tamazight, sous pretexte que ces derniers (les militants identitaires) manquent d'objectivité et de distance critique.
«C'est difficile de se taire face au matraquage idéologique véhiculé par le discours officiel. Le système d'enseignement construit un imaginaire hostile à l'amazighité de l'Algérie. Tout le système d'enseignement est orienté pour «désamazighiser» la société algérienne», dira M. Lounaouci qui s'attaque à leur contenu ainsi que dans la Constitution au sujet de tamazight, qui ne fait pas partie des irréversibilités constitutionnelles. Toutes les Constitutions élaborées en Algérie consacrent un déséquilibre entre les communautés linguistiques de ce pays qui, tout en leur imposant les mêmes devoirs ne leur accordent pas les mêmes droits sur le plan culturelle et linguistique, selon Mouloud Lounaouci qui se fait un farouche défenseur de la transcription en caractères latins de tamazight.


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