Les dégâts qu'occasionne le marché informel à différents secteurs d'activité sont nombreux. A l'instar des autres marchés, celui des poissons subit, lui aussi, les conséquences du marché parallèle. 50% des mandataires dans les produits de la mer ne sont pas inscrits au registre du commerce, selon le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi. S'exprimant au forum de «Liberté», le ministre a dressé un constat sur les différents acteurs de son secteur, notamment les mandataires chargés de commercialiser le poisson. «52% d'entre eux ne sont pas inscrits au registre du commerce et 60% ne délivrent pas de factures», a-t-il précisé. Devant cette situation qui favorise la spéculation, le ministre a annoncé la création d'un corps d'inspecteurs chargé de contrôler toutes les autorités responsables de la pêche et de l'aquaculture, notamment les autorités en charge du commerce informel et les autorités maritimes. «A travers ce corps, nous allons créer un guide de la transparence dans les rapports avec les intervenants du secteur et organiser leurs professions», a-t-il indiqué. Par ailleurs, répondant à une question sur l'augmentation des prix des poissons sur le marché national, notamment la sardine qui a atteint les 800 DA, Ferroukhi a précisé que selon des experts, cette augmentation est liée à quatre raisons, à savoir le déséquilibre entre la consommation et la croissance des ressources halieutiques, le réseau de distribution qui n'est pas organisé, la faible contribution des produits de l'aquaculture et l'indisponibilité des moyens de pêche. Il a également indiqué que la saison joue un rôle important dans la disponibilité de différentes espèces de poisson. «Le mois de mars n'est pas la saison de la sardine», a-t-il souligné. Des arguments qui sont loin de convaincre quand on sait que le prix de la sardine était trois fois moins cher en 2012, à titre d'exemple. A ce propos, le ministre nous a précisé que «la question n'est pas de savoir si ces raisons sont suffisantes ou pas», car selon lui, «sur le plan technique, ce sont les quatre raisons évoquées par les techniciens et les professionnels» qui ont impacté le prix de la sardine. Abordant «le plan Aquapêche 2020», le même responsable est longuement revenu sur ses objectifs à court et à long terme pour développer le secteur de la pêche et de l'aquaculture. Au total, 600 projets dont 400 pour la pêche continentale et l'aquaculture seront lancés au titre de ce programme, a-t-il indiqué. Ces projets, qui permettront la concrétisation d'une production de 100 000 tonnes de poisson, seront développés tant dans les espaces marins que dans les bassins, les retenues collinaires, les plans d'eau des barrages, la pisciculture intégrée à l'agriculture, en plus des cages flottantes, a-t-il précisé. Des conventions avec les banques Interrogé sur les difficultés que rencontrent les investisseurs dans le secteur de la pêche, le ministre a fait savoir que des conventions seront signées le 5 avril avec les différentes institutions chargées d'accompagner les investisseurs, notamment les banques, pour faciliter l'accès aux crédits bancaires. «Ces conventions vont également permettre de bonifier le taux d'intérêt de leurs crédits bancaires», a-t-il ajouté. Le ministre a aussi fait état d'un ambitieux programme de formation continue pour les jeunes entrepreneurs. «Les universités et les centres de formation n'enseignent pas le savoir-faire aux étudiants», a-t-il déploré, ajoutant qu'un large programme de formation continue est prévu pour les jeunes désirant faire carrière dans le secteur de la pêche.