Annaba, la Coquette, derri�re son image de carte postale faite de plages de sable fin et de montagnes verdoyantes plongeant dans la grande bleue, se cache l�autre r�alit�. Celle d�une ville qui change de visage d�s la tomb�e de la nuit. De notre envoy� sp�cial, Lotfi Merad Loin de l�illustre cours de la R�volution au centre-ville, du pittoresque boulevard du Front-de-Mer � Saint-Cloud et de la route du Phare tr�s pris�s par les familles et les paisibles citoyens et autres noctambules, les faubourgs de la m�tropole de l�est pullulent de lieux o� les pratiques contraires aux bonnes m�urs sont l�gion, � la faveur des nuits estivales. Les services de s�curit�, police et Gendarmerie nationale, tentent, � travers les descentes nocturnes r�guli�res et inopin�es, d�endiguer ces fl�aux sociaux mena�ants. Rien qu�� Annaba, 9 720 d�centes nocturnes ont �t� effectu�es par les �l�ments de la gendarmerie durant les six premiers mois de cette ann�e. Obscurit� et isolement des lieux aidant, les d�linquants mais aussi de jeunes gens, a priori sans histoires, s�adonnent � toutes sortes d�activit�s jug�es illicites par la loi. En cette nuit de mercredi de ce mois de juillet, nous accompagnons la Gendarmerie nationale d�Annaba dans sa d�licate mission de lutte contre la criminalit� multiforme. Il est 19 heures pr�cises, au moment o� les baigneurs de fin de journ�e savourent leur dernier plongeon � la plage de Chapuis, les �quipes de la Gendarmerie nationale, aid�es de policiers, prennent le d�part depuis la brigade du quartier Saint-Cloud. Pour les besoins de cette �ni�me op�ration, 465 hommes, 60 v�hicules et 3 chiens policiers sont mobilis�s. A bord de leurs v�hicules bariol�s, ils se lancent en trois groupes vers diff�rentes r�gions de la ville, � l�assaut des lieux de d�bauche, bars clandestins et autres lieux malfam�s. Objectif : assainir les quartiers p�riph�riques de la ville. En compagnie de l�adjudant Djamel Direm, chef de la section de s�curit� et d�intervention de Annaba, nous nous lan�ons vers A�n Achir, � une dizaine de kilom�tres � l�ouest du chef-lieu de wilaya. A peine le d�part donn�, que le v�hicule s�arr�te devant un homme assis sur la terrasse d�une construction inachev�e. Fouill� et identifi� gr�ce au fichier national, l�homme ch�tif et le teint bronz� nie d�embl�e �tre en possession de drogue et jure travailler comme gardien dans un chantier situ� � quelques encablures de l�. Entre-temps, les �l�ments de la gendarmerie et de la police s�attellent � passer au peigne fin les parages, � la recherche d��ventuel joint que le suspect aurait jet� � la vue des services de s�curit�. Apr�s les v�rifications d�usage, l�homme est aussit�t lib�r�. �Nous travaillons au pied lev� sur la base de renseignements que nous recevons sur l�existence de lieux o� la fr�quentation est douteuse. Nous ciblons �galement les personnes ayant un comportement suspect�, nous explique l�adjudant Djamel Direm, qui cumule 21 ans de service au sein de la Gendarmerie nationale. Le cort�ge s��branle sur la route sinueuse de Sidi A�ssa. L� aussi, plusieurs arr�ts sont observ�s. Des jeunes couples sont interpell�s et des groupes de jeunes profitant du panorama sont �galement interrog�s. Et chacun va de son histoire et de son argumentaire. Faisant preuve d�humanisme et d�intransigeance, les gendarmes essayent de comprendre les motivations sur la pr�sence des personnes intercept�es. Au fur et � mesure que les heures passent, les �quipes des gendarmes et de la police proc�dent au contr�le de plusieurs automobilistes. Au terme de cette op�ration qui a pris fin vers une heure du matin, un point de contr�le est dress� sur la route du Phare. L�op�ration s�est sold�e par l�identification de 577 personnes, 8 femmes et 12 arrestations. Deux v�hicules recherch�s, une moto sans papiers, des armes blanches et des quantit�s de drogue ont �t� r�cup�r�es. Outre les diff�rentes formes de crimes, les gendarmes ont pour mission d�intercepter les harraga, nombreux en p�riode estivale. El harga, leitmotiv des jeunes Annabis Et � Annaba, les jeunes ne parlent que de �a. Il a suffi que nous d�clinions notre profession pour que les langues se d�lient. �Les jeunes sont de plus en plus tent�s par la travers�e�, raconte Sa�d, un jeune Annabi rencontr� dans un caf�. �Mes amis d�enfance sont tous partis de l�autre c�t� de la M�diterran�e, certains ont donn� signe de vie d�autres ont disparus �, rench�rit son ami Omar, la vingtaine � peine entam�e. Et de poursuivre : �M�me les jeunes issus d�un milieu nanti et instruits veulent traverser la mer pour rejoindre l�Europe.� S��tendant sur 80 km, la c�te annabie offre plusieurs lieux inaccessibles propices au d�part clandestin vers l�autre rive. �C�est � partir de ces deux grands rochers appel�s les Deux Fr�res que les harraga prennent le large vers les c�tes europ�ennes � bord de leurs embarcations de fortune�, lance Abdelouahab Belamri, un agent de la Protection civile en poste � la plage de El Djenane El Bay � Sera�di. �Les deux �normes rochers Jumeaux sont inaccessibles par voie terrestre. Les candidats � la travers�e p�rilleuse s�y regroupent au petit matin � bord de leur embarcation. C�est vers une heure du matin que les harraga prennent le d�part, munis d�un GPS direction la Sardaigne�, poursuit Abdelouahab, un enfant de la mer aux traits rieurs et qui cumule 22 ans d�exp�rience au sein de la Protection civile. A bord de son zodiac, il nous fait la visite du rivage de Sera�di o� se succ�dent sites paradisiaques, anses et petites plages de galets sauvages en contrebas des montagnes plongeant abruptement dans la mer M�diterran�e. Dans cette m�tropole de la c�te est alg�rienne, le ph�nom�ne de la harga est partout pr�sent. L�ouverture de la ville sur la mer, mais surtout l�absence de perspective d�avenir chez l��crasante majorit� des jeunes y sont pour beaucoup. Partout o� l�on va � Annaba on a une vue imprenable sur la grande bleue. La tentation pour prendre le large est partout pr�sente. Et � l�heure H, le slogan tr�s touristique �laissons sourire nos plages�, inscrit sur les panneaux � l�entr�e de chaque plage, n�a plus aucun sens devant les nombreux r�ves et espoirs de la jeunesse engloutie par cette mer. Souvent, les �l�ments de la Gendarmerie nationale r�ussissent � mettre la main sur un groupe de jeunes candidats � l��migration clandestine lors de leurs nombreuses sorties nocturnes dans les faubourgs de la ville. �Le renseignement est le meilleur moyen d�intercepter les harraga�, note le chef de la section s�curit� d�intervention d�Annaba. Les gendarmes en poste � Annaba reconnaissent l�ampleur du ph�nom�ne. Et les statistiques confirment cet �tat de fait. Durant le premier semestre de l�ann�e 2008, les services de la gendarmerie d�Annaba ont trait� quatre affaires d��migration clandestine ayant conduit � l�arrestation de 14 personnes et la confiscation de 6 barques. Et au large, les gardes-c�tes ont intercept� 102 candidats � l��migration clandestine. Et partout, des jeunes, oisifs et d�s�uvr�s, emplissent les rues et avenues de la ville. Ils semblent tous caresser le m�me r�ve. Celui de fuir leur pays et rejoindre �le paradis�, m�me au p�ril de leur vie. L. M. TRAFIC DE DROGUE Quatre r�seaux d�mantel�s depuis le d�but de l�ann�e Les services de la Gendarmerie nationale (GN) de Annaba ont trait�, durant le premier semestre 2008, 28 affaires de drogue ayant permis le d�mant�lement de quatre r�seaux de trafic de stup�fiants dont les ramifications s��tendent vers Annaba, El Tarf et Constantine, a indiqu� jeudi le colonel Barour Sahraoui. Intervenant dans une conf�rence de presse sur le bilan de la GN pour les six premiers mois de l�ann�e 2008, organis�e au si�ge du Groupement de la gendarmerie � Annaba, le conf�rencier a �galement soulign� que durant la m�me p�riode, 98, 705 kg de kif trait� ont �t� saisis ainsi que pr�s d�un kilogramme d�or d�rob� d�une bijouterie � Batna. Pour ce qui est de la fausse monnaie, les �l�ments de la Gendarmerie nationale ont r�ussi, toujours selon le colonel Barour Sahraoui, � mettre la main sur 6 500 euros. Enfin, dans les 24 descentes nocturnes op�r�es par la GN, 79 personnes ont �t� arr�t�es.