Blida regorge de belles maisons et palais qu'on devrait classer patrimoine national. Si certaines maisons ont été démolies, le palais Aziza qui était occupé par des familles sera restauré et transformé en musée. Suite à la programmation d'une opération de relogement au profit des familles l'occupant actuellement, le palais Aziza de Beni Tamou (Blida) sera restauré pour retrouver son lustre d'antan avant la fin de l'année en cours, pour sa transformation en musée. Une fois ce monument historique, unique du genre dans la région, restitué, la commune déshéritée de Beni Tamou sera promue en une destination culturelle touristique. «Les familles, au nombre de neuf, résidant depuis 1962 au palais Aziza, seront relogées avant la fin de l'année en cours, en vue de la transformation de la bâtisse en musée, après restitution de son cachet originel islamique», a annoncé à l'APS le secrétaire général de la commune de Beni Tamou, Mohamed Hadj Amar, précisant que ces familles ont été programmées pour faire partie des bénéficiaires d'un projet de 150 logements destinés à l'éradication de l'habitat précaire, actuellement en cours de concrétisation, à la cité Zouani de Beni Tamou. Récupération avant 2020 «Le projet sera réceptionné en septembre prochain, ou au plus tard avant la fin de l'année», a-t-il indiqué. Mohamed Hadj Amar a justifié le retard mis dans le relogement de ces familles par le fait que ces dernières ont toujours refusé les propositions, en la matière, qui leur ont été faites par les autorités locales, la dernière en date étant une opération de relogement en 2016, dont des décisions d'affectation leur ont été destinées avant d'être annulées car, a-t-il souligné, «ils avaient refusé leur relogement, en exprimant leur souhait de demeurer dans la commune de Beni Tamou». «Cette doléance a été prise en considération, car il s'agit de familles de chouhada et de moudjahidine, dont les parents ont beaucoup donné pour l'indépendance de l'Algérie, mais qui, au lendemain de l'indépendance, n'ont pas trouvé d'autre lieu où loger que le palais Aziza», a encore expliqué Hadj Amar. Il a estimé que l'évacuation du palais Aziza interviendra avant fin 2019, si le plan de travail fixé est respecté. Une enveloppe de 750 millions DA avait été affectée, en 2016, à la restauration de la bâtisse, mais la présence de ces familles constituait une entrave au projet car les travaux de restauration présentent un risque d'effondrement. Interrogé sur le projet de transformation du palais Aziza en musée, Mohamed Hadj Amar a indiqué que la commune n'a aucune information sur le sujet, mais si le projet venait à être concrétisé, il constituerait une source de revenus non négligeable pour la localité, a-t-il observé. Une fois les familles résidant au palais Aziza évacuées, l'édifice bénéficiera, selon le directeur de la Culture de la wilaya, Lhadj Meshoub, d'une opération de restauration visant l'élimination de toutes les modifications apportées par les habitants en son sein (notamment de nouvelles pièces et des escaliers) et la restitution du cachet originel de ce monument historique, dont chaque recoin a été témoin de la vie fastueuse de la fille du Dey Hussein. Outre la transformation de la bâtisse, une fois restaurée, en un musée, le responsable a fait part d'une décision d'exploitation de l'assiette y attenante pour en faire un jardin englobant toutes les commodités nécessaires susceptibles de relever son attractivité auprès des familles notamment. Amer constat Une tournée sur les lieux a permis de faire le constat de l'extrême état de dégradation du palais Aziza, à commencer par son portail complètement détérioré, ne cachant plus rien de la bâtisse désormais transformée en un vieil immeuble collectif, avec de nombreuses pièces et des murs de séparation ajoutés dans la cour, au fil du temps et de l'accroissement du nombre des familles y habitant. Quant aux toitures et murs extérieurs du palais, ils sont dans un état de délabrement tel qu'ils menacent ruine à tout moment. «Je suis né et j'ai grandi dans cette bâtisse, que j'ai toujours refusé de quitter, mais aujourd'hui force est de constater que sa dégradation avancée me rend impatiente d'évacuer dans les plus brefs délais», a confié une habitante du Ksar. Lui emboitant le pas, sa voisine estime que si le palais «présentait le seul refuge pour sa famille au lendemain de l'indépendance, vu que les familles y résidantes étaient peu nombreuses, la situation a changé avec le temps, car les enfants ont grandi et ont construit leur propres familles, au point que la bâtisse est devenue trop exiguë», a-t-elle déploré. Le palais Aziza remonte à l'époque de la présence ottomane en Algérie, précisément à l'année 1797, quand le Dey Hussein avait construit deux palais à sa fille Aziza, suite à son mariage avec le Bey de Constantine, le premier à la Casbah d'Alger et le second à Beni Tamou. Tombée amoureuse du palais de Beni Tamou, la fille du Dey y passa une grande partie de sa vie, car elle appréciait particulièrement le climat doux de la région et ses beaux paysages offrant une vue imprenable sur les monts de Chréa. La bâtisse avait été exploitée au début du colonialisme français, en tant que prison, avant sa transformation en caserne militaire, puis en résidence du parachutiste et célèbre sanguinaire Pierre Lagaillarde jusqu'en 1962.