Les réactions des partis de l'opposition au dernier message du chef de l'Etat où il annonce la révision de la Constitution confirment, une bonne fois pour toutes, la rupture de confiance entre le pouvoir et l'opposition. L'annonce de la constitutionnalisation d'un mécanisme indépendant de surveillance des élections, qui répond en partie à une demande de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco), n'a pu convaincre cette dernière du bien-fondé des intentions du pouvoir. Au moment où certains préfèrent attendre pour voir plus clair, d'autres évoquent une diversion ou soupçonnent un autre leurre de la part des décideurs. «Le projet de révision constitutionnelle s'est transformé en manœuvre purement politicienne visant à divertir l'attention des véritables défis actuels qui ont pour nom, une impasse politique totale et une crise de régime manifeste», estime Ali Benflis, président du parti Talaie El Houriyet. Pour lui, le message présidentiel «n'a pas d'autre dessein inavoué que de donner un second souffle à cette manœuvre dilatoire et à cette entreprise de diversion qui durent depuis près de quatre ans». «Le message du chef de l'Etat ne doit pas rester dans le domaine des annonces. Nous attendons des actes pour juger dans le fond car les promesses du chef de l'Etat non tenues sont légion. Nous devons rester prudents car on nous a longtemps habitués à des annonces toujours suivies par des perversions et des pollutions», a réagi, pour sa part, le RCD par la voie de son chargé de communication. Ce qui traduit clairement cette crise de confiance. La même attitude est observée par d'autres responsables politiques dont le président du FJD. Abdellah Djaballah a appelé ses «collègues» de la CLTD à ne pas croire aux annonces de Bouteflika. Cette crise de confiance a induit un dialogue de sourds entre le pouvoir qui s'entête à imposer ses choix, et l'opposition qui ne croit plus à aucun acte du pouvoir. Quelles solutions ? Pour les partis politiques, le rétablissement de la confiance entre l'opposition et le pouvoir passe par la mise en place d'institutions légitimes. La spécialiste des questions constitutionnelles, Fatiha Benabbou, estime que la rupture de la confiance entre les gouvernants et les gouvernés, de manière générale, «est dramatique pour le pays». Elle propose quatre solutions pour dépasser cette crise. La plus importante concerne la légitimité des institutions qui passe, selon elle, par l'organisation d'élections libres et transparentes «qui permettent à la société civile d'exprimer sa volonté». Elle plaide également pour la mise en place d'une «justice constitutionnelle» qui vide les conflits entre les citoyens et l'administration. «Il faut mettre en place des valises juridiques qui imposent aux gouvernants de respecter les droits et libertés», a-t-elle expliqué. Fatiha Benabbou soutient que pour rétablir cette confiance, il faudrait que la justice soit indépendante et que les institutions de contrôle jouent leur rôle. «La loi doit être au-dessus de tout le monde», plaide-t-elle encore, ajoutant que «pour pacifier une société, il faudrait que les conflits puissent être vidés soit devant des instances judiciaires indépendantes, soit devant la justice constitutionnelle». Mais en attendant que la confiance soit rétablie, force est de déplorer que ni le pouvoir ni l'opposition ne donnent des signes plausibles pour le lancement d'un véritables débat autour des grandes questions de l'heure.