Sadia Saïghi est la modératrice de «un auteur, un livre» au Festival Raconte-arts pour son édition 2018. Durant toute cette semaine, ce rendez-vous reçoit, chaque matin de 10h00 à 14h00, trois auteurs pour présenter leurs livres et débattre des thématiques qu'ils traitent dans leurs œuvres. Ce rendez-vous quotidien qui se tient sous l'ombre d'un vieux figuier, situé à l'ancienne école primaire du village Tiferdoud draine des dizaines de personnes, assoiffés de savoir et de débat fructueux. Elle a accepté de répondre à nos questions. Le Temps d'Algérie : Quel est l'intérêt que porte les villageois de Tiferdoud et les participants à ce Festival pour la littérature ? Sadia Saïghi : L'impression que j'aie, jusqu'à présent, est que les gens qui viennent à ce festival portent un grand intérêt pour la littérature. Ils viennent quotidiennement très nombreux, des gens des deux sexes et de toutes les tranches d'âges pour assister à ce rendez-vous. Ça, c'est réellement un vrai régal ! J'ai remarqué qu'il y a beaucoup de curiosité pour les livres. Je ne sais pas si on lit réellement les livres, mais l'intérêt qu'on leur porte est conséquent. Cet intérêt se manifeste également par les citoyens lors des débats avec les auteurs. Y-a-t il des thèmes précis qui intéressent ces citoyens ? J'ai remarqué jusqu'à présent qu'au cours des débats, les gens s'intéressent particulièrement à l'histoire en général. Il y en a qui s'intéressent surtout aux épisodes censurés de l'histoire du pays. Ce qui est formidable aussi, c'est qu'il y a des jeunes gens qui interviennent lors des débats avec de très bonnes connaissances de l'histoire. Ce qui détruit le cliché selon lequel les jeunes ne s'intéressent pas à l'histoire. Ça c'est faux. Donc, il n'y a pas que le coté festif qui intéresse les invités de Raconte-arts finalement ? Oui, mais le festif on le retrouve aussi dans la littérature, le cinéma et autre. Mais c'est connu, dans le monde entier, que la musique c'est l'art qui circule le plus. Ce n'est pas spécifique à ce festival où à cette région. En Kabylie c'est encore plus, car la chanson est aussi porteuse de beaucoup de poésie, et en plus nous sommes dans une société à forte tradition orale. Vous êtes une ancienne amie de ce festival. Que proposez-vous d'autres cette année ? Chaque année, j'essaye de faire quelque chose de différent. En plus de cette rencontre littéraire, je vais organiser des spectacles de rue qu'on organise dans plusieurs lieux. On va à la rencontre de citoyens qui ne peuvent pas se déplacer au centre du village. Donc nous, on va vers eux, pour partager avec eux des moments de convivialité.