Avec sa derni�re trouvaille, la Grande- Bretagne confirme plus que jamais le jugement de celui qui l'a surnomm�e la "Perfide Albion". Oui, perfidie que d'agir comme elle l'a fait en d�cidant brusquement de renvoyer chez eux les leaders islamistes meurtriers. Expulser les th�oriciens du terrorisme islamiste vers leurs pays d'origine est un acte de pure perfidie. Comment qualifier autrement le fait de laisser partir en cong�s pay�s" un dangereux terroriste comme Omar Al-Bakri pour lui fermer la porte au nez lorsqu'il veut revenir at home? Durant des ann�es, Londres a accueilli, dorlot�, engraiss� la lie du monde musulman, la meute enrag�e d'un wahhabisme d�froqu�. Pendant deux d�cennies, au moins, les Britanniques se sont proclam�s champions de l'asile politique. Au nom de la libert�, ils ont offert un sanctuaire aux porte-drapeaux les plus liberticides de l'islam politique. Hier, ils invoquaient des consid�rations humanitaires, voire la protection des droits de l'homme. Au nom de ces principes qui disent tout et rien, ils ont laiss� grandir et prosp�rer l'hydre terroriste. Fid�le � sa culture insulaire, le Royaume-Uni regardait ses "pensionn�s" envoyer leurs messages de mort et leurs sicaires aux quatre coins du monde. Aujourd'hui, le pays qui a donn� le "Londonistan" en patrie au terrorisme se rebiffe. Il veut nous renvoyer nos terroristes comme autant de colis pi�g�s. Curieusement, le pays qui faisait la sourde oreille aux incessantes demandes d'extradition op�re une volte-face. Bien plus, le gouvernement de Tony Blair fait de grands efforts pour susciter des vocations. On va jusqu'� solliciter des pays class�s terroristes comme la Syrie pour qu'ils r�clament un ou deux terroristes. L'Alg�rie qui a toujours trouv� porte close au bureau des extraditions se verrait proposer une dizaine de ses ressortissants. Londres fait fl�ches de tous bois. Terre d'asile cherche patrie de rechange. Au lieu des pays d'origine des terroristes et assimil�s, on se contenterait d'autres candidats. On pourrait m�me explorer les pistes d'Etats d�potoirs comme pour les d�chets nucl�aires. En attendant, ce sont les pays arabes qui sont concern�s au premier chef. Londres a jet�, non pas une pierre mais un rocher de Sisyphe dans le jardin arabe. Voil� encore un lourd fardeau � hisser en plus du quadrup�de raide mort qu'il faut pousser depuis des lustres. Je pense qu'en dehors de la Syrie qui a toujours une id�e derri�re la t�te, il n'y a pas un seul pays arabe qui serait heureux d'accueillir un des dix "ind�sirables" plus dix. M�me le Liban o� on abat des premiers ministres comme au tir au pigeon se drape dans la l�galit�. Homard Bakri n'a pas enfreint les lois du pays, il est donc libre d'y s�journer jusqu'� plus ample inform�. Bakri figure parmi la dizaine du premier rang et il est condamn� � mort en Egypte o� la peine capitale est souvent ex�cutoire. Or l'ex�cution d'une sentence de mort, m�me en vertu d'un jugement en bonne et due forme serait mal vue et porterait un coup � la r�putation de la Grande- Bretagne. La Jordanie aurait fait des approches pour Abou Qatada mais rien ne dit qu'une fois l�-bas, il ne risque pas d'�tre graci� et de reprendre du service. Le pire qui puisse arriver � l'ancien aum�nier des GIA, ce serait de faire de l'ombre � Zarqaoui. Voil�, en tout cas, de bonnes et s�rieuses raisons de r�unir un sommet arabe extraordinaire. Il pourrait d�noncer cette nouvelle forme d'exportation du terrorisme par l'Angleterre. Dans la foul�e, il demanderait � la France de garder ses imams virulents et de ne pas les renvoyer dans un pays en sureffectif comme l'Alg�rie. J'esp�re d'ailleurs que la conf�rence absolutoire des cadres aura approfondi la r�flexion � ce sujet. Faute de quoi, tous les ind�sirables du "Londonistan" r�clameront leur expulsion vers l'Alg�rie, attir�s par la perspective du pardon et d'un commerce rue de la Lyre. Quoi qu'il en soit, cette affaire des ind�sirables r�v�le encore de bien �tranges accointances au niveau des m�dias arabes. Accroch�e � son enseigne de T�l� Taliban, Al Jazira n'en finit pas de discourir sur les atteintes aux libert�s que pr�pare la Grande-Bretagne. J'ai �t� sid�r� de d�couvrir en si peu de jours autant de d�fenseurs arabes des droits de l'homme. M�me l'animateur fou furieux et postillonnant de la cha�ne qatarie s'est pris au jeu. Londres n'est plus le havre des opposants, c'est leur calvaire. Tout �a pour une dizaine d'extr�mistes en voie d'expulsion. Face � Al Jazira, la saoudienne Al Arabia cr��e pour contrer la cha�ne qatarie utilise les m�mes m�thodes et les m�mes artifices. La semaine derni�re, elle nous a m�me gratifi�s d'un sujet, � la limite neutre, sur la ma�trise des nouvelles technologies par Al Qa�da. Chassez le naturel. C'est le moment que choisit l'�crivain honni, Salman Rushdie, pour se manifester � nouveau. L'�crivain britannique d'origine indienne a appel� mercredi 10 ao�t dans une libre opinion � une r�forme de l'islam. Ce texte publi� dans plusieurs journaux, dont le quotidien des Emirats Al-Itihad, n'a pas encore suscit�, jusqu'� hier, de remous particuliers. L'auteur vilipend� des Versets sataniques note d'entr�e que le pr�sident du Conseil islamique de Grande-Bretagne, Iqbal Sakrani, a reconnu la responsabilit� des musulmans dans les attentats du 7 juillet. "C'est la premi�re fois, dit-il, qu'un musulman britannique admet la responsabilit� de la communaut� musulmane dans les scandales provoqu�s par ses membres. D'habitude, c'est plut�t la politique �trang�re des Etats-Unis ou "l'islamo phobie" qui sont mises en cause." "Malgr� tout, ajoute Salman Rushdie, c'est ce m�me Sir Iqbal Sakrani qui proclamait en 1989 que la mort �tait le ch�timent minimum encouru par l'auteur des Versets sataniques. La d�cision de Blair de lui d�cerner le titre de "Sir" et de le consid�rer comme un repr�sentant de l'islam mod�r� peut s'expliquer de deux mani�res : ou bien par la forte volont� du gouvernement britannique de se concilier le courant religieux. Ou bien, le gouvernement se trouve confront� � des choix limit�s." Le cas de Sir Sakrani illustre, aux yeux de Salman Rushdie, la faiblesse de la strat�gie de Blair qui s'appuie sur les musulmans traditionalistes et fondamentalistes pour �radiquer le radicalisme. "L'islam traditionnel, il est vrai, est un large �ventail qui comprend des millions de musulmans tol�rants et civilis�s. Mais il s�cr�te, � c�t�, de nombreuses franges qui professent des opinions et des id�es d�pass�es concernant la femme. Ces gens-l� n'ont pas le temps de r�fl�chir � des questions comme la libert� d'expression. Ils expriment de fa�on routini�re des positions antis�mites et suivent des id�es et des voies qui les mettent en contradiction avec les soci�t�s occidentales qui les accueillent". "Ce dont nous avons besoin, ajoute l'�crivain, c'est de d�passer les solutions traditionnelles et d'op�rer une r�forme compl�te. Une r�forme qui tendrait � asseoir des concepts repr�sentatifs d'un islam du XXIe si�cle. Son objectif ne serait pas seulement de combattre les th�oriciens du "djihad" mais de lutter contre les chapelles islamiques traditionnelles, surann�es et �touffantes. Il s'agirait d'ouvrir les fen�tres pour laisser entrer cet air frais et vivifiant que nous attendons depuis trop longtemps". Il y a �videmment peu de chances que l'appel de l'�crivain le plus ha� au monde soit entendu l� o� des r�formateurs plus acceptables ont �chou�.