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Une nouvelle menace pour la sécurité régionale
Trafic de drogue dure en Afrique de l'Ouest
Publié dans Le Temps d'Algérie le 15 - 04 - 2009

L'Afrique de l'Ouest est devenue depuis peu la plaque tournante du trafic de drogue dure (cocaïne) en direction de l'Europe via
le Maghreb et en provenance de l'Amérique du Sud.
Ce trafic a commencé timidement en 2004, pour connaître son apogée ces dernières années, amenant les Nations unies via son office contre la drogue et le crime (Onudc) à tirer la sonnette d'alarme en organisant notamment fin 208, une rencontre au Cap Vert, regroupant les pays de la région destinée à mettre en place un plan de riposte contre cette véritable menace sur la sécurité et la stabilité régionale. Après les conflits sanglants et les guerres qui ont donné lieu à un vaste trafic d'armes, c'est au tour de la drogue de prendre la relève, générant pour les trafiquants, parfois en col blanc, de juteux revenus.
Selon un rapport de l'office onusien, «le trafic de cocaïne jette de l'huile sur un feu déjà prêt à s'embraser, et les répercussions sont réelles en termes de sécurité», en Afrique de l'Ouest. Les pays maghrébins par où transitent les cargaisons des trafiquants sont également, menacés dans leur sécurité et la santé de leurs populations.La consommation de la cocaïne ne s'est pas encore véritablement développée et étendue dans nos pays, mais elle commence à se faire une place.
Pour l'heure, les services de lutte contre les stupéfiants en Algérie ne saisissent que des quantités infimes de ce poison hautement létal (des centaines de grammes de temps en temps), mais s'il y a des saisies, cela signifie qu'il y en a des adeptes. Les experts d'Interpol estiment à «50 tonnes de cocaïne d'une valeur de 1,8 milliard de dollars» qui transitent par l'Afrique de l'Ouest vers l'Europe, chaque année. L'ONU estime à 1000 tonnes la quantité de drogue qui passe par les pays de la région dans un récent rapport. Il faut savoir qu'un gramme de cocaïne est revendu au détail à 40 euros, soit 1/3 du Smig en Algérie. Ces experts des Nations unies ont pu retracer les routes qu'empruntent les trafiquants pour convoyer la marchandise.
L'Office onusien explique la montée de ce trafic par «une recrudescence de la violence, la contrebande des armes de petit calibre, et une hausse progressive de la criminalité et de la perception de corruption dans les pays touchés d'Afrique de l'Ouest». Les drogues dures amerrissent dans cette région en Guinée-Bissau ou au Ghana. Les saisies s'effectuent en général au Sénégal, au Nigeria, au Mali ou en Guinée, «à bord d'avions commerciaux».
Elles s'effectuent aussi au Maroc, où prolifère depuis toujours la production de cannabis et le trafic de drogue dure. La Guinée est pointée du doigt par l'ONU, qui enjoint à ce pays de renforcer «davantage ses efforts pour se mettre à l'abri des trafiquants internationaux de drogues qui y sont très présents». L'appel s'adresse également à d'autres pays de se protéger contre cette menace qu'est la drogue.
Or, tous les pays menacés ne disposent pas de moyens logistiques pour contrer un tant soit peu les trafiquants qui eux en revanche, n'en manquent pas puisqu'ils ont recours à des embarcations maritimes très puissantes dotées de moyens de communication modernes pour déjouer la surveillance et les poursuites.
Ce n'est pas pour rien que la semaine dernière, les cadres supérieurs en charge de la lutte contre les stupéfiants de nombreux pays de la région, dont l'Algérie, s'étaient retrouvés en conclave dans la capitale togolaise, Lomé, pour arrêter un plan de lutte commun. Ces pays qui sont pour la plupart classés dans les rangs peu honorables des moins avancés du monde, devraient bénéficier d'aides logistiques des pays européens vers lesquels arrivent les drogues.
Gibiers de potence
Or, en dépit des cris d'alarme répétés, les Européens notamment les plus avancés, comme la France, l'Italie et l'Allemagne, se préoccupent d'autre chose que d'aider à resserrer l'étau sur ces «gibiers de potence», des temps modernes, puisque parmi les trafiquants, figurent des personnalités appartenant aux élites africaines. En Guinée par exemple, un fils et un beau-frère du président Lansana Conté, mort en décembre dernier, ont été interpellés pour trafic de drogue. Ils ne l'auraient jamais été si leur père était toujours en vie. Les gros bonnets de la drogue dure, sont capables de tout pour faire prospérer dans l'impunité leur sale trafic. Ils sont ainsi capables de corrompre les politiques et les hauts responsables de sécurité et de la justice, et ainsi acheter silence et complicité.
Cette réalité est malheureusement connue dans les pays pauvres. Il y a 25 ans, l'ambassadeur colombien alors en poste à Alger, expliquait que le cartel de la drogue, dans son pays avait catégoriquement, refusé une proposition des barons de ce trafic au gouvernement colombien de payer la dette extérieure du pays en contrepartie de fermer l'œil sur leurs activités ! Selon un organisme ouest-africain spécialisé contre le blanchiment d'argent, «depuis quelques années, certains pays à court de liquidités regorgent de devises étrangères, qui proviendraient du trafic de drogue».
Est citée à titre d'exemple, par l'ONU, la Guinée-Bissau qui «a reçu 42 millions de dollars d'investissements étrangers en 2006, soit un sixième de son budget total». Il en est de même de la Guinée voisine où «en six ans, les investissements étrangers ont également été multipliés par 10». Le trafic de drogue est paraît-il créateur d'emplois et d'activités légales. Ainsi, à en croire Interpol, «en plus des opérations de blanchiment présumées, une économie parallèle légitime s'était créée pour soutenir le trafic».
«Cette économie tout à fait légale permet de satisfaire aux exigences des trafiquants», rapporte un responsable d'Interpol, en citant «des fabricants de ruban adhésif, qui répondent aux besoins incessants liés à l'emballage de la drogue». Il explique que «les gens qui travaillent dans ces industries et voient leurs revenus grimper seront de nouveau fauchés si nous parvenons à mettre fin aux opérations des trafiquants. Nous avons vu ces gens se livrer à des activités illégales pour conserver leurs revenus, gonflés par la drogue», témoigne-t-il.
Que font donc aujourd'hui les Etats puissants pour aider à combattre le fléau ? Rien sinon essayer de préserver leurs intérêts dans la région comme viennent de le prouver les Etats-Unis et la France, qui ont envoyé début avril deux navires de guerre dans la Golfe de Guinée pour assurer la sécurité énergétique. Selon un expert camerounais, «il s'agit pour ces grands Etats d'utiliser les moyens impressionnants de leurs marines militaires pour sécuriser une zone qui est un grand bassin d'exploration et d'exploitation pétrolière, dans laquelle opèrent un certain nombre de compagnies transnationales».
Quant à la lutte contre la drogue ou autres crimes qui participent à déstabiliser la région, ils n'en ont cure. L'ONU affirme que «les cartels colombiens de la cocaïne ont commencé voici quelques années à faire transiter par l'Afrique de l'Ouest la drogue qu'ils expédient vers les marchés européens, car par les itinéraires traditionnels, les services de lutte contre les stupéfiants saisissaient de plus en plus de cargaisons». Les pays consommateurs le savent.
Vont-ils enfin aider les Etats de la région à organiser une riposte conséquente ou resteront-ils encore trop proches de leurs intérêts énergétiques et commerciaux même si leurs populations sont tuées à petit feu par ces poisons ? Un expert onusien a bien résumé la donne. «Si la drogue ne se vendait pas en Europe, alors l'Afrique de l'Ouest ne serait pas, aujourd'hui, une plaque tournante du trafic de cocaïne». A bon entendeur…


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