Il est un peu plus de 20h et quart. Un bruit assourdissant accompagné d'un souffle fait sortir de leurs demeures tous les habitants du quartier de la Concorde, dans la commune de Bir Mourad Raïs, dont la plupart s'apprêtaient à prendre le repas du soir. En quelques minutes, des cris d'hommes, de femmes, de jeunes et de moins jeunes jaillissent de tous les cotés. Une partie de l'esplanade venait de s'écrouler pour aller vers quelques mètres plus bas sur le boulevard Sidi Yahia, très animé à cette heure de la journée. Alertés, des policiers procèdent tout de suite à la sécurisation du périmètre de l'accident alors que les éléments de la Protection civile, sous les orientations du colonel Lahbiri, sont à l'œuvre. On parle déjà de morts, ce qui ne manque pas d'attiser les jeunes de la population et provoquer l'émeute et l'affrontement inévitable avec les hommes de la sûreté nationale. Ces derniers, de peur que la situation ne dégénère et perturbe le cours des recherches d'éventuelles victimes, ont usé de moyens de sommations pour disperser les groupes de jeunes qui ont exprimé leur colère par des jets de pierres. Avec un renfort conséquent de policiers, la situation s'est détendue après une heure d'affrontements où des détonations sporadiques continuaient. Au niveau du boulevard Sidi Yahia, les pompiers s'attellent à éteindre un excavateur en flammes. Un deuxième est resté coincé dans un amas de terre en haut de la falaise. C'est ce qui fait dire d'ailleurs au boss des pompiers «mais cet engin n'est pas à sa place !». Le SG de la wilaya d'Alger, le P/APC de Bir Mourad Rais, des représentants des autorités civiles et militaires se concertent pendant que les éléments de la Protection civile fouillent dans les décombres. Vers 21h 45 ce dernier confirme le décès d'un enfant de treize ans qui jouait sur les lieux du drame et aurait été emporté par l'éboulement. Un homme de 45 ans et un enfant de huit ans ont été évacués vers l'hôpital Mustapha Pacha mais leurs jours ne seraient pas, de source officielle, en danger. Pour revenir à l'accident, tout le monde s'accordait à pointer du doigt la responsabilité du promoteur. Le maire, Mohamed Zikem, a tout de suite fait savoir que l'entrepreneur a été mis en demeure à deux reprises d'ériger en amont un mur de soutènement pour protéger la stabilité du sol. Chose qui n'a pas été faite. En revanche, il a indiqué que le propriétaire a bénéficié du terrain en question suite à une expropriation et qu'il détient un permis de construire établi en 2006, précisant qu'il n'était pas à l'époque à la tête de l'APC. La méthode vieille comme le monde de «ce n'est pas moi c'est lui». Mais le maire a tiqué sur la délivrance de ce document, une façon peut-être de le remettre en cause. Malheureusement les faits sont là et rien ne sert de se jeter la balle. Au-delà de cet accident qui a encore une fois endeuillé une famille, l'on ne peut s'empêcher de se poser les deux questions essentielles à savoir, d'une part, où sont les autorités chargées de faire exécuter les mises en demeure dans les délais impartis car le temps est important ? On aurait dû faire arrêter les travaux jusqu'à la construction du mur protecteur et non laisser l'entrepreneur avancer avec tous les risques à encourir. La preuve est là. D'autre part, le flou qui entoure la délivrance d'un permis de construire sans provoquer la fameuse enquête «commodo et incommodo». Où était la direction des forêts quand l'intéressé était à l'œuvre? A noter, à cet égard, qu'il y avait sur place un beau bosquet qui faisait le plaisir des riverains. Tout un drame pour ériger une construction individuelle. Sidérant.