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A FONDS PERDUS
Le march� : un grand terrain de jeu Par Ammar Belhimer [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 10 - 2005

L'Am�ricain Thomas Schelling et l'Isra�lo-Am�ricain Robert Aumann ont re�u, lundi dernier, le prix Nobel d'�conomie 2005 pour leur th�orie de �d�cision interactive�, une am�lioration et une extension de la �th�orie des jeux�, selon le communiqu� de l'Acad�mie royale su�doise des sciences qui souligne par ailleurs le m�rite qu'ils ont �� expliquer les conflits �conomiques tels que les guerres des prix et les guerres commerciales, ainsi que les raisons pour lesquelles certaines communaut�s ont plus de succ�s que d'autres dans la gestion de leurs ressources communes� et, autres m�rites non moins n�gligeables, de contribuer � transformer les sciences sociales �bien au-del� des fronti�res de l'�conomie� et de �modeler le d�bat sur la formation des institutions sociales�.
Les deux chercheurs �m�rites partagent la profonde conviction commune qu'une finalit� essentielle des sciences sociales est de comprendre pourquoi et comment les interactions dans les groupes humains, les organisations ou entre les pays peuvent conduire aussi bien � des strat�gies conflictuelles qu'� des comportements coop�ratifs. Et c'est �pour avoir am�lior� notre compr�hension du conflit et de la coop�ration� que le prix Nobel d'�conomie de 2005 leur a �t� attribu� en commun. Jusque-l� seuls les �rudits saisissent le langage �sot�rique de l'�minente institution nordique. Comme les autres prix (paix, litt�rature, m�decine, chimie, physique), le Nobel de l'�conomie est dot� de 10 millions de couronnes su�doises (1,1 million d'euros), mais c'est surtout la notori�t� qu'il suscite depuis1901 qui fait tout son int�r�t. Cette ann�e, le choix du jury ob�it surtout � un premier souci : celui de r�parer une injustice. En effet, l'attribution du prix Nobel d'�conomie, en 1994, � trois �minents repr�sentants de la th�orie des jeux (John Nash, le brillant p�re fondateur des jeux non coop�ratifs et sa c�l�bre solution d'�quilibre ; John Harsanyi et Reinhard Selten qui, chacun de leur c�t� ou ensemble, approfondirent ce programme de recherche) avait laiss� perplexe la communaut� �conomique scientifique et l'avait plong�e dans une incompr�hension difficilement contenue en omettant d'associer les noms de Robert Aumann et Thomas Schelling, tant leurs travaux sont �galement fondateurs en la mati�re. La th�orie des jeux est une �manation de la th�orie des probabilit�s. Elle repr�sente l'application des math�matiques � la description et � la r�solution des probl�mes li�s aussi bien aux jeux (comme les �checs ou le poker) qu'aux guerres, ou � l'�conomie. Thomas Schelling, qui a aujourd'hui 84 ans, a fait l'essentiel de sa carri�re � l'universit� de Harvard. Il n'en est pas � ses d�buts avec la th�orie des jeux. Comme le rappelle le communiqu� de l'institution Nobel, il l'a d�j� abondamment utilis�e au cours de la guerre froide Est-Ouest pour proposer une lecture pertinente des situations conflictuelles relatives � la s�curit� mondiale et la course aux armements. Ses travaux sont eux-m�mes le prolongement de recherches datant de la fin des ann�es 1940. Il est g�n�ralement admis que c'est John Von Neumann qui est le p�re de la th�orie des jeux, en d�montrant en 1928 le th�or�me le plus important dans ce domaine (le th�or�me du minimax), et en �crivant en 1944 avec O. Morgenstern l'ouvrage r�f�rence sur le sujet, �La th�orie des jeux et le comportement �conomique�. L'objet est d'expliquer les choix rationnels des individus en situation d'interd�pendance. L'�uvre de Schelling se situe d'ailleurs, chronologiquement, dans leur prolongement. Thomas Schelling est surtout connu pour son �uvre Strat�gie du conflit, qui date d�j� (il a paru en 1960 et n'a �t� traduit vers le fran�ais qu'en 1986), suivie de deux autres ouvrages de 1961 et 1966. Il y d�veloppe la th�se que disposer d'une force nucl�aire est une forme de coop�ration, certes imparfaite, mais qui se comprend parfaitement dans une logique de dissuasion. Faute de confiance mutuelle assurant l'�conomie des co�ts de l'arme nucl�aire, celle-ci appara�t alors comme une menace cr�dible. Plus �strat�giste� qu'�conomiste, Schelling a utilis� la th�orie des jeux avec l'esprit de finesse, en l'appliquant � un grand nombre de probl�mes politiques, �conomiques et sociaux, sans trop se soucier des d�coupages de cette discipline. Donc, pas de math�matiques dans les travaux de Schelling, mais une s�rie d'�clairages perspicaces, et parfois d�routants, sur les d�cisions des individus, leurs comportements et leurs cons�quences dans des situations concr�tes de n�gociations, de conflits et d'attentes mutuelles. D'est dans le m�me ordre d'id�es que Robert Aumann, 75 ans, a utilis� l'analyse math�matique pour souligner les diff�rentes options dont pouvait disposer un pays contre un ennemi pendant les p�riodes de conflit qu'il semble tenir en horreur. A premi�re vue, tout semble alors s�parer les deux derniers tenants du Nobel, m�me si tous les deux ont consacr� leur vie enti�re � mod�liser les interactions des d�cisions des acteurs �conomiques qui, comme dans une partie d'�checs, �laborent leur strat�gie en int�grant le comportement et les choix des autres joueurs. Aumann est un solide math�maticien, f�ru de th�orie, qui a contribu� de mani�re souvent d�cisive � l'avancement de presque toutes les branches, aujourd'hui innombrables, de la th�orie des jeux. Auteur de ce qu'il pr�f�re appeler la �th�orie des d�cisions interactives�, il �tablit que toute d�cision individuelle a sur la soci�t� un effet collectif positif qu'il mod�lise dans un syst�me de relations math�matiques complexes et �labor�es. Le �savoir commun�, la connaissance commune, que cela g�n�re pour tous est, � ses yeux, �vident. Ainsi, en est-il des n�gociateurs qui, pour peu que les r�gles du jeu restent les m�mes, acqui�rent r�ciproquement du savoir-faire chaque fois qu'ils se rencontrent, parce qu'ils capitalisent leurs exp�riences suivantes et fluidifient leurs comportements. La th�orie des jeux trouve application dans toutes les disciplines. La th�orie des jeux est tr�s proche de l'�conomie en ce sens qu'elle cherche les strat�gies rationnelles des agents sur un march� dans des situations o� les gains d'un acteur d�pendent non seulement de son comportement et des conditions de ce march�, mais aussi de celui des autres intervenants, lesquels peuvent poursuivre des objectifs diff�rents ou contradictoires. Les mod�les th�oriques sont presque toujours b�tis � partir de jeux � deux joueurs et ce sont les jeux � somme nulle qui ont fourni les mod�les math�matiques les plus complets. La th�orie des jeux est utilis�e d�s qu'il y a une situation dans laquelle plusieurs personnes � les joueurs � ont � prendre une d�cision et qu'il existe plusieurs centres d'int�r�t et plusieurs centres de d�cision. Cette th�orie est connue dans l'�tude de probl�mes �conomiques, politiques, diplomatiques ou militaires. Les jeux sont des mod�les abstraits qui repr�sentent des situations formalis�es... dans lesquelles des joueurs sont amen�s � prendre des d�cisions rationnelles pour maximiser leurs gains... en adoptant une strat�gie qui d�pend entre autres de ce qu'ils peuvent conna�tre des strat�gies des autres joueurs. Le degr� d'aversion pour le risque est � prendre en compte pour l'�tude du comportement de ces agents. En effet, l'agent particuli�rement risquophobe peut suivre les d�cisions de son concurrent parce que son irrationalit� peut, jusqu'� un certain point, �tre prise en compte dans un calcul strat�gique rationnel. A l'inverse, un joueur pr�t � prendre des risques peut devenir un leader du fait que les autres entrepreneurs seront plus passifs. On lui trouve aussi des applications de la th�orie des jeux en sciences politiques ou en strat�gie militaire. De m�me que ses r�sultats peuvent �tre appliqu�s � des divertissements (comme les jeux t�l�vis�s) ou � des consid�rations plus poignantes : la crise des missiles de Cuba ; la fa�on de g�rer un coup de surprise politique (Nasser � Suez, Eltsine lors du putsch) ou marketing ; la lutte contre le terrorisme, etc. En politique, aussi, les processus de vote, le pouvoir, la diplomatie, les marchandages, les n�gociations et donc les formations de coalition entre les groupes politiques peuvent �tre expliqu�s gr�ce � cette th�orie. A ce titre, la th�orie des jeux peut �tre sch�matiquement r�sum�e comme est une construction sp�culative, de caract�re strat�gique, o� chacun cherche � anticiper ce que l'autre envisage d'entreprendre. De son c�t�, l'autre proc�de de la m�me mani�re. Cette observation conduit naturellement � s'interroger sur ce que l'autre peut croire de ce que vous pensez qu'il fera, et ce raisonnement peut se d�velopper jusqu'� l'infini. Ainsi con�ue, une situation de jeu n'est rien d'autre qu'un �cheveau d'anticipations r�ciproques et mutuelles qu'il revient � la th�orie de d�m�ler. Le r�le de la th�orie est alors de refl�ter le comportement des personnes dans diverses circonstances et d'identifier les compromis d�coulant de la modification de ces circonstances. Voici donc une th�orie qui s'applique � divers domaines, � plusieurs sciences : biologie de l'�volution, sciences �conomiques, strat�gie militaire, etc., mais qu'il para�t malais� de consid�rer comme une science � part enti�re, une science positive, fournissant des pr�dictions pr�cises. Cette repr�sentation des jeux sociaux entra�ne trois cons�quences majeures pour l'�conomie, mises en �vidence sur le mode intuitif par Schelling et analys�es de mani�re formelle par Aumann. Les interactions entre les agents sont d'abord mentales avant d'�tre mat�rielles, ce qui � autre connexion � rapproche l'�conomie de la psychologie. Les d�cisions prises par les agents dans une telle configuration se fondent sur leurs croyances entendues au sens de ce qu'ils pensent �tre vrai. C'est pourquoi la cr�dibilit� des informations re�ues ou �mises en direction des autres agents compte davantage que leur quantit� et cette cr�dibilit� est sans cesse soumise � r�vision. Enfin, la recherche de solutions � ces situations conduit parfois � de curieux paradoxes. Ainsi, une parfaite transparence, correspondant � une connaissance commune entre les agents, peut constituer un obstacle � leur coordination et bloquer, par cons�quent, le processus de d�cision. C'est le cas notamment lorsqu'il existe plusieurs solutions �galement rationnelles. Dans le contexte alg�rien, les ph�nom�nes de lutte-coop�ration autour du pouvoir ou dans la sph�re �conomique, les situations de communautarisme �conomique et social, et d'autres particularit�s locales offrent un terrain de pr�dilection � une th�orie dont le maniement permet de d�m�ler bien des �cheveaux.
A. B.
P. S. : La distinction de cette ann�e aura fait au moins un heureux dans les sph�res dirigeantes de l'�conomie alg�rienne : M. Ahmed Souam�s, le pr�sident du Directoire du SGP Presse et Communication, fonci�rement allergique � la litt�rature politique en �conomie.


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