Depuis quelques années, Massinissa Aït Ourabah dirige l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) de la wilaya. Il a à sa charge tout le patrimoine historique de la ville. Il passe son temps à aller d'un site à un autre pour prévenir les vols, de pierres notamment, ou toute autre atteinte aux monuments historiques de la cité. Pour lui, grimper jusqu'à Santa Cruz, au sommet du Murdjajo qui surplombe la ville, est devenu un exercice d'enfant. En tout cas, il n'est pas aisé de marcher avec lui dans son périmètre vital, trop sollicité qu'il est. Son profil correspond au parfait «alerteur». Malgré cette charge, il trouve le temps d'animer deux émissions de radio à El Bahia. Une, quotidienne, intitulée «Au fond d'Oran» et l'autre, hebdomadaire, «Dans l'œil de la mémoire». Ces émissions tournent autour du patrimoine au sens large du terme : le parler oranais, les monuments de la ville, les coutûmes ancestrales, la musique oranaise, les personnages illustres de la ville, etc. Au fil du temps, il a acquis l'expérience de la présentation, ce qui plaît aux auditeurs devenus fans de ses émissions. Ces dernières sont interactives puisqu'il offre la possibilité aux gens d'intervenir pour émettre un avis ou une remarque. Par ailleurs, Massi ne s'encombre pas de la question de la langue et, souvent, opte pour la diglossie, c'est-à-dire il passe allègrement du parler en arabe au français au kabyle et même à l'espagnol. Le plus souvent, notre animateur invite un connaisseur reconnu de la question qu'il traite durant son émission. Parmi les auditeurs qu'il a réussi à fidéliser, les chauffeurs de taxi figurent en bonne place. En évoquant les secrets de la ville, surtout ses charmes cachés, il a suscité leur curiosité et leur intérêt, eux, qui passent leur temps à parcourir les rues et les venelles de la ville sans leur prêter la moindre attention. L'un d'eux nous dira : «Grâce à cette émission, on peut répondre à la demande des étrangers et des touristes qui cherchent à découvrir un autre visage de la wilaya que le Front de mer.» Quand il a proposé la visite des tunnels de la ville, un trésor touristique complètement ignoré par les institutions chargé de ce secteur, il a été surpris par la foule venue satisfaire sa curiosité. Parmi elle, il y avait bon nombre de chauffeurs de taxi. En dehors de cette catégorie, les femmes au foyer constituent une bonne proportion de son auditoire. Pour preuve, le standard de la station a carrément explosé lors d'une émission, nous dira un de ses invités. Et l'essentiel des intervenants était des femmes, ajoute-t-il. En un mot, ses émissions, de l'avis de plusieurs témoins, deviennent un véritable outil pour s'informer et se cultiver. Il est devenu une vedette de la radio El Bahia sans «avoir la grosse tête». Il est toujours à l'affut de connaissances et ne ménage pas ses efforts pour contacter et inviter un tel ou un tel qui peut apporter un plus à ses auditeurs. Mais il est toujours angoissé parce qu'il sait que les richesses de sa ville sont condamnées à la disparition. Sauf prise de conscience des responsables !