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L'industrie minière en Algérie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 07 - 2017

La recherche de produits miniers en Algérie s'est manifestée depuis la préhistoire. Il s'agissait alors de rechercher des roches suffisamment dures mais qui se travaillent facilement pour fabriquer des outils de chasse ou de défense contre les prédateurs. Il s'agit des flèches ou de lances à pointe de silex ou de couteaux de quartz ou d'obsidienne.
A l'âge du bronze, nos ancêtres ont cherché et découvert du minerai de cuivre et d'étain pour fabriquer leurs outils de chasse, de défense et de culture. Puis ils apprirent à trouver et travailler le fer.
A l'époque de l'occupation romaine, les Romains exploitèrent le marbre et les indices de cuivre qu'ils ont découverts dans le nord de notre pays.
Les Arabes apportèrent la technique de l'acier trempé et exploitèrent des gisements de fer du nord de l'Algérie.
Au début de la colonisation française, plusieurs permis d'exploration et d'exploitation de matières premières furent octroyés à des entreprises françaises pour la valorisation des ressources minières du nord algérien.
Ce fut le cas de l'exploitation du cuivre, du plomb-zinc, du fer et des phosphates. Par la suite, certaines grosses entreprises françaises et étrangères s'installèrent en Algérie et exploitèrent des gisements de fer (Béni-Saf, Ouenza), de plomb-zinc (El-Abed), de cuivre (Aïn-Barbar), etc.
Après l'indépendance de notre pays, notre gouvernement nationalisa les ressources minières du pays en 1966 et créa la Sonarem pour rechercher, exploiter et valoriser ces ressources. Le pays, ne disposant pas suffisamment de cadres pour gérer ces activités, fit appel à la coopération étrangère, notamment aux pays de l'Est et en particulier aux Soviétiques. Le ministère de l'Industrie d'alors envoya des centaines d'étudiants algériens se former dans les différents établissements des sciences de la terre afin de prendre la relève des coopérants techniques lors de leur retour au pays.
Pour démontrer l'importance de cette action, le ministre de l'Industrie d'alors, M. Abdesselam Belaïd, accompagna lui-même le premier groupe d'étudiants (80) jusqu'à l'aéroport d'Alger et les exhorta à bien étudier, obtenir leurs diplômes d'ingénieurs ou de techniciens et revenir travailler dans leur pays.
La Sonarem, avec l'aide des coopérants, remit en marche les gisements qui étaient exploités par les entreprises étrangères et lança la recherche systématique des ressources minières sur tout le territoire de l'Algérie. Il s'agissait de faire l'inventaire et de créer un cadastre des points, indices et gisements existant dans le sous-sol algérien. Pour cela des équipes de prospection, d'exploration et de géophysique furent constituées et entreprirent ce gigantesque travail de mise en évidence de nos ressources minières afin de les exploiter d'une manière rationnelles et éviter la dilapidation de ces ressources non renouvelables.
Durant cette époque, plusieurs gisements furent découverts : or, uranium, wolfram, étain, mercure, fer... Le retour des premiers ingénieurs algériens formés à l'étranger
permit de créer les premières équipes de recherche systématique, totalement algériennes. Notre pays commença à s'affranchir petit à petit de la tutelle étrangère dans le domaine minier.
Des laboratoires régionaux et un laboratoire central furent créés, ce qui permit de réaliser la plupart des analyses minéralogiques, pétrographiques et géochimiques en Algérie. Un centre de formation de prospecteurs, techniciens, foreurs, topographes, etc., fut créé à Aïn Taya. Ces techniciens jouèrent un grand rôle dans le démarrage de la recherche systématique en occupant les postes de chefs de base. Le rôle de chefs techniques était exercé par un coopérant étranger.
Pour optimiser la recherche minière appliquée, un levé aéro-géophysique fut réalisé à l'échelle 1 : 200 000 sur tout le territoire national. Grâce à cet outil des gisements d'uranium furent découverts par les équipes autoportées des coopérants roumains.
À l'époque du néolibéralisme sauvage, la Sonarem fut «restructurée» en plusieurs entreprises publiques. Cette restructuration augmenta le nombre de personnel de soutien (directeurs, secrétaires, etc.) et dispersa les moyens de production. Elle dilua la prise de décisions, ce qui créa d'énormes difficultés pour réaliser les travaux.
A titre d'exemple, pour réaliser des travaux techniques, aucune de ces nouvelles entreprises ne pouvait le faire par ses propres moyens matériels ou humains. La réduction de la taille de ces entreprises ne permettait plus de négocier en position de force avec les entreprises étrangères.
Le plus grave c'est la déperdition des spécialistes algériens du domaine minier et l'augmentation de la bureaucratie.
La nouvelle loi minière qui fut promulguée du temps du ministre Chakib Khelil qui devait attirait les investisseurs étrangers à venir faire la prospection, l'exploration et l'exploitation minière en Algérie ne permit que de dilapider nos ressources minières. En effet, les entreprises étrangères ne s'intéressèrent qu'aux gisements ou indices déjà découverts grâce aux investissements colossaux consentis par l'Etat algérien. C'est ainsi que des gisements d'or (Tirek, Mesmessa, Tirririne, Tin Zakri), de wolfram-étain (Tin Amzi, Nahda, Bachir) furent cédés à des entreprises étrangères (chinoises, luxembourgeoises, libanaises, australiennes, etc.) pour une bouchée de pain (200 à 300 000 $). Aucune de ces entreprises ne lança l'exploitation des gisements octroyés, à l'exception de l'australienne qui écréma le gisement Amesmessa et partie sans liquider la pollution au cyanure qu'elle a engendrée lors de la lixiviation en tas. La décennie noire qui ne permettait plus aux étudiants en sciences de la terre d'effectuer des stages pratiques sur le terrain et la décision intempestive du ministre sus-cité qui obligea les cadres ayant une certaine expertise dans le domaine minier à prendre leur retraite, au lieu de les utiliser pour des tâches appropriées à leur savoir-faire, ont fait que notre pays est obligé maintenant de faire appel de nouveau aux coopérants étrangers.
Devant ce gâchis, le gouvernement décida de créer l'entreprise Manal Spa qui, en quelque sorte, essaye de centraliser la décision pour le lancement des grands projets miniers ; cependant, les difficultés persistent à cause de la multiplication des filiales, chacune ayant son propre PDG, son personnel pléthorique et l'absence cruelle de spécialistes algériens expérimentés.
A notre avis, le gouvernement devrait clairement définir une politique minière pour qu'elle puisse être réalisée efficacement sur le terrain : soit il opte pour un capitalisme basé sur le principe du premier arrivé, premier servi, soit pour la mise en valeur de nos ressources naturelles par nos propres moyens.
1. L'option capitaliste :
La recherche minière exige de gros investissements — risques pour découvrir des gisements, pour cela l'investisseur a besoin d'être libre de choisir le périmètre où il veut réaliser ses travaux. Il dispose de ses propres spécialistes pour faire ce choix. Ces spécialistes doivent avoir accès à toutes les données géologiques et géophysiques qui existent au niveau des centres de documentation existant au niveau national.
Ce ne sont pas les fonctionnaires du ministère des Mines et de l'Industrie qui délimitent un périmètre de recherche et puis le mettent en avis d'appel d'offres parce qu'ils n'apportent ni le capital risque ni le savoir-faire. Leur rôle c'est d'appliquer la réglementation et faciliter la tâche aux entrepreneurs pour obtenir les autorisations nécessaires pour lancer les travaux.
Il existe de nombreux indices miniers qui ne seront pas rentables s'ils sont exploités par une grande entreprise publique ou privée. Certains de ces indices peuvent faire l'objet d'une exploitation artisanale. Il serait judicieux de permettre à des nationaux possédant le savoir-faire de les exploiter et de payer une redevance à l'Etat.
Il faudrait permettre à des prospecteurs algériens de faire des recherches de gisements ou de pierres précieuses et semi-précieuses sur des périmètres de recherche dans les régions du sud du pays (Hoggar, Eglabes). Ces périmètres devront être octroyés pour une somme symbolique et une durée de deux ans renouvelables. En cas de découverte de sites intéressants, ceux-ci pourront être vendus à des entreprises possédant les moyens de faire de l'exploration puis leur mise en valeur. L'infrastructure géologique et géophysique (cartes, levés aériens ou autoportés, levé géochimique, etc.) devront être réalisés par l'Etat (universités, instituts, ORGM) et mis à la disposition des entreprises publiques et privées.
2. L'option publique :
Le rôle de l'entreprise publique est de créer la richesse. Sont rôle n'est pas social, ce dernier devra être endossé par l'Etat.
Si le gouvernement choisit de réaliser, à travers les entreprises publiques, le programme de développement minier national,
il devra :
- déterminer quelles sont les matières premières à rechercher en premier lieu, et ce, en fonction de l'industrie nationale, pour l'exportation ou pour la sécurité nationales métaux rares, radioactifs, terres rares) ;
- renforcer Manal Spa par un groupe d'experts de haut niveau pour faire les analyses et synthèses des données existantes et proposer des fiches de projets à réaliser ;
- transformer les filiales de Manal en directions centrales afin d'optimiser l'utilisation des moyens humains et matériels de production existants et diminuer le personnel improductif dont les salaires grèvent le budget qui est alloué à la production.
Les postes de chef de service doivent être supprimés et remplacés par des chefs de projet. Chaque projet devra être doté de sa propre comptabilité ;
- permettre aux prospecteurs algériens et aux petites entreprises nationales de faire des travaux de recherche et d'exploitation artisanale des indices miniers pour l'or, le diamant, la baryte, les pierres précieuses et semi-précieuses. Leurs productions seront vendues à un comptoir de l'Etat au prix du marché ;
- valoriser les salaires des ingénieurs et techniciens pour les garder au sein de l'entreprise.
Les salaires seront différents d'un ingénieur à l'autre, en fonction de la compétence effective des spécialistes exerçant sur le terrain. En aucun cas les salaires ne devront être inférieurs à ceux des entreprises privées.
- Les managers seront libres de prendre les décisions engageant leurs entreprises sans passer auparavant par les fonctionnaires du ministère.
Ils seront jugés en fonction des résultats de l'entreprise au vu du bilan annuel consolidé par un bureau comptable indépendant. Ils doivent signer des contrats renouvelables pour une durée déterminée à l'avance par le conseil d'administration de leur entreprise.
Leur recrutement se fera après étude des CV des candidats par une commission compétente créée au niveau du ministère, et ce, pour éviter tout «piston» d'où qu'il vienne et ainsi assurer le choix du plus compétent pour occuper le poste de manager. Le salaire de ce dernier doit être comparable à celui des managers des entreprises privées.
- La règle de 51/49 devra être abolie parce qu'elle peut être facilement contournée et ne sert qu'à dissuader tout candidat possible pour collaborer avec l'entreprise publique. Elle devra être remplacée par un accord préalable du projet de partenariat par la tutelle représentée par une commission interministérielle instituée à cet effet.
Le partenariat pourra dépasser les 49% si l'entreprise apporte un savoir-faire avéré et des capitaux substantiels à la réalisation du projet et en fonction de l'objet du projet et de sa situation géographique.
L'entreprise étrangère ne peut en aucun cas faire un partenariat pour la recherche ou l'exploitation d'un gisement d'une matière stratégique pour notre sécurité nationale minerais radioactifs, béryllium, niobium, tantale, terres rares).
La clarification de notre politique minière pourra permettre le développement du secteur minier pour qu'il devienne producteur de richesse et d'emplois et ainsi participer au développement économique du pays pour affronter l'après-pétrole.
A. S.
* Maître de recherche en géologie. Consultant international en industrie minière.
N.B. : Cette contribution est dédiée aux géologues et géophysiciens algériens qui ont sillonné les montagnes et le désert, logé sous les tentes et à la belle étoile et abandonné leurs familles pendant de longs mois d'absence pour le développement de notre grand et beau pays. En particulier aux regrettés Dr Lakhdar Boukhalfa et Mohamed Bendali.


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