C'est une onde de choc dont le gouvernement k�nyan risque de se remettre difficilement. John Githongo, le "Monsieur anticorruption" du pays, a annonc� le mois pass� sa d�mission depuis Londres, en expliquant qu'il n'�tait "plus en mesure de continuer � servir le gouvernement". Depuis, politiques, diplomates et opinion publique s'�tripent sur les raisons et les cons�quences de son d�part. Malgr� des purges parmi les juges et dans la police, et la r�ouverture d'une enqu�te sur l'affaire Goldenberg, le plus gros scandale financier du pays, les K�nyans ne croient plus aux promesses �lectorales du pr�sident Mwai Kibaki, �lu voil� deux ans avec un programme anticorruption s�duisant. Notamment pour la moiti� des K�nyans, qui vivent avec moins d'un dollar par jour. En 2003, le Kenya continuait de se tra�ner en queue de peloton : 122e sur 133 pays. Mwai Kibaki avait cr�� un poste de "secr�taire permanent � l'�thique" sur mesure pour Githongo, lequel s'est rendu c�l�bre en d�non�ant les crimes financiers du pr�c�dent r�gime, quand il �tait patron de la branche k�nyane de Transparency International, organisation sp�cialis�e dans la lutte anticorruption. La presse locale, pourtant pas exempte elle-m�me de reproches en mati�re de corruption, se d�cha�ne. "C'est un d�sastre personnel pour le Pr�sident, pour le gouvernement et tout le pays", estime le quotidien ind�pendant Standard. Plusieurs ambassades occidentales accusent les autorit�s de participer � un pillage � grande �chelle de leur propre pays et menacent de retirer leur aide financi�re � Nairobi. Les Etats-Unis ont d�j� suspendu, la semaine derni�re, une contribution de quelque 2,5 millions de dollars sur deux ans destin�e � la lutte contre la corruption. L'ambassadeur britannique estime pour sa part que des "sommes colossales" continuent d'�tre d�tourn�es. Selon sir Edward Clay, "l'impunit� est la r�gle pour les responsables politiques qui vomissent non seulement sur les chaussures des donateurs, mais aussi sur les pieds des K�nyans qui n'ont m�me pas de quoi s'acheter des chaussures".