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«Nul n'est propriétaire d'aucune religion»
L'écrivain Kébir Mustapha Ammi parle de la folie humaine
Publié dans Le Temps d'Algérie le 21 - 06 - 2009

Ce nouveau roman Les vertus immorales de Kébir Mustapha Ammi paru aux éditions Gallimard au mois de mars 2009 recentre le débat sur l'instrumentalisation de la religion avec comme toile de fond un roman épique qui nous emmène dans les dédales du XVIe siècle dans une Espagne en proie à l'Inquisition, une France meurtrie par les guerres intestines et la découverte du nouveau monde.

L'auteur de père algérien et de mère marocaine a une imagination fertile et féconde. Celle-ci le fait voyager à travers le monde. Il fait une incursion dans ce Maghreb et cet Occident, perçus comme un modèle, pour témoigner que la barbarie, la félonie, la vénalité et l'intolérance sont malheureusement universelles. Quelle que soit la latitude, les hommes ont les mêmes vertus et défauts.
Ce roman qui se passe à une période ancienne reste d'actualité tant les évènements se ressemblent.Dans cet entretien, Kébir Mustapha Ammi explique la folie du monde et la bêtise humaine.
Pourquoi ce titre Les vertus immorales ?
Pour dénoncer les vertueux, ceux – et ils sont nombreux chez nous notamment, même s'il en existe ailleurs aussi – qui professionnalisent la vertu.
Ces gens, je voulais les épingler dès le titre, puisque le roman tourne autour de l'instrumentalisation de la religion : christianisme, Islam... Ils tiennent le haut du pavé, parce qu'ils croient que leurs propos les autorisent à cela... Ce sont des gens d'une immoralité exemplaire. Ils parlent fort, invoquent le ciel, intimident, menacent, mais il ne faut pas se laisser impressionner par eux. Nul n'est propriétaire d'aucune religion.
Le créateur est seul juge ! Evitons de diaboliser ceux qui ne croient pas comme nous, tout simplement parce qu'ils sont nés dans d'autres religions ou sur d'autres continents ! Gardons-nous de leur faire porter tous les péchés et tous les crimes.
Les vertus immorales sont un roman épique, d'aventures, qui retrace une époque donnée ; pourquoi ce choix ?
J'aime les romans d'aventures, je suis un très grand lecteur de Joseph Conrad, par exemple. Lord Jim est pour moi un absolu chef-d'œuvre. Je voulais donc, tout en racontant une histoire pleine de rebondissements, me livrer à un certain nombre de questions.
Car pour moi, le roman n'est pas qu'un divertissement ; il est aussi et surtout un lieu de questionnements. Le romancier soumet le réel au feu de ses questions. Il ne donne pas de solutions ni de réponses. Il faut se méfier du romancier qui prétendrait détenir quelque clef que ce soit ou savoir ce qu'il faut faire, où il faut aller... Quant à l'époque, j'ai choisi le XVIe siècle, car il ressemble étrangement à notre siècle : les mêmes tensions entre les religions, les cultures, les civilisations...
Cela m'a donné la possibilité de mettre le doigt là où ça fait mal. Pour un romancier, ce sont les dysfonctionnements d'une société, la sienne, qui importent. Et puis, il faut balayer devant sa porte, si l'on veut être crédible. Il ne faut pas attendre que les autres le fassent à notre place.
Dans ce roman, votre imagination est débordante ; on sent que vous appréciez ce côté aventurier et citoyen du monde ; votre avis ?
J'ai eu beaucoup de plaisir à écrire ce roman même si certaines fois, ce n'était pas bien facile. Il marque un peu un tournant. Je voulais expérimenter de nouvelles choses. J'ai eu l'audace d'une construction qui emprunte beaucoup à la musique.
J'avais le désir de sortir le roman d'un espace beaucoup trop maroco-maghrébin. Oui, il y a, comme vous le dites, chez mon héros, comme chez moi, ce désir d'être un citoyen du monde, un romancier qui échappe un peu au confinement exclusif d'un espace, à savoir le Maroc ou le Maghreb. Je crois que le romancier doit explorer d'autres espaces, il doit revendiquer un espace plus grand que celui de sa naissance. Même s'il parle de sa tribu et à sa tribu, il doit voir ce qui se passe ailleurs, intégrer ce qui se passe ailleurs. Nous devons tous vivre ensemble.
Dans l'harmonie et la bonne intelligence. Il est du devoir du romancier, entre autres, de chercher la route qui mène aux autres. Nous avons le bonheur au Maghreb d'avoir un compatriote, Apulée, qui a entrouvert les portes du roman avec L'âne d'Or, continuons dans cette voie, n'ayons pas peur des autres, ils sont à notre image. Approprions-nous, sans complexe, de leurs richesses et partageons avec eux ce que nous possédons.
Dans cet ouvrage, il y a beaucoup de violence. Est-ce le contexte qui l'exigeait ?
Il y a, vous avez raison, beaucoup de violence. Mais la violence n'est jamais gratuite. Il n'y a pas, je crois, une complaisance dans l'évocation de la violence. Mais cette violence était nécessaire, je ne pouvais pas faire l'impasse sur elle. Elle fait partie intégrante de l'époque et du monde. Pour la dénoncer, puisque c'est cela mon but ultime, il fallait la donner à voir.
On ne combat mieux que ce qu'on identifie. Moumen, mon héros, fait l'expérience de cette violence, en tant que victime et en tant qu'auteur.
Votre héros dans sa démarche tente de montrer cette tolérance en acceptant de se faire passer pour un
Espagnol. Pourquoi ?C'était le seul moyen pour lui de rester en vie. Il ne pouvait pas, en pleine Inquisition, en Espagne, ou à la veille des guerres des religions, en France, révéler qu'il venait d'un pays musulman. Il aurait purement et simplement signé son arrêt de mort.
Il est donc contraint de trafiquer son identité, de ruser, d'user de subterfuges. C'est un homme rompu aux astuces de son époque. Il est au fait de la nature humaine, ayant vécu ce qu'il a vécu. Il sait que pour durer, il doit se livrer à ce que, du fond de son âme, il réprouve. Il doit se masquer, masquer sa vraie nature...
Quels sont vos projets littéraires ?
Une pièce de théâtre, Fragments de silence, sur les harraga. Je voulais parler de ces candidats à l'exil à l'instant ultilme. Ils sont dans les environs de Tanger, dans la nuit noire, telles des ombres, face aux lumières de l'Espagne si proche, ils sont sur le point de se jeter à l'eau.
J'explore leur âme. Ils ont tout laissé derrière eux. Ces damnés, venus de toute l'Afrique, se livrent à un dernier dialogue avant le saut final dans les eaux tourmentées du détroit de Gibraltar. La pièce va être montée à Paris, au Tarmac, le Théâtre International de la Villette...


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