Dans l'antique Rusicade (actuelle Skikda), des trésors parmi les plus importants d'Algérie ont été rasés par le colonisateur français en 1884, pour y installer unr ville coloniale : Philippeville. Durant ce massacre, un cirque (amphithéâtre romain) en parfait état de conservation a été complètement démoli pour construire les remparts qui entouraient Philippeville. Ce cirque était unique non seulement en Algérie mais dans toute l'Afrique du Nord. Il avait la particularité de posséder les installations qui permettaient de faire des naumachies. En effet, le cirque était non loin d'une rivière dont on pouvait détourner l'eau pour inonder l'arène et effectuer des spectacles de batailles navales : les naumachies. Cette disposition à deux fins, combats navals et jeux de cirque, était assez rare. En effet, on comptait alors, avec celui de Skikda (Rusicade), 5 cirques de ce type dans tout l'Empire romain : Rusicade (Skikda), Colisée (Rome), Cyzique (ville de Phrygie en Asie mineure, actuelle Turquie), Pergame (ville de Mysie en Asie mineure, actuelle Turquie) et Corinthe (Grèce). C'est dire quelle merveille l'Algérie, et Skikda particulièrement, possédaient alors. Il y a de quoi s'indigner devant tant de gâchis. A ce sujet, M. Charles Vars a écrit dans son ouvrage Les villes romaines d'Algérie - Rusicade et Stora ou Philippeville dans l'antiquité (1896) : «Nous arriverons bientôt sur les bords d'un petit cours d'eau coulant dans le fond du vallon qui se creuse entre les pentes des collines qui forment l'ensemble du massif montagneux. C'est des deux côtés de ce cours d'eau que s'élevait l'amphithéâtre dont les troupes du général Négrier admirèrent la magnificence, le 10 avril 1838, lorsqu'elles campèrent au milieu des ruines de Rusicade». Il ajoute : «Notre honneur de peuple civilisé a subi dans ce vallon un de ses plus graves échecs. C'est nous-mêmes qui avons porté des mains impies sur ces grands restes de l'antiquité. C'est le génie militaire qui a prononcé et mis à exécution l'odieuse sentence de destruction». Mme Ghania Chakrit, conseillère culturelle auprès de la wilaya de Skikda, nous donne un aperçu des sites archéologiques de la période préhistorique. Elle nous informe de l'existence d'une vingtaine de sites répandus à travers la wilaya : Le site H'djar Mafrouche, situé à Aïn Kechra, qui remonte à l'époque préhistorique, contient des outillages de cette époque. Il y a aussi, un site de dolmens, situé à Collo, qui remonte à environ 80 000 années avant J.C. La sensibilisation Quant aux sites de l'époque romaine, on peut citer : la voûte romaine, les sept puits, le site de parti anise qui se trouve dans la commune de Filfila, cette dernière réputée pour ses marbres blancs, le site de Rdjal El Kalaâ près de la belle plage de Oued Bibi, à quelques kilomètres de Skikda. Il existe également deux bourgades romaines, l'une à Ramdane- Djamal et l'autre à Salah-Bouchaour. Mme Chakrit nous informe également qu'«une grotte merveilleuse a été découverte en février 2006 sur la crête de Bekouche- Lakhdar, Skikda et Guelma, par une société chinoise (sino-hydro) lors de la réalisation d'un projet d'aménagement d'un périmètre d'irrigation du barrage Zit El Aanba. Cette grotte contient des formations naturelles de stalactites et de stalagmites, ainsi que des gouffres continus qui peuvent constituer un site touristique, compte tenu de la splendeur du paysage qui s'y trouve sur toute la périphérie du barrage. Selon Mme Chakrit, «plusieurs associations avaient sollicité le président de l'APC de la commune de Bekkouche-Lakhdar pour l'exploitation de ce site», mais leur demande est restée vaine. Par ailleurs, au niveau national, le patrimoine algérien a connu d'innombrables vols et pillages. C'est un pillage en règle que subit notre patrimoine culturel depuis de longues années. Malgré la convention internationale sur la sauvegarde et la protection du patrimoine culturel, il reste que certains pays se distinguent par le manque de coopération et l'absence de contrôle. La sensibilisation est d'une importance primordiale, en particulier celle des services de police locaux, responsables des musées et tous les acteurs du domaine pour qu'ils arrivent à assimiler l'importance et la valeur pécuniaire, historique et identitaire de ces objets.