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Comment on a veillé Aït Ahmed
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11130

Le village Ath Ahmed, dans la commune d'Aït Yahia (Aïn El Hammam), a vécu une journée particulière ce jeudi 31 décembre 2015. Vers 22h30, sur la route menant vers le chef-lieu de commune, un embouteillage monstre s'était déjà formé sur les deux voies.
Des voitures immatriculées de toutes les wilayas du pays déposaient des gens juste à l'entrée du village natal du révolutionnaire. Malgré le froid et la tombée de la nuit, on se bousculait encore pour atteindre le lieu où sera enterré celui que tout le monde appelait Dda El Hocine. Jeunes, vieux, hommes et femmes parcouraient à pied les deux kilomètres qui mènent vers le mausolée de Cheikh Mohand Oulhoucine, où se tenait la veillée religieuse. En ce dernier jour de l'an 2015, un seul évènement focalisait l'actualité, pas seulement au petit hameau d'Ath Ahmed mais un peu partout à travers l'Algérie.
On venait de partout. De Sétif, de Béjaïa, de Constantine, d'Oran et même du lointain Béchar pour lui rendre un dernier hommage. «Je suis venu de Sétif pour assister aux funérailles de Dda L'Hocine. C'est un devoir, j'ai laissé mon travail et la fête de fin d'année en famille pour venir passer la nuit ici au village de celui que je considère comme l'un des héros de la Révolution et le plus grand militant de la démocratie et des droits de l'homme en Algérie», nous confie un citoyen rencontré à l'entrée du village, pressant le pas pour rejoindre la petite place du mausolée où se tenait encore la traditionnelle veillée religieuse.
Des versets coraniques suivis par des chants religieux retentissaient de l'intérieur du grand chapiteau dressé à côté de la future tombe de feu Aït Ahmed. Dès les premières heures de la matinée de ce jeudi 31 décembre, le village habité à peine par quelque 200 âmes est devenu comme le centre du monde. Seuls ou par groupes, on s'y rendait pour présenter les condoléances à la famille de Hocine Aït Ahmed. Anonymes ou personnes connues, on se bousculait pour jeter un regard sur le lieu où reposera pour l'éternité celui qui incarne «la grandeur par sa modestie», pour reprendre les termes de ce septuagénaire militant du FFS venu d'Alger pour «rencontrer celui qui nous a tous inculqué les valeurs de l'humanisme et de la démocratie».
A peine notre interlocuteur a-t-il terminé sa phrase qu'on nous apprend que le célèbre chanteur Lounis Aït Menguellet est arrivé. Entouré par des membres du comité d'organisation, l'artiste, les traits fatigués et le visage peiné, se dirige droit vers la maison familiale de Dda L'Hocine pour présenter ses condoléances aux cousins et proches du défunt sans aucun protocole comme l'a souhaité Aït Ahmed de son vivant.
Toute l'Algérie au rendez-vous
Son vœu a été respecté à la lettre par la famille au village mais aussi par les militants du FFS qui se sont mobilisés comme un seul homme pour réussir l'événement. A l'école primaire du village Ath Ahmed, une centaine de militants du FFS représentant les sections locales du parti dans la wilaya de Tizi Ouzou ont tenu une réunion pour ficeler le programme des funérailles. A 13h, on se préparait à mettre en place le dispositif pour la soirée de jeudi au niveau du village pour la veillée funèbre et surtout la journée tant attendue, à savoir celle de vendredi, jour de l'enterrement. «Nous sommes ici pour remettre aux représentants des sections communales du parti au niveau de la wilaya ainsi qu'a ceux qui s'occupent de l'organisation des funérailles, ici même à Ath Ahmed, le plan de travail qui sera mis en place à tous les niveaux», nous a déclaré Merzouk, un membre du comité d'organisation.
Il faut dire que de ce côté, rien n'a été laissé au hasard : tout était ficelé à l'avance depuis plus d'une semaine au niveau de la fédération du FFS à Tizi Ouzou. «Nous sommes mobilisés depuis jeudi dernier pour mettre en place un programme d'organisation des funérailles, ce n'est pas une mince affaire vu l'ampleur de l'événement que le parti n'a jamais connu depuis son retour sur la scène politique en 1989. Nous avons tout prévu sauf de voir Si El Hocine, le fondateur du parti, nous quitter un jour et ce n'est qu'après l'annonce de la triste nouvelle qu'on s'est rendu compte de l'ampleur de la grandeur de l'homme non pas au niveau du parti mais bien entendu par rapport à tout ce qu'il suscite comme aura auprès du peuple algérien», a indiqué Mokrane Adad, militant du FFS venu de Beni Yenni assurer l'organisation au niveau du village Ath Ahmed. Le village est connu pour son célèbre mausolée qui reçoit au quotidien, depuis plus d'un siècle, des pèlerins au mausolée du saint patron Cheikh Mohand Oulhoucine, devenu en l'espace d'une semaine un repère pour célébrer une icône politique hors pair et un humaniste universel.
«On peut ne pas partager certaines de ses positions politiques mais on ne peut jamais lui reprocher son combat pour la libération du pays et l'instauration d'un Etat démocratique», témoigne Dda Djilali Bouagache, beau-frère de Hocine Aït Ahmed, qui nous a reçu dans le salon familial autour d'un couscous traditionnel. «Feu Si El Hocine mangeait un couscous aux légumes cuits à la vapeur : c'est son plat préféré», a-t-il témoigné avant d'ajouter «je l'ai vu pour la première fois ici même au village à son retour d'exil en 1989. Je n'ai jamais porté de carte de militant du FFS mais j'ai toujours épousé sans réserve les idéaux du défunt. Un homme qui aime son pays au-delà de tout autre chose. c'est quelqu'un qui a refusé tout privilège matériel pour se consacrer à lutter pour la démocratie et les droits de l'homme, après avoir consacré sa jeunesse pour la libération du pays». Il a tenu à préciser que son beau-frère a été toujours un homme de paix.
«Si El Hocine ne s'est jamais attaqué aux personnes même au sein du régime qu'il vilipendait avec véhémence jusqu'au dernier souffle de sa vie. C'est quelqu'un qui a toujours milité pour la paix dans son pays et à travers le monde», a-t-il indiqué.
«Aït Ahmed - Boudiaf, un même combat»
L'un des moments forts des funérailles de Hocine Aït Ahmed était l'arrivée de Nacer, fils aîné de Mohamed Boudiaf, au village Ath Ahmed, pour présenter ses condoléances à la famille du défunt. Il a tenu à préciser qu'il est venu «se recueillir à la mémoire de l'ami et compagnon de mon père». Arrivé au village vers 19h30, dans la soirée de jeudi, Nacer Boudiaf, très ému, a été accueilli avec ferveur par les citoyens du village et les membres de la famille du défunt. Entouré de toutes parts, le fils du défunt président du HCE a trouvé toutes les peines du monde pour passer les quelques mètres pour arriver à l'entrée de la maison familiale du défunt.
La voix exténuée par l'émotion et les yeux larmoyants, Nacer Boudiaf a accepté volontiers de prendre le micro pour dire quelques mots en hommage à feu Hocine Aït Ahmed. «J'ai tenu à venir ici au village pour présenter mes condoléances à sa famille et surtout rendre hommage à un grand homme qui a tout donné pour la libération du pays et qui a lutté après l'indépendance pour l'instauration de la démocratie et des droits de l'homme. Le combat de feu Hocine Aït Ahmed se rejoint avec celui de mon défunt père : deux hommes qui avaient la même trajectoire et ironie de l'histoire, lors de l'affaire du détournement de l'avion des Cinq en 1956, Boudiaf et Aït Ahmed étaient enchaînés ensemble.
Cela prouve que les deux hommes étaient des proches même dans les moments difficiles», lance-t-il avec émotion et de poursuivre, «nous venons de perdre un autre monument de notre glorieuse Histoire mais nous devons perpétuer le combat de tous ces hommes de la trempe de Hocine Aït Ahmed. A nous de relayer le flambeau qu'ils nous ont légué car cette Algérie nous appartient tous», conclut-il sous les applaudissements nourris des présents.


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