L'économie est loin d'être une «science exacte», capable d'établir des vérités objectives. Elle est, par contre, une affaire éminemment politique, lorsque des grandes certitudes économiques impactent la vie quotidienne des citoyens. Elle n'est pas figée, c'est une succession de modes de régulation, définis par des rapports de force à un moment précis. Et c'est ce moment-là qu'aura choisi le président du FCE, pour mettre les points sur les i, de cette économie aux incertitudes grandissantes. Et si plusieurs avenirs économiques étaient possibles ? A l'occasion de l'université d'été de l'organisation patronale, les choses ont été claires. A l'exception du secteur militaire, et pour des raisons évidentes, c'est l'investissement privé qui contribuera à l'amélioration du climat des affaires, et à la levée des obstacles bureaucratiques ! Oui, on se connaît parfaitement et, il faut parfois dire les choses sans pour autant faire de la politique. Chez nous, on laisse faire et l'on ne s'intéresse qu'aux ivresses, que procure le fantasme d'un magot tombé du ciel sans trop d'efforts. Le beau, le laid, le petit, le grand, le gros, l'idiot, le futé, l'érudit ou le simple d'esprit, tout se confond et se prend les pieds dans le tapis, d'une Algérie que tous disent aimer en mère patrie. Une Algérie pourtant abusée, et avilie par tous ceux qui ne pensent qu'à la détrousser, au coin d'une rue sombre ou d'un bureau cossu. Les conditions d'accès au foncier industriel, l'environnement fiscal et bancaire de l'entreprise, les logements toutes formules confondues, les emplois précaires ou garantis par «la vache laitière», tout est régi, ou presque, par la corruption et ses corollaires clientélistes. Aussi, la seule question qui vaille, est celle de savoir relever le défi, par des entreprises intelligentes qui, en partenariat public-privé, sauront nous sortir du pétrin, dans lequel on baigne depuis des lustres. Les économies de demain et de l'après-pétrole, ne sauront s'accommoder d'un manque de diversification et d'investissement national productif. Des potentialités existent, ne reste qu'à affiner un ensemble de paramètres visant, enfin, à encourager sans discrimination, l'épanouissement des entreprises au service du développement économique national. L'agriculture, le tourisme, l'industrie, les transitions énergétique et écologique, la gestion des déchets, la rénovation du bâti et du cadre de vie, l'embellissement de nos villes et villages, sont autant de «prétextes», sonnants et trébuchants, susceptibles d'intéresser des opérateurs économiques nationaux et étrangers. Faudra, bien sûr, de la confiance réciproque et non de la défiance, pour que l'ouverture économique soit effective. Et, quand on apprend, depuis El Oued, qu'à cause des lourdeurs bureaucratiques, l'Algérie n'a créé durant les quatre dernières années, que moins de 200.000 entreprises, alors qu'en France, plus de 64.000 ont été créées pour le seul mois de janvier dernier, on se dit que leur Macron avait tort de traiter ces concitoyens, fin août dernier, de «Gaulois réfractaires au changement». Non, ils ont changé. Ils râlent tout le temps, dans tous les domaines, mais ils savent que l'entreprise qui assure emploi, salaire, congé et tout le fouillis d'acquis sociaux, ne vient pas d'une opération du Saint-Esprit. Et, quand le blé est mûr, il faut le couper ; quand le vin est tiré, il faut le boire. Point barre. Le macronisme leur a bien vendu ce changement nécessaire. De plus, avec une extrême droite rance et une extrême gauche rassise, tout souriait à une économie de marché, grande ouverte à une main-d'œuvre européenne bon marché. Evidemment avec un produit aussi révolutionnaire que novateur, il y eut quelques défaillances, certaines pièces durent être changées, pour la création de plus de 64.000 entreprises en un seul mois. On devrait en prendre de la graine, nous qui râlons autant qu'eux. Notre vieux logiciel, exclusivement public, gagnerait à sortir des sentiers battus et rebattus, par des esprits corrompus…