L'organisation de manifestations culturelles au niveau national pour les années à venir est sérieusement menacée par la crise économique que traverse notre pays. La réduction drastique du budget destiné au ministère de la Culture, qui subventionne la majeure partie des festivals et autres journées culturelles, risque de voir plusieurs de ces manifestations disparaître. Le budget annuel du ministère de la Culture s'est réduit comme une peau de chagrin en deux années seulement. L'enveloppe allouée à ce secteur en 2015 était de 25,7 milliards de dinars, alors que dans le projet de loi de finances pour 2017, il est prévu 16,005 milliards de dinars seulement. Soit une réduction de presque 50%. Cet état de faitS risque de voir s'installer un désert culturel sur la scène nationale. D'autant plus que l'Etat s'entête à s'attacher à son monopole dans ce secteur, mettant de côté l'initiative privée, soumise à différentes sortes de blocages. La politique adoptée durant les années fastes dans la gestion des manifestations à caractère culturel a été marquée par une gestion chaotique, dont on trouve très difficilement des points positifs. Le gaspillage de l'argent public dans différentes manifestations n'a profité que très rarement au monde de la culture, de la recherche dans ce domaine, de la formation des cadres capables de gérer des structures culturelles, et de la création artistique en général. Le bilan de ces années précédentes est maigre, sinon d'avoir créé un semblant de dynamique culturelle éphémère et la réalisation de quelques infrastructures qui restent vacantes d'activités culturelles dignes de ce nom. Budgets réduits Les festivals régionaux, nationaux et internationaux, seuls rendez-vous qui constituent des points de rencontres pour les professionnels afin d'évaluer leurs travaux, faire découvrir leurs œuvres et échanger avec le public, risquent de s'estamper. La gestion souvent amateur et anarchique de ces manifestations, ajoutée au manque de financements qui se profile à l'horizon, peuvent avoir raison d'elles. Les effets de cette crise sont d'ores et déjà visibles. Les festivals les plus connus sur la scène nationale ont eu lieu, cette année, dans la stricte limite du possible. Certains d'entre eux ont connu des coupes budgétaires, souvent annoncées à la dernière minute, de l'ordre de 90%, et cela sans avoir une marge de manœuvre qui leur permettrait de dénicher d'éventuels sponsors et partenaires privés dans les temps nécessaires. C'est le cas du Festival national du théâtre professionnel qui s'est déroulé dernièrement à Alger. Les théâtres régionaux vont souffrir Les troupes venues de différentes régions du pays ont été obligées de prendre en charge leurs frais de séjour dans la capitale. Une situation qui ne peut pas durer car les budgets de ces théâtres régionaux seront indéniablement réduits pour l'année prochaine. C'est également le cas du Festival international du théâtre professionnel de Béjaïa. Les troupes venues de différents pays ont été prises en charge par les ambassades de leurs pays respectifs. La dernière édition du Festival culturel international de la musique symphonique qui s'est tenu à l'Opéra d'Alger a connu le même sort. Les orchestres ayant pris part à ce festival ont été pris en charge par les représentations diplomatiques de leurs pays. Si ce dernier festival pourra compter sur les recettes de ses entrées et en instaurant un véritable plan commercial, car très prisé par le public, afin soulager l'énorme carence budgétaire, ce ne pourra pas être le cas d'autres manifestations culturelles de moindre ampleur, mais qui ne sont pas de moindre importance. Un secteur très mal préparé pour la crise Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, a incité, dans plusieurs de ses discours, les responsables de son secteur d'aller chercher des financements et sponsors privés. Mais cette solution aura-t-elle une chance d'être concrétisée dans un environnement économique marqué par la crise dans tous les domaines d'activité ? Les observateurs sollicités à ce sujet restent pessimistes. La gestion de ces manifestations a été marquée par une instabilité chronique adoubée de carences organisationnelles. Elle est souvent pointée du doigt par les professionnels du domaine, notamment sur des pratiques qui relèvent de graves manquements au professionnalisme. Cela n'a jamais inspiré le ministère de la culture à s'investir dans la formation de ses cadres à une gestion professionnelle et moderne, comme cela se fait dans les pays ou le secteur de la culture est rentable et peut se prendre en charge par lui-même. La formation de cadres et managers capables de relever un défit de se passer des subventions étatiques fait défaut. Le privé découragé L'ouverture dans ce secteur au privé, plusieurs fois mise sur la table du gouvernement, tarde encore à voir le jour. Les rares initiatives privées dans ce domaine, marqué par une réussite flagrante, sont souvent soumises à des blocages de toutes natures qui découragent tout investisseur voulant se lancer dans un domaine donné d'aller de l'avant.