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Ahmed Rouadjia, professeur d'histoire et de sociologie politique : «L'avenir nous dira s'il s'agit d'une Constitution démocratique ou d'une ruse politique»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11130

L'avant-projet de révision de la Loi fondamentale, dévoilé la semaine dernière, continue de soulever une salve de critiques de toutes parts. Si les partis proches du pouvoir ont naturellement applaudi des deux mains et exprimé leur satisfaction, ceux de l'opposition ont tout aussi naturellement dénoncé un document «décevant».
Mais pas seulement, puisque des experts, des juristes, des analystes et d'anciens acteurs politiques ont rejoint le camp des déçus, jugeant la mouture finale en deçà des attentes.
D'autres encore pensent que cet avant-projet pèche par sa «lourdeur», sa «confusion» et parfois par des détails «inutiles».
En revanche, quasiment tous saluent l'officialisation de tamazight qui semble faire consensus mis à part la sortie des rangs de l'inamovible Djaballah.
Dans l'entretien ci-dessous, le professeur Ahmed Rouadjia donne ses appréciations acidulées, allant même jusqu'à douter des intentions démocratiques prêtées à cet avant-projet.
Le Temps d'Algérie : Quel regard portez-vous sur les nouvelles dispositions contenues dans l'avant-projet de révision de la Constitution ?
Ahmed Rouadjia : Toutes ces nouvelles dispositions censées «enrichir» la Constitution algérienne en lui donnant un caractère plus «moderne» et plus conforme à «l'Etat de droit» ne sont rien de moins, selon nous, qu'une duperie dans la mesure où la Constitution déjà existante et qui comporte théoriquement des principes juridiques et des lois qui n'ont rien à envier aux pays démocratiques, n'ont jamais été appliqués. Appliquons d'abord la Constitution actuelle qui renferme le principe selon lequel nul n'est au-dessus de la loi, qui affirme déjà dans ses dispositions la liberté d'expression, d'opinion, d'association, ainsi que la protection des libertés individuelles et collectives. Dans cette Constitution, il est même dit que le juge est impartial et que la justice est indépendante de l'Exécutif, du gouvernement.
Quand on sait que toutes ces dispositions inscrites en lettres noires dans la Constitution n'ont jamais été appliquées, l'on se demande pourquoi et dans quels objectifs précis propose-t-on la révision de la Constitution ? L'officialisation de la langue amazighe n'est qu'une opération de séduction idéologique destinée à des populations revendicatives et fortement attachées à leurs identités spécifiques. En y faisant une langue officielle (elle est déjà nationale) de jure et de facto, elle ne fera pas progresser d'un iota la démocratie en Algérie, laquelle demande l'alternance politique qui passe par une véritable représentation politique dans laquelle le dernier mot revient aux électeurs, aux urnes, et non au système de désignation et de cooptation des petits et des grands responsables de l'Etat.
En désignant par le jeu du clientélisme et de la cooptation de hauts responsables à la tête de l'Etat, des responsables dont les compétences se révèlent franchement médiocres, on en arrive à des situations aberrantes, et parfois calamiteuses et qui se ressentent sur la gestion des affaires publiques, comme ces ministres – hommes et femmes – qui multiplient les «gaffes» et les impairs en matière de communication politique, tout en gérant leurs secteurs respectifs de manière brouillonne.
Les promoteurs de la nouvelle Constitution parlent, eux, d'avancées notables sur bien des plans : Etat de droit, renforcement de la pratique démocratique…
Oui, des «avancées notables» comme vous dites, mais ce sont des avancées purement théoriques et qui ressortent plus de «l'emprunt», de l'imitation des formules des différentes Constitutions européennes, et notamment française.
En effet, les «avancées» ont toujours été «notables» en Algérie par le biais des emprunts de toutes sortes, tel le costume, le style, la langue, la pose, sans oublier le LMD importé et plaqué à la réalité algérienne.
Je pense que cette révision de la Constitution annoncée avec fracas n'est qu'un alibi destiné à tromper les attentes impatientes d'un peuple las de tant de discours creux et de promesses vaines.
L'avenir seul nous dira s'il s'agit d'une Constitution qui ouvre une nouvelle ère de liberté et de démocratie ou d'une ruse politique destinée à endormir la vigilance des populations.
Vous pensez que la nouvelle Constitution n'aura au final aucune retombée positive sur la vie politique du pays ?
Avant de répondre à cette question, il convient d'abord de se demander qui conçoit cette nouvelle Constitution et qui se chargera de son application concrète ? Ceux qui élaborent ces nouvelles dispositions, tout comme ceux qui leur dictent de les mettre en forme sont issus du vieux système politique algérien dont les hommes, en dépit de leur renouvellement et de leur rajeunissement quasi «annuel», demeurent fortement pétris d'une culture si patriarcale qu'ils sont rétifs à tout changement radical dans l'ordre des choses ancien et nouveau.
On ne saurait en effet construire du «neuf» à partir des matériaux anciens, usés ou vermoulus. Or, le système politique algérien est frappé d'ankylose, et la culture politique et juridique qui préside aux conduites et aux représentations des hommes du pouvoir d'Etat se montre imperméable aux idées de la démocratie et de l'alternance politique. Il ne suffit pas de copier les grands principes exogènes, de droit et de démocratie, encore faut-il être capable de les produire soi-même et de les appliquer conformément à l'éthique de l'action politique que l'on se donne.
Pour conclure, je dirai en quelques mots que cette révision de la Constitution annoncée avec grand bruit et tintamarre, n'aura absolument aucune incidence ni retombées positives sur la marche de la vie politique et sociale du pays. Opération alibi, elle tente d'anticiper les réactions des populations en leur faisant miroiter des changements politiques et économiques radieux.


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