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Terrorisme sans frontières
De l´Afghanistan au Sahel
Publié dans Le Temps d'Algérie le 10 - 05 - 2009

Agadez, Tahoua, Zender, ce sont trois villages nigériens de la région de l´Aïr, dans le nord du Niger, gigantesque réservoir d´uranium exploité par les Français, «voisins» et à la fois tant éloignés d'In Guezzam dont ils se trouvent pourtant à des centaines de kilomètres.C'est dans cette zone où la misère a tous les droits et la distance ne signifie pas grand-chose que la branche d'Al Qaïda pour le Maghreb islamique (Aqmi) a choisi de s'établir.
Plus à l'ouest, toujours en profondeur du sud algérien, dans la région de Gao, autre vaste région désertique dans le nord du Mali, fief des rébellions locales, cette même organisation terroriste y a établi ses bases et ses relais. Les villes algériennes de Timiaouine et Tinzaouatine se trouvent à deux pas de là.

«La terre de personne»
Le nord des pays du Sahel est sorti une première fois de l'anonymat dans les années 1970 après la vague de sécheresse qui a ravagé les populations targuies. Cette région aura, pour son malheur, d'autres occasions de sortir de l'anonymat et devenir le centre d'intérêt des puissances de ce monde, non plus pour son uranium, ni pour la misère de ses populations, mais pour l'insécurité qu'elle représente pour la région, l'Europe et tout l'Occident.
Comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est là que les rébellions locales ont apparu accentuant l'instabilité de cette zone considérée comme l'une des plus pauvres du monde par la FAO. Pour couronner le tout, le terrorisme «islamiste» y fera son apparition durant les premières années de la décennie en cours. Dans cette sorte de «terra nullius» (territoire sans maître). Une terre qui «n'appartient à personne».
Comme la nature a horreur du vide, c'est là que vont prospérer et se côtoyer tous les phénomènes : du trafic de marchandise en tout genre au trafic des personnes en passant par le trafic d'armes et les activités de terrorisme. La région sortira de l'anonymat une seconde puis une troisième fois lorsque le groupe terroriste du GSPC avait fait allégeance à l'organisation de Oussama Ben Laden pour se lancer, depuis deux années, dans les opérations de prise d'otages. De tous les étrangers occidentaux qui passent par-là.
Une trentaine de touristes allemands est kidnappée dans le Sud algérien par les éléments de Ben Mokhtar, scindé en deux groupes. La moitié des otages est libérée après un acte de grande bravoure d'une unité de l'ANP et les ravisseurs exterminés. Les autres ravisseurs sont encerclés par l'armée algérienne pendant plusieurs jours avec le reste des otages.
Or l'Allemagne négocie dans le nord du Mali avec les terroristes et paie la rançon de 5 millions d'euros pour la libération de ses ressortissants. Cet argent servira pour l'achat d'un matériel militaire ultramoderne par Al Qaïda qui a trouvé là une juteuse source de financement de ses activités de terrorisme en Algérie et de plus en plus dans le reste du Maghreb.
Dans cette immensité désertique qui commence au Tchad et finit en Mauritanie, Aqmi poursuit ses rapts contre le paiement de rançons. Six Occidentaux dont les deux fonctionnaires canadiens de l'ONU au Niger sont arrêtés en novembre 2008 et au début de l'année, avant d'être remis en liberté en avril. Un couple d'Autrichiens le sera en territoire tunisien avant d'être transporté dans la région de l'Aïr. Plus récemment, deux touristes occidentaux, un Britannique et un Suisse, sont enlevés par des groupes terroristes dans le nord du Niger.
Il devient de plus en plus évident que les pays d'origine négocient et paient les rançons, un peu comme cela se fait pour les libérations des otages suspectes aux mains des pirates somaliens. La règle du jeu n'est pas observée par ceux qui l'ont inventée. Les services de sécurité algériens sont formels : ce marchandage a accentué le trafic d'armes pour financer les réduits de terrorisme qui sévissent dans certaines régions du nord du pays.
D'ordinaire si exigeants sur le refus de céder aux conditions des terroristes, certains pays européens, une fois confrontés directement à cette épreuve, cèdent. Depuis, les prises d'otages se sont avérées la meilleure source de financement du terrorisme d'Al Qaïda. Ces derniers jours, l'Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, les quatre pays de la région les plus touchés par le terrorisme, décident de passer à l'action, pour la première fois conjointement, et «lancent une offensive militaire contre les groupes d'Al Qaïda pour le Maghreb islamique dans la région du Sahel».
«L'Algérie a apporté un important appui logistique et militaire aux pays du Sahel pour les aider à faire face aux éléments d'Al Qaïda», ont rapporté les agences de presse occidentales.

Le rapport du Pentagone
L'Algérie a pris conscience assez tôt du danger qu'Al Qaïda fait planer sur toute la région, le Sahel, le Maghreb et les pays de la Méditerranée occidentale, à court et à moyen terme. Or, avec les Européens, la coopération anti-Al Qaïda reste au stade diplomatique ou purement policier. Les services de renseignements européens craignent que les Etats du Sahel, «sans grandes ressources économiques et faute d'une base institutionnelle stable», ne soient une proie facile pour Al Qaïda, dont l'objectif est de transformer la partie nord de l'Afrique, du Soudan à la Mauritanie via le Tchad, le Niger et le Mali, en de véritables bases et camps d'entraînement.
Les répercussions directes sur la sécurité européenne, spécialement l'Espagne, sont évidentes, car les connexions de l'Algérie et du Maroc avec l'Europe passent en grande partie par l'Espagne, laissent entendre ces sources. De tous ses voisins, l'Espagne est donc la plus inquiète et pour cause, Al Qaïda assimile désormais «l'Andalousie à l'Irak occupé». C'est dans tous les bulletins sur les sites de l'organisation de Ben Laden. Le gouvernement espagnol prend au sérieux l'objectif que cette organisation terroriste s'est fixé de «libérer les territoires musulmans occupés par l'Espagne au Maghreb, Ceuta et Melilla, et la région de l'Andalousie».
Depuis, jamais les services de renseignements espagnols (CNI) qui prennent très au sérieux cette menace n'ont été aussi présents dans les pays du Sahel, pas seulement pour s'informer du mouvement de l'immigration clandestine vers les Canaries. De nouvelles ambassades ont été ouvertes au Mali et dans le reste des pays du Sahel avec un personnel «hautement spécialisé» là où la présence diplomatique espagnole était insignifiante voilà deux ans. Les pays européens en fait n'ont pas de stratégie pour le Sahel. Les Américains si. Ils le prouveront depuis le début de la seconde moitié de la décennie en cours.
Les Etats-Unis comprennent mieux la menace terroriste depuis le 11 septembre 2001. Ils ont dessiné une nouvelle carte géostratégique plus adaptée aux desseins de leur projet de Grand Moyen-Orient qui commence au Maghreb et finit en Extrême-Orient. En juin 2007, un rapport du Pentagone informait la Maison-Blanche sur la croissante implantation des réseaux d'Al Qaïda au Maghreb.
Pour les auteurs de ce rapport, le secrétaire d'Etat à la Défense de l'époque, Robert Gates, et le chef d'état-major des forces armées américaines, Peter Pace, le Maghreb est la région où l'organisation terroriste de Oussama Ben Laden a le plus «gagné du terrain» depuis son «échec en Irak» et son éloignement - momentané - du territoire afghan.
Au cours d'une conférence de presse à Washington sur le même sujet, Robert Gates avait présenté une carte géographique sur la configuration du «terrorisme islamiste» à l'échelle mondiale, dans laquelle «l'Afrique du Nord est la zone la plus colorée». Par Afrique du Nord, la carte désigne tant les pays du Maghreb que la région du Sahel «convertie en terre de personne où il est facile de faire du trafic d'armes et des entraînements armés».
Pour tous les fonctionnaires nord-américains ayant travaillé sur ce rapport «secret» adressé à George Bush, «la région du Maghreb s'est convertie en une zone politiquement volatile et peu sécurisée» malgré la perte de terrain du GSPC en Algérie et la désarticulation de quelques cellules terroristes en Espagne, au Maroc et en Italie. Ces mêmes experts avancent, entre autres raisons de cette situation explosive, «le flux des fonds provenant d'Arabie Saoudite au profit des musulmans sunnites, une population jeune et désespérée dans une zone de grande instabilité politique».
Le commandement Africom
En juin 2008, les Etats-Unis ont annoncé la mise en marche du futur commandement militaire américain dans le continent pour combattre les activités d'Al Qaïda. Africom, c'est le nom de ce nouveau commandement militaire qui viendra s'ajouter aux cinq existants déjà à travers le monde.
Washington aurait souhaité que son siège soit en Algérie. La demande n'avait pas été faite officiellement, mais insinuée sous forme de ballon sonde à travers la presse, ce à quoi le gouvernement algérien avait réservé une fin de non recevoir, polie mais ferme.
«L'Algérie entretient une étroite relation de coopération antiterroriste avec les Américains mais pas au point d'ouvrir son territoire à l'installation de bases militaires étrangères», estime-t-on dans les milieux diplomatiques. Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Mohamed Bedjaoui, a dû rappeler cette position plus ouvertement.
Deux années après avoir été lancé, le projet de commandement Africom n'a toujours pas de siège. Le Maroc a tenté de faire acte de candidature, mais vainement, pour un projet susceptible de créer 1300 emplois directs. En dehors du Liberia, le reste des pays africains de la région du Sahel avaient soit refusé l'initiative américaine, soit n'étaient pas au courant de ses avantages sociaux.
C'est assurément l'Algérie, par sa position stratégique, son poids, son influence dans la région et surtout l'expérience dans la lutte antiterroriste de ses forces de sécurité, qui intéressait le Pentagone. Ce fut donc un vrai «casse-tête» pour les Etats-Unis pour trouver un pays d'accueil pour Africom dont le chef est le général William Ward. Pour ce général américain établi en Allemagne, les Etats-Unis n'ont demandé «formellement» à aucun pays africain d'abriter le siège de Africom.
Dans ses déclarations à la presse, il affirme que l'objectif de son pays n'est pas «de militariser le continent où le programme d'assistance en matière de sécurité a tellement eu d'effet que beaucoup de pays souhaiteraient une relation plus étroite avec les Etats-Unis». La priorité de Africom, dit-il, «est partout là où la menace existe, là où le terrorisme dispose d'un sanctuaire, s'entraîne ou bénéficie d'une base logistique». Autrement dit le Sahel.
Progressivement donc, les Américains ont développé depuis 2007 un rôle autrement plus actif, plus concret, une action plus institutionnalisée en Afrique que les vieilles puissances coloniales européennes. Une réunion des «chefs des états-majors des pays de la région avait eu lieu le 7 février 2008 à Dakar avec le général américain William Ward. L'objectif est de contrôler le sanctuaire du terrorisme d'Al Qaïda sur une vaste étendue qui chevauche plusieurs pays. Le «plan Sahel» du Pentagone s'est converti aujourd'hui en «Association transsaharienne antiterroriste» (TSCTP).
La TSCTP constate dans ses derniers rapports la faible capacité des Etats subsahariens à faire face seule au terrorisme d'Al Qaïda. Cette région est située dans le prolongement d'une autre zone composée du Sénégal, du Nigeria, du Soudan et de l'Ethiopie, non moins infestée de groupes terroristes par endroits, où activent des imams pakistanais bien formés.
Les Etats-Unis ont décidé de former de petites unités armées du Sahel dans la manipulation de nouvelles armes, dans la mise en place de systèmes de communication et de navigation terrestre ainsi que dans le secourisme des soldats blessés dans des zones éloignées des centres de santé.
Avec l'Algérie, «dont l'armée jouit d'une longue expérience» de lutte antiterroriste, le Pentagone a été «plus loin encore», avait rapporté la presse occidentale qui avait évoqué des «manœuvres» entre les forces algériennes et américaines dans la zone de Tamanrasset.
Enfin, pour ce qui concerne les Etats du Maghreb en tant qu'ensemble, le Pentagone déplore surtout que leurs services de renseignements «coopèrent très peu entre eux». La coopération antiterroriste intermaghrébine transiterait par le biais des «collègues européens» des pays du «5+5».
Avec les pays du Sahel plus impliqués dans la lutte antiterroriste la coopération avec l'Algérie est plus fructueuse parce que présidant d'un réel engagement politique de leurs dirigeants. Aux yeux de certains experts occidentaux en matière de sécurité, la dernière offensive lancée contre les bases sahéliennes avec le soutien logistique de l'Algérie apparaît comme le début d'une véritable et authentique coopération intergouvernementale contre le terrorisme «islamiste» international.


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