A la veille de No�l et trente ans apr�s sa mort, Jacques Brel provoque encore la Belgique. Cet anticl�rical av�r� se fait �lire �le plus grand Belge de tous les temps�. La Flandre si pieuse et si catholique a bien voulu le rel�guer, non point en enfer, mais � des loges honorifiques plut�t qu�� la premi�re place, l�auteur du Plat Pays est pass� � travers les mailles du filet. Jacques Brel est bel et bien �le roi des Belges�. Le p�re Damien et l�abb� Daeus, en hommes de foi, sauront pardonner cette �faute�. Les t�l�spectateurs de la RTBF (Radio et t�l�vision publiques francophones) ont �lu Jacques Brel �plus grand Belge� de tous les temps. N� en 1929, po�te, chanteur, chansonnier, musicien, il m�rite assur�ment cet hommage. Trente ans apr�s sa mort, Jacques Brel n�a pas �t� oubli� pas une grande partie de la Belgique. Les Wallons (francophones, sud du pays) le placent avant le roi Baudouin � ce qui est, tout de m�me, remarquable � vu le respect et la consid�ration dont jouit le cinqui�me roi des Belges, mort en 1993. Le p�re Damien, qui a offert son existence aux pauvres et aux d�sh�rit�s de la Terre, est le troisi�me personnage � monter sur le podium. Les t�l�spectateurs flamands ont, pour ce qui les concerne, install� le p�re Damien en t�te et classent Jacques Brel en septi�me position. Les n�erlandophones, m�me s�ils aiment bien l�auteur de Quand on a que l�amour ou Nous �tions deux amis,ne lui pardonnent, tout de m�me pas, ses attaques vitriol�es contre eux. Et, notamment, les �flamingants�. Chez les francophones, Eddy Merckz (cinq fois vainqueur du Tour de France) est quatri�me, s�ur Emmanuelle cinqui�me, le peintre Magritte neuvi�me alors que Simenon est dixi�me. Les Flamands, eux, ont vot� �catholique�. Les trois premi�res loges ont �t� r�serv�es � deux fervents chr�tiens (le p�re Damien et l�abb� Daeus) et � Baudouin, premier, sans doute, parce que ce roi, estim� et estimable, s��tait mis, en cong� d�un jour, pour ne pas cautionner la loi sur l�avortement. Pour le pl�biscite du �plus grand Belge de tous les temps�, la cassure traditionnelle entre le Nord (flamand) et le Sud (francophone), est, encore une fois, apparue. La Wallonie, la�que, royaliste, plus pour sauver sa peau que par conviction, est frivole, un brin d�vergond�e alors que la Flandre fait dans la rigueur, et ne badine pas avec le catholicisme. Chez les Flamands, on peut, certes, d�placer les montagnes mais avec la... foi ! Toujours est-il que l�un dans l�autre, c�est un anticl�rical av�r� et efficace qui, trente ann�es apr�s son d�part, nargue, encore une fois, l�Eglise en se faisant nommer �roi des Belges�.