Par Malika Boussouf [email protected] Il est des jours comme ça où je me dis qu'avec tout ce qui s'est passé depuis que l'on s'est mis en tête de la faire craquer, le refus du concours, les fuites au bac, la falsification d'un manuel scolaire, et j'en passe, la misogynie des patriarches algériens n'a presque plus rien à envier à celle qui lapide ailleurs de façon légale. Les néoconservateurs qui octroient, dans une distribution des tâches fantasmée, le pouvoir aux hommes et l'obéissance et la soumission aux femmes, ne chôment jamais et encore moins que jamais quand ils se pensent en danger. La ministre de l'Education, comme un funambule sur un fil de rasoir, fait face, avec toute la force et la conviction qui sont les siennes, à une hostilité sans précédent. Quand on résiste comme elle le fait depuis de longs mois déjà, on inspire le respect le plus profond. Plus elle tient tête, moins elle cède et plus Madame Benghabrit me conforte dans mes convictions. Voilà que je me surprends à rêver qu'une femme qui fait face à autant de rejet et d'agressivité serait idéale à la tête de l'Etat, là où tellement d'hommes ont échoué. Là où ceux qui n'ont pas voulu réussir se sont lancés dans un affrontement sévère. Une espèce de compétition, pas pour se dépasser et devenir plus vertueux, mais pour pulvériser celui qui ne renonce pas à penser sa vie autrement. Celui qui travaille tellement honnêtement, parce qu'il en existe et même beaucoup, qu'il en désespère les partisans du désordre. Pourquoi, dès lors, s'étonner que l'on s'applique plus à regarder ce qui se passe et se fait ailleurs que ce qui se passe et se fait chez soi ? On se laisse aller à observer ces autres exemples comme l'on voulait s'en inspirer pour faire mieux aller la maison Algérie qui en est encore à se battre contre une femme qui fait mieux à la tête d'un département ministériel. Je ne m'étonne pas, personnellement, que ces mauvais prêcheurs qui prétendent nous vouloir du bien ne s'en prennent pas aux responsables de toutes les dérives que connaît le pays. C'est tellement plus courageux et militant de trucider l'engagement d'une femme qui refuse de se laisser gagner à leurs boniments !
