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DECODAGES
L'INDE Une �conomie �mergente Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 11 - 2006

Si la Chine est aujourd�hui �l�atelier du monde� l�Inde devient chaque jour davantage le �bureau du monde�. Ce pays continent de 1,1 milliard d�habitants produit chaque ann�e 2,4 millions de dipl�m�s et, pr�disent des sp�cialistes de plus en plus nombreux, s�impose progressivement comme �futur laboratoire de la plan�te�. L��conomie indienne, � l�instar de l��conomie chinoise, fait preuve d�un dynamisme jamais connu auparavant : 8% de croissance en 2005 et 10% pr�vus pour les cinq ann�es � venir.
Dans le domaine de la recherche-innovation, d�octobre 2004 � septembre 2005, l�Inde a re�u 156 projets de recherche contre 107 pour la Chine, 26 pour la France et 19 pour les USA. Une �tude de l�hebdomadaire Fortunes r�v�le que 400 compagnies sur les 500 du top Fortunes ont des centres de recherche en Inde et y d�localisent des travaux � des firmes indiennes. Aujourd�hui c�est incontestablement l�informatique qui tire l��conomie du pays. L�Inde nouvelle, la �Shining India�, (l�Inde qui brille) se construit � partir de l��ducation et la formation. Ce ne sont pas les exportations de produits industriels qui tirent l'�conomie mais les services. Il faut relever en effet que les industries manufacturi�res indiennes n�ont pas encore rattrap� leur retard technologique et manquent pour l�instant de comp�titivit�. C�est l�industrie des services informatiques qui est le moteur de la dynamique �conomique indienne. Pour les cinq ann�es � venir, ce secteur recevra 5 milliards de dollars d�investissements de la part des champions mondiaux du secteur. Microsoft compte investir 1,7 milliard de dollars et cr�er 3000 emplois, le g�ant am�ricain des microprocesseurs Intel investissera 1,05 milliard de dollars, le n� 1 mondial pour les �quipements de r�seaux Internet CISCO investira 1 milliard de dollars et le groupe Advanced Micro Services (AMD) investira 1 milliard de dollars dans la production de micro-ordinateurs � bas prix. Ces g�ants de l�informatique reconnaissent tous que l�Inde est aujourd�hui un site incontournable. Bill Gates le patron de Microsoft reconna�t : �L�Inde dispose d�une ressource fantastique en professionnels du logiciel�. La main-d��uvre indienne est tr�s qualifi�e, anglophone et � bon march�. Un ing�nieur indien co�te 30 � 40% moins cher qu�un ing�nieur occidental. De m�me, 1 heure de d�veloppement d�un logiciel co�te entre 18 et 26 dollars en Inde, elle co�te 55 � 65 $ aux USA ! En 2006, pour les neuf premiers mois, le secteur informatique a export� pour une valeur de 22,5 milliards de dollars. Sur des exportations totales qui avoisinent les 130 milliards de dollars. Ces exportations sont constitu�es de textiles : 23,6%, bijoux : 16,8%, biens d��quipements : 15,7%. Les exportations de services informatiques sont �valu�es (en pr�vision) � 60 milliards de dollars en 2010 (selon un rapport publi� par NASCOM et Mc Kinsey). Ce sont plus de 2 millions d�emplois directs qui seront cr��s et quelque 6,5 millions d�emplois indirects. La carte �conomique de l�Inde laisse voir qu�il y a une sp�cialisation r�gionale. Bombay abrite les activit�s informatiques et financi�res, Bangalore est la cit� de l�informatique. Hyderbad et Calcutta les �Call Centers� et les sites qui accueillent la sous-traitance des activit�s de comptabilit� et des traitements informatiques des informations, activit�s d�localis�es par les grandes firmes internationales (out sourcing). Gurgaon abrite les activit�s pharmaceutiques d�industries du m�dicament (g�n�riques). Madras, les industries de biens d��quipements et Pune l�industrie automobile (avec le groupe TATA). Le PIB indien est de 795 milliards de dollars en (2005). Il est d� au secteur agricole pour 23%, au secteur industriel pour 26% et au secteur des services pour 51%. Comme on peut le voir, l��conomie indienne est plus une �conomie de services mais, contrairement aux �conomies occidentales d�velopp�es, l�Inde n�a pas encore r�alis� sa r�volution industrielle et la primaut� des services ici ne doit pas �tre per�ue comme stade ultime du d�veloppement �conomique. Cette r�volution industrielle que les dirigeants indiens visent � r�aliser est encore handicap�e par un probl�me s�rieux d�insuffisance d�infrastructures de base (routes, transports...), une p�nurie de foncier industriel dont les prix flambent et une tendance lourde � la hausse des salaires qui grignotent quelque peu les gains de comp�titivit� que cherchent � construire les pouvoirs publics de ce pays. De m�me, l�Inde, plus grande d�mocratie du monde avec 600 millions d��lecteurs, une presse libre, une justice autonome est encore le pays de la pauvret�. 80% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et 34,5% de cette population avec moins de 1 dollar par jour (16,2% en Chine et 8,2% au Br�sil). L�Inde reste ce pays connu pour ces �intouchables� ces populations qui sont frapp�es d�une pauvret� extr�me et qui n�ont droit � rien. Ainsi avec la Chine, le Japon, la Cor�e du Sud et les autres dragons, l�Inde confirme que ce si�cle �conomique est celui de l�Asie et non pas celui des USA ni de l�Europe. Ces succ�s sont-ils dus � la culture asiatique, aux philosophies qui y dominent ou tout simplement � une ardeur au travail peu commune. Y aurait-il un mod�le asiatique de d�veloppement �conomique qui attend d��tre d�couvert, d�fini et connu ? Un tel mod�le, si tant est qu�il existe, est-il exportable ? Il y a l� en tout cas, en Asie, beaucoup � d�couvrir, � analyser, � conna�tre pour faire red�marrer l�aventure du d�veloppement dans nos contr�es o� l�imagination semble �tre en panne. Pour notre pays, il nous faut en tout cas retenir de l�exp�rience �conomique indienne actuelle, le r�le strat�gique de l��conomie de la connaissance si on veut r�ussir notre participation � la mondialisation de l��conomie. Et c�est bien l�, h�las, que nous enregistrons le plus grand retard et, en m�me temps, le plus grand immobilisme. L�Etat a dans ce domaine un r�le d�cisif � jouer en tant qu�investisseur, animateur, facilitateur. Les �pr�occupations� actuelles de nos dirigeants semblent malheureusement bien loin de ce champ. Elles sont du m�me coup, bien loin de la v�rit�. �Quand le sage montre la lune, l�imb�cile regarde le doigt�. Encore une le�on chinoise.

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