Il �tait question ici la semaine derni�re de l'h�tel "Beau- Rivage" de Beyrouth qui avait �t� d�livr� de la pr�sence, nuisible au commerce, des services syriens. C'�tait juste pour vous dire que le Sommet arabe d'Alger, ce n'�tait pas tout, que la Terre continuait de tourner. Certes, pour une fois encore les Alg�riens ont jou� le jeu. Qu'ils soient de tendance hypertendue ou hypotendue, ils ont support�, au sens de soutenir, jusqu'� la fin les dirigeants en lice. Ils ont poliment maintenu leur regard riv� sur le Club-des-Pins. Fid�les � leurs habitudes, ils ont cependant biais�. Sans trop le montrer, ils ont vu ce qui se passait ailleurs, avec la discr�tion polie qui les caract�rise. Ils n'ont pas encore la nuque tout � fait raide, mes concitoyens. Ils savent bien que le sommet d�cisif est toujours � venir. Les Alg�riens ont donc vu que le reste de l'humanit� bougeait aussi et dans le bon sens. Que de drames se nouaient et se d�nouaient au moment o� un acteur tragicomique rejouait Ubu devant un parterre de chefs d'Etat hilares ou riant jaune. Il n'�tait pas � l'ordre du jour du sommet ni m�me invit� comme site d'accueil, l'autre h�tel "Beau-Rivage", celui de Skikda qui s'est effondr� comme le moral des masses arabes apr�s un sommet. Alors que son homonyme libanais se refait une virginit�, ce v�n�rable �tablissement figurera d�sormais au tableau des natures mortes. L'h�tel "Beau-Rivage" s'est en effet effondr� il y a peu sous la pouss�e conjugu�e des glissements de terrain et des d�rapages de la pr�voyance. "Mektoub", ont d� �piloguer autorit�s et notables locaux. L'�tude des ph�nom�nes g�ologiques est sans doute � verser au chapitre des symboles et signes herm�neutiques. Les glissements de terrain et autres catastrophes naturelles devraient passer sous la tutelle des affaires religieuses et la messe sera dite. Mektoub ! Les fatalistes se souviendront tout de m�me que le "Beau-Rivage" a fini en d�combres la veille d'un sommet. Il aurait pu servir de cadre � l'une des conf�rences magistrales de Kadhafi mais le destin en a d�cid� autrement. Ce qui est �crit dans les registres de d�molition doit s'accomplir avec ou sans les Am�ricains. C'est encore au moment o� les pays arabes, au sommet de leurs turpitudes, se convoquent pour d�cider de se revoir � Khartoum l'an prochain que l'autre fait, assez m�lodramatique celui-l�, s'est produit. Dans le quartier du Grand-Alger o� il habite, un ami que j'ai associ� � mon usine � casser du sucre sur Internet (1) a brutalement �t� priv� de connexion A.D.S.L. Manipul� par un conducteur trop z�l� ou trop durement aiguillonn�, un engin de travaux a malencontreusement rompu le seul c�ble auquel il ne fallait pas toucher. Du coup, les hauts dirigeants r�unis � Alger ont d� enregistrer de nouvelles d�fections dans les rangs du front uni arabe. Pour amadouer mon ami et emp�cher qu'il adh�re, sans r�fl�chir, aux projets de r�forme de Bush (2), les responsables ont r�tabli assez vite la connexion. Il n'emp�che. Le Sommet d'Alger ne laissera pas un souvenir nostalgique chez mon ami, en d�pit des accolades et des congratulations qui servent souvent de paravent aux constats d'�chec. Attention, n'allez pas en conclure que ce sommet du mois de mars 2005 fut un nouvel �chec. Qu'il se soit tenu jusqu'� la fin, et avec la majorit� des rois et chefs d'Etat, c'est d�j� le signe d'un succ�s… pour le pays h�te. Notre pr�sident Bouteflika a tir� les marrons du feu et il faut appr�cier tout l'humour de son passage de t�moin � l'adresse du pr�sident soudanais : "L'an prochain � Khartoum, si nous sommes encore de ce monde." Personnellement, je ne me hasarderais pas � miser sur l'esp�rance de vie (terrestre ou politique) de M. Omar Al-Bachir, compar�e � celle que nous promet le locataire d'El-Mouradia. En revanche, la long�vit� du potentat de Libye, notre voisin, est un vrai casse-t�te. Je me d�sole autant pour nous que pour le peuple libyen. Car, imaginez que Kadhafi se remette en t�te l'id�e de faire son union africaine en s'accouplant avec l'Alg�rie. Ceci s'est d�j� vu et m�me presque r�alis�. Et de voir le FLN, requinqu� version unique, inviter Kadhafi � donner des cours de sciences politiques � ses militants, n'est pas pour rassurer. Quoi qu'il en soit, et de l'avis de tous les observateurs, le leader libyen a �t� la vedette de ce dernier (ce n'est qu'un vœu pieux) Sommet arabe. Il a, p�lem�le, altern� l'utopie et le politiquement correct, le mirage et sa r�alit�, au risque de perp�tuer le malentendu. Il a tout de m�me abord� le sujet que tout le monde a pr�f�r� �luder, celui de cette mini-r�volution du culte d�clench�e par Amina Wadoud. Vendredi 18 mars, cette professeur de th�ologie a conduit la pri�re du vendredi � … New- York. Devant le refus de trois mosqu�es de la ville de l'accueillir, Amina Wadoud a rassembl� ses ouailles, des deux sexes, dans une �glise, obligeamment mise � sa disposition par l'�piscopat. "Le fait que les gens soient venus malgr� les menaces, montre qu'un grand nombre de musulmans sont pr�ts � adopter une vision plus �galitaire de leur foi qui renforce la tol�rance et la compassion", a comment� une des organisatrices de ce coup de pub. La jeune femme a donc bris� un tabou, encourant ainsi la col�re et la fureur des dignitaires musulmans sunnites qui n'ont pas tard� � tonner et � temp�ter (3). Des centaines de musulmans se sont aussi lanc�s dans la bataille, par m�dias interpos�s. Le magazine Elaph a ainsi compuls� les r�actions enregistr�es sur les sites �lectroniques de la BBC et de la cha�ne Al- Arabia. Il en ressort que cinq commentaires seulement sur les soixante-dix publi�s par Al- Arabia appuient l'initiative de la jeune Amina, un chiffre inf�rieur � 8%. Sur la BBC, le total des approbations atteint 17%, ce qui s' explique par le caract�re moins monolithique des auditeurs de la BBC. Quant au contenu des commentaires hostiles, il confine parfois � l'hyst�rie. Certains sont all�s jusqu'� prononcer des sentences de mort contre Amina Wadoud comme s'il s'agissait d'un vulgaire poulet � �gorger, constate la journaliste du magazine. Quant aux insultes et aux impr�cations contre les points de vue favorables � Amina, elles ressortent de la m�me veine. Malheur aux points de vue minoritaires! Toujours est-il que Kadhafi a ramen� ce psychodrame religieux sur le tapis. Lui qui appr�cie les femmes au point de leur confier sa s�curit� physique ne veut pas d'une femme imam. Il ne con�oit pas qu'une femme enceinte ou indispos�e puisse conduire la pri�re. Mais quand on a l'intelligence de proposer aux Palestiniens et aux Isra�liens de fonder un Etat unique, "Isratine", on peut aller plus loin. Il suffirait de mettre en vacances les femmes imams lors de leurs cycles ou lorsqu'elles sont enceintes, pourrait r�torquer Amina Wadoud. A. H. (1) Cela se passe en g�n�ral sur MSN et nous taillons des croupi�res � tous ceux qui passent � port�e de tir ou qui se mettent en position de cibles parfaites. Nous �reintons indiff�remment les amis ou les connaissances victimes du retour d'�ge ou taraud�s par le d�mon du midi. (2) C'est fou ce que la peur des r�formes de Bush peut provoquer comme retournements de vestes chez nos dirigeants. M�me Kadhafi se d�marque et se pr�sente d�sormais comme un penseur mal � l'aise au milieu d'un ar�opage de leaders politiques. Bien s�r, il continue de critiquer les Am�ricains, sans oser les traiter de stupides. Mais il propose d�sormais une �volution moins explosive vers sa "Jamahiria". (3) On sait que l'Iran chiite autorise les femmes � conduire les pri�res rassemblant d'autres femmes.