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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
L�histoire de B�atrice Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 11 - 2007

Je suis seul dans l�appartement. C�est au moment o� j�entre dans le s�choir pour actionner le bouton du moteur alimentant le r�seau domestique d�eau, qu�une douce voix f�minine m�interpelle. Au d�but, je pense que c�est un coup d�une des filles qui passe son temps � me jouer des tours. Mais la voix est �trange. Elle parle en fran�ais, avec un accent bizarre. Je me concentre : c�est un accent canadien ! Je le reconnais parce que je regarde beaucoup d��missions du Qu�bec qui passent sur TV 5, la cha�ne francophone mondiale.
Je cherche la source de cette �nigmatique voix. Dans le coin, il y a un meuble de rangement en plastique, vous savez ces bacs en �tages qui servent g�n�ralement � caser les l�gumes. De plus en plus bizarre ! Je m�approche : la voix sort d�un petit filet contenant des pommes de terre ! Je l�avais achet� la veille, chez un vendeur qui a eu la g�niale id�e de s�installer � un carrefour strat�gique de la route que j�emprunte deux fois par semaine pour aller superviser les travaux de ma petite maison dans la prairie. Je m��tais arr�t� pour acheter de l�ail dont les grappes s�duisantes attiraient beaucoup de monde. Et voil� que je tombe sur une montagne de sacs de pommes de terre vendues � 40 DA le kilogramme. J�ach�te un sac de dix kilos et poursuit ma route. La voix est plus nette : �Approchez, monsieur ! Le vendeur est un menteur. Je ne suis pas une pomme de terre de chez vous. Je me pr�nomme B�atrice et je viens du Canada !� Il faut vous dire qu�en quarante ann�es de m�tier, j�en ai vu des vertes et des pas m�res, mais c�est la premi�re fois que je tombe sur une pomme de terre qui parle ! Ma premi�re r�action est de balancer le sac du quatri�me �tage. Mais, ma curiosit� professionnelle l�emporte. Et si je faisais l�interview de B�atrice ? Bon, je sais. A la r�daction, ils vont me prendre pour un barjot, mais ce n�est plus un scoop ! Dans ce boulot, il faut �tre un peu fou pour oser, innover, sonder des chemins nouveaux et originaux. Je vois le titre en pleine premi�re page : �Une pomme de terre venue du Canada se confie au Soir� ou �B�atrice, la belle patate qu�b�coise ouvre son c�ur � notre chroniqueur�� Bon, tr�ve de plaisanterie : voyons voir ce qu�elle veut la B�atrice venue de si loin� Je la sors du sac, la nettoie et la d�pose sur la table de cuisine. Je me pr�pare un bon caf� express et j�ouvre mon calepin. B�atrice me demande d�ouvrir la fen�tre. Je m�ex�cute. Elle lance un cri qui me donne la chair de poule : �Oh ! Quel massacre ! Vous avez des architectes dans ce pays ?� Elle avait re�u en pleine gueule le spectacle horrible de cette cascade de maisons appel�es pompeusement �villas� et qui font ressembler la colline qui fait face � notre immeuble � une nouvelle Casbah ! Je rappelle � B�atrice qu�il y a certainement autre chose qu�elle doit me raconter en priorit�, bien avant ses pr�occupations �architecturales�. Elle s�ex�cute. Mon stylo court sur la feuille blanche. Voici son histoire : �Je suis B�atrice De la Patate, de descendance noble. On dit que mes a�eux ont �migr� au Canada, fuyant la r�volution. Dans les soutes du navire qui les transportait, ils avaient pris le soin d�emmagasiner quelques plants des meilleurs fruits et l�gumes de leurs domaines. Les tubercules de la lign�e De la Patate �taient soigneusement rang�s dans un coffret. Une fois au Canada, ces pr�cieuses racines furent rapidement plant�es et donn�rent de belles patates qui firent la renomm�e de la r�gion de la C�te de Beaupr� ! Si un jour vous partez au Qu�bec, n�oubliez pas de rendre visite � cette r�gion si agr�able o� vous pourrez passer des moments intenses de contemplation de la nature, avec l�imp�rial Saint-Laurent s�offrant � la vue entre la ville du Qu�bec et le cap Tourmente. Arr�tez-vous dans notre ferme et profitez des produits du terroir. Les propri�taires ne sont pas racistes : ils nous traitent avec le m�me �gard qu�ils r�servent aux belles pommes c�l�bres pour leur go�t raffin�. Ils ne font aucune diff�rence entre les pommes et les pommes de terre ! Bien plus, pour cette derni�re cat�gorie, ils traitent celles destin�es � la table et celles r�serv�es aux animaux avec le m�me �gard !� Je l�arr�te net. Je lui dis que j�avais lu dans le quotidien El Khabar qu�une grande quantit� des pommes de terre import�es du Canada �tait impropre � la consommation parce que destin�e aux porcs ! Elle me dit d�attendre la suite : �Oui, effectivement, nous sommes des pommes de terre de la deuxi�me classe. La noblesse de nos origines n�est plus qu�un souvenir ! Nous ne finissons jamais dans les assiettes des humains. On nous r�serve pour la bouffe des animaux. L�autre jour, alors que je faisais ma cure de rajeunissement dans une chambre froide de la ferme, j�ai entendu l�un des agents deviser avec une dame. Il �tait question de ventes massives � un pays dont je n�avais jamais entendu parler : l�Alg�rie. Ils disaient que le voyage allait se faire en bateau. Ils parlaient d�importateurs aid�s par l�Etat de ce pays qui avait un grave probl�me avec la patate. La dame disait qu�en quarante ann�es d�ind�pendance, il y a des pays qui se sont offert la conqu�te de l�espace, la bombe atomique et des soins de qualit� dans leurs h�pitaux, sans parler du niveau de vie. Mais, en quarante ann�es d�ind�pendance, l�Alg�rie n�a pas r�gl� le probl�me de la patate ! Bref, elle disait que des importateurs avaient eu beaucoup d�argent pour introduire la pomme de terre. Ils �taient tellement press�s qu�ils voulaient tout imm�diatement. Ils avaient le Ramadan, qui est un mois o� les gens je�nent mais, chaque soir, mangent le triple de ce qu�ils ont l�habitude de bouffer. C�est comme No�l chez nous ! Il ne faut surtout pas rater les ventes ! Les quantit�s de pommes de terre de table ne suffisant pas, les importateurs demand�rent de puiser dans le stock des patates r�serv�es aux cochons. Et c�est ainsi que je fus mise, avec mes cons�urs, dans un beau bateau voguant vers la M�diterran�e. Toute ma vie, j�avais r�v� de voir la M�diterran�e ! Mais, c�est quoi cette Casbah qui n�en a pas l�air que je vois de votre cuisine ! Quelle horreur ! Fermez la fen�tre, s�il vous pla�t ! � B�atrice vient de me dire que j�ai d�bours� 400 dinars dans l�achat de pommes de terre impropres � la consommation ! Ou, plut�t, de la patate pour cochons ! Je me pose la question : �Qu�est-ce qui peut nous arriver si nous bouffons un l�gume r�serv� aux porcs ?� Certainement pas plus de mal que si nous mangeons de la viande d��ne ! Oui, je suis s�rieux, une association de bouchers a publi� un communiqu� dans lequel elle attire l�attention des Alg�riens sur la vente de viande d��ne. Et quand vous achetez un kilo de viande rouge pour votre pot-au-feu, comment savoir si ce n�est pas une �paule d��ne ? Vous pouvez faire la diff�rence ? C�est bien, bravo ! Et si c��taient des merguez, hein ? Vous donnez votre langue au chat ! Tiens, le chat, vous savez que son anatomie ressemble � celle du� lapin ? La prochaine fois que vous commanderez un civet de lapin, faites bien attention ! Comment le savoir ? Comment savoir que la patate est pour les humains, que la viande vient effectivement du mouton et que le civet n�est pas celui du matou du coin ? Faites comme moi : r�servez un petit lopin de terre h�rit� de vos parents, plantez-y des l�gumes et fruits bio, construisez une petite �table pour une vache, quelques moutons, des lapins, des poules, des canards, des dindes et ne bouffez que ce que vous produisez ! Faites du pain complet avec la semoule du bl� entier que vous aurez r�colt� sur votre propre terre, r�cup�rez le lait et le formage de votre �table, �gorgez un beau coq pour un repas entre amis, bouffez des �ufs frais cueillis le matin m�me, mangez de belles pommes de terre bio et utilisez � profusion les herbes de votre potager ! Tout cela est encore au stade de projet, mais je m�y mets s�rieusement. Et c�est pour cette raison que je vais au bled deux � trois fois par semaine, en passant par ce vendeur de patates qui m�a refil� B�atrice et ses copines pour 400 dinars. On sonne � la porte. Je m�empresse de ramasser B�atrice et la mets rapidement dans son sac. J�ouvre la porte. Je ne dis pas mot de ce que je viens de vivre. D�ailleurs, personne ne me croirait, � commencer par ces fut�s lecteurs qui doivent penser que je d�raille. Peut-�tre. Ne vivons-nous pas dans un immense asile ? Et d�ailleurs, dans un asile qui se respecte, on ne donne pas de la patate pour cochons aux pensionnaires, ni de la viande d��ne d�ailleurs ; ni un programme aussi d�bile que celui de l�ENTV�

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