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C'était un grand chanteur: Cheikh El Afrit, l'indétrônable
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 07 - 2017

Les chanteurs tunisiens ont toujours été appréciés par les Algériens mais celui qui a eu le plus grand succès est incontestablement Cheikh El Afrit, qui est mort le 2 juillet 1939, alors qu'il n'avait que 42 ans.
Qui de nous ne voudrait pas se retirer un moment pour mettre en marche la platine d'autrefois, et réécouter un disque microsillon 78 ou 45 tours de Cheikh El Afrit ? Qui de nous ne voudrait pas se rappeler cette belle époque où tous les Algériens collectionnaient les disques de Cheikh El Afrit et apprenaient par cœur ses chansons. Les nostalgiques n'ont toujours pas oublié les succès Qleqt Ou Mellit, Moghyar, Ana Madha Bya ou Ya Hasra Ki Kounti Sghira. Né en 1897 à Tunis, Issirene Rozzio dit Cheikh El Afrit a été marqué dès son jeune âge par le divorce de ses parents. Son père marocain a laissé sa mère tripolitaine avec ses 7 enfants dans la misère, ce qui poussa El Afrit à se mettre au travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Il sera d'abord, vendeur de pâtisserie orientale puis hammas, (pilonneur de café) alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent. C'est durant cette période que des passants qui l'écoutaient chanter tout en travaillant lui conseillèrent de se lancer dans une carrière artistique. A 18 ans, il se lance dans le monde professionnel de la chanson et il est vite invité à enregistrer un disque 78 tours chez Polyphone.
Le chanteur préféré du Bey
Le succès ne se fera pas attendre et les propositions de tournées en Tunisie, Maroc et Algérie allaient faire de lui l'un des chanteurs les plus en vogue de l'époque. Il deviendra également le chanteur préféré du Bey de Tunis, qui l'invitera à chanter lors des soirées qu'il organisait dans son palais tous les mardis. Pour se déplacer, le Bey lui envoyait une voiture avec chauffeur. Il faut dire que Cheikh El Afrit était accompagné par de grands musiciens tel que Albert Abitbol au violon, Maurice Benais au ôud (luth) et Messaoud Habib au Menfekh (piano à pression). Cheikh El Afrit, qui a produit près de 400 chansons, était souvent invité à donner des spectacles dans toutes les villes algériennes. Il faut noter que les chansons de Cheikh El Afrit étaient déjà écoutées par les Algériens à la fin des années 1920. Rappelons qu'à cette époque, les chanteurs tunisiens venaient souvent en Algérie pour donner des concerts aux côtés des Algériens. La grande et très belle chanteuse Habiba Massika avait chanté, en 1929, au café de Blasset El Djininar (Place du général) où se trouve aujourd'hui le musée de Médéa. Habiba Massika, qui était classée comme l'une des plus grandes chanteuses arabes après l'inégalable Oum Kaltoum, était d'une beauté exceptionnelle. Elle aurait même été classée plus belle femme du monde et dans certaines photos, elle ressemble à la Joconde. D'autres grands chanteurs se produisaient régulièrement en Algérie.
Les Tunisiens venaient souvent en Algérie
Mohamed El Djamoussi était tellement apprécié en Algérie qu'il a été choisi pour être directeur de l'Opéra d'Alger de 1948 à 1951. El Djamoussi a, également, participé aux tournées Mahieddine à travers les villes d'Algérie. Ce grand chanteur, qui a joué dans des films de cinéma, a, par la suite, composé pour la chanteuse Warda El Djazaïria au début de sa carrière. Très cultivé, il a écrit deux recueils de poèmes. Le raffiné et beau chanteur Ali Riahi a, également, fait plusieurs tournées en Algérie entre 1945 et 1949. Il a donné aussi des galas à l'Opéra d'Alger. Ses disques faisaient, également, partie des collections des mélomanes algériens. Ali Riahi est mort le 27 mars 1970, suite à une crise cardiaque alors qu'il donnait un concert sur la scène du théâtre municipal de Tunis. Hassiba Rochdi était aussi une habituée des salles de spectacles algériennes tout comme Latifa Ettounsia, Saliha, Soulef et Ouleya qui étaient, par ailleurs, très appréciées par les Algériens. Si aujourd'hui, on aime écouter les chansons de Lotfi Bouchnak, jsqu'aux années 1970, on aimait bien Ahmed Hamza qui était souvent invité dans notre pays pour interpréter Chahloula ou Djari Ya Hammouda. Bien que très demandés par les Algériens, ces chanteurs tunisiens n'ont jamais pu détrôner Cheikh El Afrit qu'on aime toujours écouter et réécouter.


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