Dès qu'on entame la descente à partir d'Aghribs, Azeffoun apparaît au loin. Une anse autour de la grande bleue. Alors que cette bourgade est considérée comme la station balnéaire la plus importante de la wilaya de Tizi Ouzou, son développement accuse un retard comparativement à sa dimension touristique. Parler de détente ou de pèlerinage en mer pendant la saison estivale dans les régions du centre du pays et surtout en Kabylie nous fait penser machinalement au nom d'Azeffoun, une station balnéaire considérée comme la perle de la Kabylie maritime. C'est ainsi que cette région qui propose aux touristes pas moins de cinq plages surveillées restera l'un des grands pôles maritimes de Kabylie. Les plages de Melata, Takeroubt, centre-ville, Sidi Khelifa ou encore Le Petit paradis grouillent de monde tout au long des saisons estivales. Mais il reste que la gestion économique de tout ce potentiel touristique reste défectueuse, selon l'association des commerçants de cette commune, qui relèveront que la préparation de la saison estivale doit se faire très tôt, soit bien avant le début de l'été afin de permettre aux commerçants de s'organiser et de préparer les moyens et les commodités nécessaires avant l'arrivée du grand flux des vacanciers. L'économie d'Azeffoun reposera, par ailleurs et tout le long de l'année, sur le petit port de pêche en attendant un plus grand, annoncé depuis des années. Le long du port, un grand nombre de restaurateurs proposent une gastronomie à base de crustacés et de poissons de tout genre. Manque d'infrastructures Le développement de l'infrastructure touristique, qui doit se faire en premier lieu par la mise en place d'importants établissements pour accueillir les estivants qui affluent vers les plages d'Azeffoun est quasiment absent ou minime. Les infrastructures érigées par des partenariats privés restent plus ou moins insuffisants. Ceci sans pour autant omettre de parler de deux grands projets destinés à cette commune et qui restent à l'abandon. A commencer par le projet du plus grand port d'Afrique, annoncé dans les années soixante-dix. Il devrait comprendre trois quais (marchandises, voyageurs et pêche). Le projet est resté lettre morte. Ceci alors que le barrage de Sidi Khelifa inscrit dans le plan quinquennal précédent qui devait atténuer la pénurie d'eau potable dont souffrent les communes de l'est de la Kabylie maritime et éviter d'aller vers le dessalement d'eau de mer, reste dans un état stationnaire. Il devait rentrer en activité dès cette année, selon l'étude faite auparavant. Après quelques travaux de terrassement en 2013, le chantier a été abandonné. Par ailleurs, sur le plan de la circulation, la seule route qui mène vers Azeffoun, et plus à l'est vers les plages de Sidi Khelifa et Le Petit paradis, étouffe pendant la saison estivale. Pour y remédier, une nouvelle route adjacente est prévue, allant d'Aït Chaffaâ vers Azazga en passant par Akerrou. Une piste longue de 8 km a été déjà ouverte entre Aït Chaffaâ et Akerrou, mais sans plus. Le tracé de cette route est bel et bien fait, mais le projet attend dans les tiroirs. Rencontré sur place, un ancien moudjahid nous dira que «la daïra d'Azeffoun qui a donné beaucoup d'hommes à la nation», en énumérant une longue liste d'artistes et de révolutionnaires issus de cette région, «doit être considérée et réhabilitée». Au niveau du chef-lieu de commune d'Azeffoun, on relèvera l'abandon des travaux d'aménagement des trottoirs, «qui se sont arrêtés subitement», selon les citoyens qui font remarquer par ailleurs que cette ville qui comprend plusieurs vestiges de l'ère coloniale doit bénéficier de plus d'attention de la part des pouvoirs publics, tenant compte de sa dimension touristique. A titre d'exemple, le siège de la poste de la ville date d'un siècle. Lors de notre virée dans cette coquette région, on nous fera remarquer qu'à Azeffoun, il existe deux structures sanitaires (un hôpital et une polyclinique) qui ne font pas le poids d'un seul, puisque les deux ferment en fin d'après-midi, selon les citoyens, d'où la nécessité de mettre en place une meilleure politique de gestion de ces deux infrastructures. Par ailleurs, les citoyens demandent la mise en place d'une nouvelle carte sanitaire qui devra intégrer la réalisation d'une polyclinique dans la commune d'Akerrou afin de d'atténuer la charge sur les infrastructures de la ville d'Azeffoun. Toujours au sujet de la commune d'Akerrou, nous signalerons que les citoyens sont optimistes pour le déroulement des travaux de raccordement au gaz de ville qui va éradiquer le déboisement que génère la collecte de bois de chauffage pendant l'hiver. Ceci sans omettre de noter le massif forestier de cette région qui a aussi beaucoup souffert d'incendies qui s'étend entre Tifrit Nait El Hadj et Zekri. Cette dernière reste l'une des trois communes de Kabylie dépourvues de gaz naturel. En plus du reboisement, l'agriculture de montagne se doit d'être encouragée dans la contrée d'Azeffoun, où de nombreux projets de jeunes ont vu le jour dans le cadre des dispositifs Ansej, Cnac et Angem incluant différentes sortes d'élevage dont le caprin qui a fait irruption ces dernières années dans les paysages de la région. Berceau de figures emblématiques
La localité d'Azeffoun a donné de nombreuses figures emblématiques qui ont marqué l'histoire contemporaine de l'Algérie, comme les révolutionnaires Didouche Mourad, Yacef Saâdi, Taleb Abderrahmane, Ourida Meddad et le capitaine Si Abdellah. Dans l'art de la peinture, M'hamed Issiakhem, en plus d'hommes de lettres et poètes Tahar Djaout, Bachir Hadj Ali, Mohamed Aouine, alors que dans la musique, on retiendra le nom de Boudjemaâ El Ankis, Mohamed Allaoua, Mohamed Iguerbouchène, Hadj El Anka, et au cinéma Ahmed Ayad Rouiched, Mohamed Fellag, Mohamed et Said Hilmi et Mohamed Ifticène. Historiquement parlant, du temps des Romains, Azeffoun s'appelait Ruzasus. Ce fut une base militaire stratégique en raison de sa situation géographique, bordée au sud par des montagnes s'élevant à 500 m d'altitude et à l'est par la région de Béjaïa qui fut au temps de la dynastie des Hammadites une capitale qui a marqué son passage dans l'histoire de l'Algérie. La ville, construite au temps de la colonisation française, baptisée Port-Gueydon, surplombe la mer à partir d'une colline qui descend en perpendiculaire du mont Tamgout. Le port de pêche est la première infrastructure à y voir le jour. Dans le passé, des dizaines de villages occupaient son espace géographique délimité au sud-est par Ighil Tafraout Jehma et Zekri et au sud-ouest par les villages d'Abizar et de Timizart N'sidi Mansour. Elle sert de jonction entre les deux Kabylies, Béjaïa n'étant qu'à 83 kilomètres de la limite est de la daïra d'Azeffoun. Les vestiges sont de nos jours visibles et témoignent d'un passé prestigieux : les thermes, les silos à grain, les murs d'enceinte. Un grand nombre d'objets remontent à la surface ici et là au gré des fouilles impromptues entreprises par les habitants lors de travaux divers : labours, construction de maisons, etc. Faute d'un sauvetage du site archéologique, le risque est énorme pour le village kabyle de Thaddart Ouzzefoun qui fait partie des deux principaux sites archéologiques avec les allées d'Aït Rhouna. Avec une population avoisinant les 16 847 habitants, répartis sur 53 villages sur une superficie de 126,66 km2, Azeffoun attend toujours son développement.