La décision unilatérale prise par certains artisans boulangers d'augmenter de 50% le prix de la baguette du pain est qualifiée d'«illégale» par le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, et estimée «nécessaire» par les représentants de la corporation. Depuis vendredi dernier, les habitants de six wilayas du pays dont Oran, Tizi Ouzou, Béjaïa et Tipasa, ont été surpris de devoir payer 15 DA la baguette de pain, au lieu de 10 DA. Pris au dépourvu par cette action non attendue, les habitants des régions concernées par cette augmentation n'ont pas caché leur mécontentement. Réagissant à cette hausse du prix de la baguette de pain, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, a estimé que cette hausse était «illégale». En visite de travail dans la wilaya de Biskra, Benmeradi a déclaré à la presse que «le comportement de certains boulangers, qui ont augmenté le prix de la baguette de pain, pourtant fixé par un décret, nuit au pouvoir d'achat du citoyen». Il a, par la suite, ajouté que les préoccupations des boulangers étaient sur la table du gouvernement pour étude. Selon lui, les autorités se sont engagées à garantir une meilleure marge bénéficiaire aux boulangers, à même de contrecarrer toute augmentation illicite du prix du pain. Le ministre n'a, toutefois, parlé d'aucune mesure devant être prise dans l'urgence pour interdire cette augmentation. Il est vrai, également, que l'augmentation par certains boulangers du prix du pain, a mis à nu les difficultés de cette corporation face aux multiples charges auxquelles elle fait face. En dépit du fait que le prix de la farine utilisée dans la fabrication du pain est subventionné par l'Etat. Le président de la Fédération nationale des boulangers, Youcef Kalafat, a remis en question le refus des autorités de revoir la marge bénéficiaire du pain, lequel étant un produit soutenu. Contacté, il a affirmé que plusieurs artisans boulangers ont été obligés de baisser rideau, à défaut de leur incapacité à honorer leurs engagements. Sans donner le nombre exact des boulangers contraints de fermer, Kalafat a estimé qu'ils ne peuvent plus supporter «les charges d'électricité, du gaz, de la sécurité sociale, des impôts, ainsi que l'augmentation des prix de la matière première». La révision de la marge bénéficiaire est «impérative», selon lui, pour éviter «une crise de pain». Il fait savoir que le nombre des boulangeries a sensiblement baissé au cours des quatre dernières années, à Alger. Il est passé de 1400 à 630 boulangeries. Par contre, les associations de protection des consommateurs ainsi que la Fédération des artisans et commerçants se sont démarqués de cette action entreprise unilatéralement. L'APOCE, et à sa tête Mustapha Zebdi, a totalement désapprouvé cette décision. Selon lui, elle a été prise sans l'accord des autorités. Il a appelé, à l'occasion, les habitants des wilayas concernées par cette augmentation «illégale», à «boycotter ces boulangeries» jusqu'à ce que les prix reviennent à la normale, c'est-à-dire à 10 DA la baguette. Hadj Tahar Boulenouar a joint sa parole à celle du ministre du Commerce, et qualifié cette hausse des prix d'illégale, précisant qu'aucune décision n'a été prise dans ce sens, par le gouvernement et les représentants des artisans boulangers. L'augmentation du prix de la baguette est une ancienne revendication des boulangers qui revient à chaque fois, sur le devant de la scène. Alors que le prix fixé par l'Etat est de 8.5 DA, la baguette du pain ordinaire est vendue à 10 DA. Les boulangers revendiquent sa vente à 15 DA pour pouvoir couvrir les frais.