La complexité du système politique belge a souvent accouché de pouvoirs bigarrés. Bien malin celui qui peut prédire la coalition politique qui dirigera la Belgique pour les quatre années à venir. C'est que la complexité du système politique belge accouche souvent de pouvoirs bigarrés, qui donnent le tournis aux meilleurs constitutionnalistes. Gouverné, au niveau fédéral, depuis huit ans par une alliance entre libéraux et socialistes, le pays n'a pas, à l'issue des élections législatives de dimanche, changé de nature. En effet, si les libéraux flamands (VLD), du Premier ministre sortant, Guy Verhofstadt, ont été relégués en troisième position en Flandre avec près de 20% des votes, leur sosie francophone, en Wallonie (MR), a gagné des points et dispute désormais le leadership au traditionnel parti socialiste et le dépasse même dans la région de Bruxelles (capitale). Le parti vainqueur en Flandre (CD&V), celui du social démocrate Yves Leterme, avec plus de 30% des suffrages, ne peut éviter de gouverner la Belgique sans les libéraux et sociaux chrétiens (CDH) francophones. Ces derniers (CDH) ont progressé, pour garder la troisième place en Wallonie et à Bruxelles. Quant aux écologistes, ils marquent leur retour dans le champ politique, avec plus de 10% des suffrages. Enfin, l'extrême droite recule en Wallonie et Bruxelles, avec moins de 4% de suffrages. La seule exception, comme toujours, demeure la ville flamande d'Anvers, où le parti extrémiste, le Vlaams Bellang (Front national), atteint presque 20%. Le problème de fond que devra affronter, vraisemblablement, le leader du parti social chrétien flamand, le CD&V, de M.Yves Leterme, est celui de convaincre, quel que soit le partenaire francophone qu'il choisira pour partager le pouvoir, d'une réforme des institutions du pays. Les Flamands souhaitent plus d'autonomie pour leur région. Plus précisément, ne plus supporter les déficits publics de la région wallonne. La Flandre, riche pour le moment, ne veut plus être solidaire des autres Belges que sont les francophones. Or, et c'est là tout le problème, l'ensemble des partis politiques francophones se sont engagés, officiellement, à ne pas remettre en cause les grands secteurs de solidarité nationale. Ils opposent un niet ferme, aux Flamands pour une quelconque remise en cause institutionnelle. Ce n'est pas rien, lorsque l'on sait que M.Yves Leterme a basé sa campagne électorale sur l'idée de réformer pour plus d'indépendance flamande. Sur cette question capitale pour la stabilité de la Belgique, le Premier ministre sortant, Guy Verhofstadt a été plus honnête en défendant, à contre-courant de l'opinion flamande, une seule Belgique, tolérante et solidaire. Le plat pays, comme aimait à le qualifier l'immense Jacques Brel, n'est pas si lisse que ça. Il est tumultueux, surprenant et cache bien des aspérités coupantes. Politiquement s'entends bien sûr.