En Kabylie, la cerise qu'on appelle “le fruit des rois” occupe une place prépondérante à tel point que chaque année, elle est honorée à travers l'organisation de fêtes qui lui sont dédiées. En Kabylie, on raconte, pour expliquer l'origine de l'apparition de la cerise, qu' «un jour, une des favorites espagnoles du roi maure Abderraman III fut prise de mélancolie et lui demanda de voir la neige en avril. Voulant satisfaire son caprice, il l'emmena dans la vallée perdue, sise au pied des monts Gredos dans la région actuelle de l'Estrémadure, pour lui montrer le blanc tapis de fleurs blanches que répandent des milliers de cerisiers en fleurs. La jeune favorite conquise perdit sa mélancolie et le jeune roi ordonna que l'on plante dans son jardin l'arbre qui lui avait rendu le sourire». Certaines régions de la wilaya de Tizi Ouzou se distinguent même par la culture de cet arbre, comme à Ath Ziki, Ain El Hammam, Ath Allaoua, Larbaâ Nath Irathen, ces localités de haute montagne qui présente des conditions climatiques adéquates pour sa culture. Le cerisier, cet arbre sobre par excellence, peut se pratiquer sur des sols des «plus ingrats», à l'instar de ceux de Haute Kabylie. Des mesures à prendre La région d'Ath Irathen qui recèle un potentiel inestimable en matière de culture de cerisier qui est des plus importants de la wilaya avec en sus un précieux savoir-faire chez les producteurs de ce fruit, connaît malheureusement un important recul en la matière. D'ailleurs, la séculaire fête du cerisier qui se tenait, jadis chaque année, ne se tient plus à un rythme régulier depuis ces quelques dernières années. Soumise aux aléas climatiques et aux attaques de divers ravageurs et maladies, cette culture nécessite une réhabilitation et l'accompagnement technique des agriculteurs pour l'amélioration des productions et la préservation de ce patrimoine. C'est dans cette optique qu'une journée technique sur le terrain a été animée par les services phytosanitaires de la Direction des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou en collaboration avec la subdivision agricole de Larbaâ Nath Irathen jeudi dernier au niveau de l'exploitation de M. Makeb, sise à Ait Oumalou. Cette journée a été organisée au profit des arboriculteurs des communes d'Ait Oumalou, Larbaâ Nath Irathen et Ait Aggouacha. Cette importante rencontre tant souhaité a été mise à profit pour des donner des explications sur les différents phénomènes ravageurs et maladies du cerisier qui ont été données aux présents et un calendrier d'intervention contre les ennemis du cerisier a été présenté et détaillé aux agriculteurs. Aussi, et en raison des dégâts importants qu'occasionne le capnode, des explications relatives à la biologie et les méthodes de lutte (agronomique et chimiques) contre ce ravageur ont été données aux agriculteurs. Et pour assurer une meilleure maitrise du traitement chimique contre ce redoutable ravageur, une démonstration pratique sur le traitement avec un insecticide du sol a été réalisée sur le site. Cette journée a été également une occasion pour répondre aux questions des agriculteurs sur les autres aspects de cette culture notamment la conduite culturale, l'irrigation, le greffage, la fertilisation, la pollinisation….Faut-il préciser que cette journée s'est terminée avec cette promesse faite par les agriculteurs d'organiser une rencontre pour la création de leur association qui aura pour but la réhabilitation et le développement de la culture du cerisier dans cette région. Les cerisaies ont reculé de plus de 50% Le Capnode, ce parasite ravageur a eu raison de milliers d'hectares de cerisaies à travers plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou où prospère le cerisier qui est un arbre vulnérable. Au rythme où vont les choses et eu égard aux dégâts et ravages occasionnés chaque année, la région de Tizi Ouzou qui abritait environs 42% du verger national, selon les statistiques, risque de voir sa superficie se rétrécir davantage dans les années à venir si des mesures ne sont pas prises. Durant cette dernière décennie seulement, le Capnode qui terrorise les agriculteurs a causé la perte de près de 50% de la superficie des vergers. Cet insecte nuisible s'attaque à cette espèce arboricole rustique et a décimé une grande partie de la cerisaie de la wilaya. Le Capnode s'attaque directement aux racines de l'arbre et le tue avant même qu'il ne soit détecté et contamine rapidement les autres arbres en se multipliant d'une manière surprenante. Pour ce, il est indispensable de détruire les arbres infestés par le feu. Durant ces trente dernières années, la superficie totale des cerisaies qui était de 300 000 hectares a chuté à environs 1000 hectares. C'est dire que les pertes sont monumentales malgré toutes les tentatives faites pour la régénération de nombreuses plantations. En plus de cet insecte ravageur, citons aussi le manque de plants notamment au niveau des pépinières, ce qui ralentit grandement la replantation.