Incroyable ! Injuste ! C�est de la hogra ! Verdict ill�gal ! Beaucoup d�adjectifs ont �t� utilis�s par les cadres de la Banque de d�veloppement local (BDL) contre cette nouvelle faisant �tat de la condamnation de trois d�entre eux � de lourdes peines de prison. Une autre affaire judiciaire vite exp�di�e qui va encore ternir le fonctionnement de la justice alg�rienne ? Il r�gnait un climat de grosse col�re ce jeudi chez les cadres de la BDL. Ceux de l�unit� de Boumerd�s se sont rapidement regroup�s pour protester contre la d�cision du tribunal d�Alger. Mercredi dernier, en fin d�apr�s-midi, le tribunal correctionnel de cette cour qui a jug� en appel l�affaire de corruption et de passation douteuse de march�s publics impliquant des cadres sup�rieurs de la Protection civile a rendu son verdict. Parmi les 17 personnes inculp�es, trois cadres de la BDL, agence de Boumerd�s, ont �t� condamn�s chacun � 4 ans de prison ferme et 200 000 DA d�amende. Ils sont accus�s, selon la loi portant pr�vention et lutte contre la corruption, de faux et usage de faux, dissipation des biens publics et de complicit� parmi d�autres griefs contenus dans ce dossier. Or, selon leurs responsables et leurs coll�gues, qui leur r�affirment, en notre pr�sence, leur totale confiance et leur solidarit�, ces agents se sont content�s d�accomplir des t�ches ex�cutoires d�ouverture de compte et d�accomplissement d�op�ration de payement selon les standards en cours dans cet �tablissement financier. �Tout cadre qui accomplit le travail d�ouverture de compte s�expose d�sormais � des sanctions p�nales. C�est aberrant et c�est de l�arbitraire !� disent unanimement les protestataires qui ne d�col�rent pas. �Nos coll�gues n�ont commis aucune faute professionnelle. L�inspection interne n�a d�cel� aucun d�passement, la preuve, ils sont toujours � leurs postes. Dans ce cas d�esp�ce, c�est la banque enti�re qui est condamn�e.� A noter que les dirigeants de la BDL, qui se sont d�plac�s sp�cialement ce jeudi � Boumerd�s, ont promis aux victimes de cette affaire et aux cadres en col�re qu�ils ne se tairont pas, eux aussi. Ma�tre Sa�dj, avocat conseil de la banque en question et l�un des d�fenseurs des trois agents condamn�s, que nous avons joint par t�l�phone, estime de son c�t� que �ce verdict n�est pas l�gal�. Le d�fenseur affirme que la faute incombe au juge d�instruction qui, d�apr�s notre interlocuteur, n�a pas fait correctement son travail pour s�enqu�rir des modalit�s bancaires s�agissant des ouvertures de comptes et des paiements. Il �tait ais�, par ailleurs, de comprendre � travers les propos du d�fenseur et ceux des cadres de la BDL que la comp�tence du magistrat enqu�teur est sujette � caution. Les accus�s et leurs avocats mettront certainement en exergue cet argument pour introduire un recours en cassation aupr�s de la Cour supr�me. Selon ce que nous ont dit les responsables de la succursale de Boumerd�s, en novembre 2002, Y. Chabane, commer�ant de son �tat, se pr�sente � cette agence o� il ouvre un compte. En 2005, ce compte a �t� cr�dit� de 24 millions de dinars vir�s en plusieurs tranches. Les virements �manaient du Tr�sor d�Alger qui a d�bit� le compte de la direction g�n�rale de la Protection civile. Le Tr�sor d�Alger r�glait ainsi les factures d�coulant de march�s de fournitures pass�s en Y. Chabane et la Protection civile. Avant d�aboutir sur le compte de Y. Chabane, les sommes transitaient par la direction de la tr�sorerie et des march�s de capitaux (DTCM), une structure de la BDL. Les contr�leurs de DTCM d�livrent ce que les banquiers appellent le 520. Une fois ce document �tabli, le compte client est cr�dit� du montant. Y. Chabane a retir� l�argent. A rappeler que ce dernier, en fuite, est le principal coaccus� dans ce dossier. Il a �t� condamn� � 10 ans de prison ferme par contumace. La justice reprocherait aux 3 agents d�avoir ouvert ce fameux compte un samedi, jour non ouvrable. �Aurais-je forc� la porte de la banque�, proteste B. Abdelmalek, l�un des condamn�s. A l�ouverture de l�enqu�te sur ce march� douteux, les trois agents de la banque ont �t� convoqu�s et par la police et par la justice comme simples t�moins. Mais, disent-ils, leur ancien directeur qui �t� �galement entendu dans cette affaire, avait, semble-t-il, paniqu�. Sous pression, il aurait fait des d�clarations contradictoires. En tout �tat de cause, ni les condamn�s ni leurs coll�gues, encore moins les responsables, ne nous ont vraiment renseign� sur la v�ritable faute commise. C�est parce que tout simplement, ils ne le savent toujours pas.