En s'exprimant devant les députés de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, le président français a prononcé une violente diatribe contre l'audiovisuel public, en déclarant notamment qu'il est «la honte de la République». Cette déclaration vise à se démarquer en tant que chef d'Etat français de l'audiovisuel public qui n'est plus aux ordres des responsables et des présidents. Mais durant son intervention, Macron avait souligné que la situation de l'audiovisuel ne pouvait se résumer ni à une question de personnes, ni à une question d'économies. Depuis qu'il est à l'Elysée, Emmanuel Macron reçoit systématiquement les députés appartenant à chacune des commissions de l'assemblée. Cette fois c'était le tour des membres de la commission des affaires culturelles et de l'éducation. Devant quelque 70 personnes, le président s'est livré à un procès très sévère des entreprises de ce secteur. Dénonçant la mauvaise gestion, le gaspillage, la médiocrité des programmes et des contenus, les relations malsaines entre l'audiovisuel et ses partenaires extérieurs (animateurs, producteurs, etc.) Et il a surtout marqué les esprits en affirmant que l'audiovisuel public est «la honte de la République». Cette sortie médiatique de Macron se veut également un avant-foût des changements qu'il compte apporter dans le paysage audiovisuel français, notamment avec le processus d'installation du président du CSA. Macron, qui s'est toujours entouré de bons journalistes, a toujours voulu revoir le secteur public de l'audiovisuel, notamment en réduisant les coûts de production et lui offrant plus de champ dans le service public. Il était donc important de connaitre sa conception sur cette vision des choses. En s'exprimant de la sorte il fixe sa politique de l'audiovisuel basée sur la technologie, le savoir-faire et la communication anglo-saxone. Interrogé par un député sur la question des fake news, Macron a répondu que les journalistes - ceux de l'audiovisuel comme les autres - n'ont pas fait le travail d'éthique nécessaire sur le sujet. Il a condamné le mode de nomination des présidents de ces entreprises par le CSA. Une fois nommés, les intéressés n'ont de compte à rendre à personne. C'est le fait qu'il n'arrive pas à diriger les responsables de l'audiovisuel privé que Macron tire à boulets rouges sur ses responsables. Si Mitterrand était proche de Canal+, Chirac et Sarkozy proches de TF1, Hollande de France Télévisions, Macron semble chercher sa voie dans l'audiovisuel français. Même s'il était proche durant sa campagne de Bolloré et de Canal+, il avait notamment débauché la correspondante de Canal+ à Washington. [email protected]