Le dimanche 19 mars 2006, en inspectant le chantier de la RN24, le ministre des Travaux publics a inform� les responsables de l�Entreprise de viabilisation de Sidi Moussa (EVSM) que si elle boucle son actuel projet en moins de 8 mois, alors le minist�re lui confiera deux autres projets sous forme de gr� � gr�. Cette information a �t� publi�e par Le Soir d�Alg�rie � dans la page �P�riscoop�, sous le titre �Le gr� � gr� de Ghoul� �, mais m�me le quotidien gouvernemental El Moudjahid en a fait �tat ! Que devient alors la r�glementation sur les march�s publics o� les pratiques du gr� � gr� doivent �tre l�exception et non la r�gle ? L�obtention de d�lais relativement courts pour la r�alisation d�un projet ne doit pas �tre un alibi � l�encouragement de ces pratiques, d�autant plus que rien ne dit que les d�lais �convenus� seront respect�s par l�entreprise �heureuse �lue�. Les crit�res de qualit� dans la r�alisation d�un projet et la bonne utilisation des deniers publics pour financer ce projet sont tr�s souvent malmen�s dans l�option du gr� � gr�, et qui plus est, dans pareil cas, les risques de corruption sont d�autant plus �lev�s. Le choix des entreprises dans le gr� � gr� est le fait du prince, et le prince en r�publique n�a pas toujours raison. Dans une bonne gestion des march�s publics et en toute transparence, les attributions de projets profitent aux entreprises performantes, notamment en mati�re de d�lais de r�alisation. C�est la seule voie que devrait privil�gier le ministre des Travaux publics. La compression � n�importe quel prix de ces d�lais aboutit tr�s souvent � des projets de mauvaise qualit�, et parfois plus co�teux par le subterfuge des avenants � r�p�tition. Le respect des d�lais doit ob�ir aux seules r�gles et normes de la r�alisation. Il ne doit pas ob�ir au bon vouloir du ministre ni soigner son image, encore moins lui servir de valorisation aupr�s de sa hi�rarchie. Ni s�inscrire dans des calendriers de c�r�monies d�inauguration officielle, avec des lendemains qui d�chantent. Le ministre des Travaux publics a parfaitement raison de multiplier les descentes sur le terrain � mais sans trop le faire � grands renforts de tapage m�diatique �, si cela permet de faire avancer de mani�re qualitative les projets de son d�partement, mais cela ne l�autorise pas � encourager publiquement les pratiques du gr� � gr�. Un ministre doit donner l�exemple en mati�re de respect de la r�glementation en vigueur. Surtout dans un contexte de mise en place d�un dispositif l�gislatif de lutte contre la corruption. Ce mauvais exemple risque d��tre pris � la lettre et se g�n�raliser aux niveaux d�concentr�s et d�centralis�s de l�administration des travaux publics, si ce n�est pas d�j� en cours ou d�j� fait. Mais il est vrai que Ghoul a au moins une raison, tr�s mauvaise au demeurant, d�agir ainsi. Le Conseil des ministres a autoris� ces derni�res ann�es et � plusieurs reprises, le gr� � gr� dans l�octroi de march�s, faisant pr�valoir des crit�res d�urgence : r�alisation de logements, importation d��quipements m�dicaux, gestion de l�eau, etc., Ghoul s�est cru permis de faire de m�me. A-t-il �t� rappel� � l�ordre, au moins par le chef du gouvernement ? A d�faut que les pouvoirs publics d�cr�tent la suspension de la r�glementation des march�s publics, et advienne que pourra de l�utilisation transparente de l�argent des contribuables !