Des centaines de personnes ont fui lundi la ville sud-soudanaise de Bor, par crainte d'une attaque imminente de l'"Armée blanche", milice composée de Nuer, l'ethnie à laquelle appartient l'ancien vice-président Riek Machar, en lutte contre le président Salva Kiir. Cette milice, dite "blanche" parce que ses jeunes combattants Nuer se couvrent le corps de cendres blanches, a par le passé pris fait et cause pour Riek Machar. Dimanche, cependant, un porte-parole du gouvernement de l'Etat sud-soudanais de l'Unité, contrôlé désormais par les forces fidèles à Riek Machar, a démenti que l'ex-vice-président dirige les combattants de l'Armée blanche, ce qui pourrait laisser craindre que les violences n'échappent au contrôle des chefs ethniques et politiques les plus influents. "L'Armée blanche n'est maintenant plus très loin de Bor et une attaque est imminente", a déclaré Philip Aguer, porte-parole de l'armée fidèle à Salva Kiir, par téléphone de Juba, à 200 km environ au sud de Bor. Les militaires sud-soudanais évaluent à 25.000 les effectifs totaux de l'Armée blanche. Des civils ont déjà commencé à fuir la ville de Bor, franchissant en bateau le Nil blanc et se dirigeant vers une zone de marais, a dit à Reuters le ministre de l'Information, Michael Makuei. Des miliciens Nuer ont massacré des Dinka, l'ethnie de Salva Kiir, lors d'affrontements ethniques en 1991. Un millier de personnes ont péri depuis que des affrontements ont éclaté dans Juba le 15 décembre et se sont rapidement étendus aux régions pétrolières du pays, laissant craindre à une guerre civile entre Dinka et Nuer, les deux ethnies dominantes du Soudan du Sud. AFFRONTEMENTS DIMANCHE SOIR Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, et le président ougandais, Yoweri Museveni, sont arrivés à Juba pour maintenir la pression sur les factions rivales sud-soudanaises afin qu'elles cessent le feu. Le président ougandais a prévenu que les pays d'Afrique de l'Est devraient intervenir et mettre en déroute Riek Machar s'il rejetait l'offre de cessez-le-feu faite par le gouvernement de Juba. "Nous (les pays de la région) avons donné à Riek Machar quatre jours pour faire connaître sa réponse, et s'il ne le fait pas, nous devrons aller le chercher", a dit Yoweri Museveni, en précisant qu'il s'agissait de le "battre". Le maire de Bor, Nhial Majak Nhial, a appelé la population civile à fuir la ville, capitale de l'Etat de Jonglei qui se trouve au nord de Juba. "Ils ont attaqué le village de Mathiang (à environ 30 km de Bor), y tuant des civils et incendiant leurs maisons", a dit le maire à Reuters. "Ils massacrent les civils !" L'armée sud-soudanaise a déclaré que des affrontements avaient opposé dimanche une unité de reconnaissance militaire à des hommes de l'Armée blanche. Les anciens des tribus ont convaincu durant le week-end bon nombre de miliciens à renoncer à prendre le sentier de la guerre, mais selon les autorités, 5.000 d'entre eux ne les ont pas écoutés. L'Armée blanche ferait marche dans des zones reculées, en grande partie inaccessibles aux journalistes, et il est difficile de ce fait de vérifier leurs effectifs et leurs déplacements.
