Le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi a accueilli, dans la soirée de mardi, la pièce «Dom Juan, ou le festin de pierres» de Molière, jouée par la troupe d'étudiants «La comédie du festin». Les jeunes étudiants de la troupe «La comédie du festin», encadrés à la mise en scène par Afifa Bererhi ainsi que Guillaume Michel ont joué la pièce : «Dom Juan, le festin de pierre», ce mardi à la salle Mahieddine Bachatarzi à Alger. Cette pièce écrite par Molière il y a de cela quatre siècle a été jouée pour la première fois en 1665 sur les planches du Théâtre du Palais Royal de Paris. Elle avait rencontré un énorme succès auprès du public. Depuis, elle est adaptée, jouée et interprétée des dizaines de milliers de fois à travers le monde. Cette pièce «donne à suivre les trente-six dernières heures de la vie du jeune Dom Juan Tenorio», esprit fort «et grand amateur de femmes, flanqué tout au long des cinq actes de Sganarelle, valet couard, glouton et friand de disputes intellectuelles. Provocateur impénitent, Dom Juan n'échappera pas à la vengeance du ciel, qui le châtiera par le bras d'une statue de pierre», explique-t-on. Une pièce pour professionnels Le choix de ce texte à monter sur scène par une troupe d'étudiants amateurs est délicat car il demande beaucoup d'efforts, de moyens matériels et des compétences avérées dans le 4e art. Ce dont ne dispose pas forcément une troupe de théâtre universitaire. Cela, en plus de la pertinence du message à délivrer à un public algérien de 2018. Il est clair que le spectateur est averti d'avance que c'est un spectacle amateur, et qu'il ne fallait pas s'attendre à plus que ça, mais le 4e art a ses éléments basiques qu'il faut respecter. Les concepteurs de ce spectacle n'ont apporté aucun effort sur le texte de la pièce, écrit en langue française. Les comédiens l'ont joué dans sa version la plus originale, avec un français dépassé de plusieurs siècles. Il est beaucoup formé d'expressions et de mots qui ne sont plus d'usage de nos jours. Ce qui donne une image pas du tout crédible aux yeux d'un spectateur lambda. Passons sur la consistance des personnages dans la pièce qui a déformé leurs enjeux originaux. Les comédiens, quoique amateurs, ont fait preuve, par moment, de bonnes capacités artistiques. Plusieurs d'entre eux ont montré leur talent dans l'interprétation de leurs personnages, et peuvent donner plus, à condition qu'ils soient bien encadrés. Mais à plusieurs reprises, le spectateur averti découvre que quelques uns parmi la troupe oublient parfois qu'ils sont sur scène, devant un public. C'est le cas des deux servantes de Don Juan, en arrière scène qui baillaient de fatigue quand les scènes étaient trop longues. C'est également le cas du comédien principal qui oublie de tenir une position adéquate quand il n'est pas impliqué dans les dialogues. Le décor est réduit à sa plus simple expression. Une scène quasiment vide, presque tout le long de la représentation, mise à part une table et quelques chaises installées pour un acte de la pièce, et une chaise d'église dans une autre. Il est de même pour les sons et la lumière. Les metteurs en scène ont exclu complètement ces deux composants importants d'une pièce de théâtre. Cela d'autant plus qu'aucun effort n'est fourni au niveau du texte. Ces deux atouts auraient pu donner un peu d'originalité et de consistance aux personnages. Initiative à encourager Au final, le spectateur a l'impression d'assister, non pas à une représentation d'une pièce de théâtre au sens ordinaire du terme, mais plutôt à une lecture du texte : «Don Juan ou le Festin de Pierre», écrit par Molière il y a de cela quatre siècles. En soirée de mardi, le point positif était aussi dans la présence d'un public qui, visiblement, découvre pour la première fois ce qu'est une salle de théâtre. C'est en majorité des étudiants, venus voir leurs camarades se produire pour la première fois sur scène. Le public a fortement soutenu et encouragé tout au long du spectacle les comédiens, qui foulent pour la première fois les mythiques planches du TNA. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'est initié le projet de coopération entre la direction du TNA, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi que le ministère de l'Education nationale. Et pour une première expérience, on ne peut qu'applaudir le projet.