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S'estimant diffamés dans le dernier livre de Boudjedra: Khadra et Daoud répliquent
Publié dans Le Temps d'Algérie le 10 - 10 - 2017

Sale temps pour Rachid Boudjedra. Une semaine après la sortie de son dernier livre intitulé «Les contrebandiers de l'histoire» aux éditions Frantz-Fanon, deux grands écrivains ont réagi.

Yasmina Khadra, premier à réagir dans la journée d'avant-hier au pamphlet de Boudjedra, a écrit une réponse des plus élégantes, lui suggérant qu' «au lieu de passer ton temps à traîner dans la boue les étoiles du ciel, Rachid, tâche de soigner tes textes. Notre pays a trop souffert des jalousies crétines et des anathèmes. Nos enfants attendent de voir en leurs génies les aurores boréales qui manquent à leur horizon». L'auteur algérien mondialement connu lui rappelle les frasques qu'il a commises envers lui dans un passé pas très lointain, en tentant même de l'atteindre dans sa vie privée. «Tu as voulu semer le doute au sein de ma famille. Raté. J'ai la chance d'avoir épousé la plus merveilleuse des femmes. Tu me traites de bougnoule de service ? Sache que suis boycotté par l'ensemble des institutions littéraires de France depuis 2008. Tu contestes mon algérianité ? Je te rappelle que lorsque tu te terrais à Paris, durant la décennie noire, je menais une guerre atroce dans les maquis terroristes. Sans mes compagnons de combat et mes milliers de morts, jamais tu n'aurais remis les pieds en Algérie», dit-il. Celui-ci explique à Boudjedra qu'il n'est «qu'un romancier qui s'évertue à mériter l'intérêt de ses lecteurs. Sans fard ni fanfare. Sans polémiques ni la moindre agressivité. Je travaille dur, tu sais ? Personne ne me fait de cadeau. Ce n'est pas un hasard si je demeure, à ce jour, l'écrivain algérien le plus lu en Algérie, l'écrivain maghrébin le plus lu au Maghreb, l'écrivain arabo-berbère le plus traduit (50 pays) et le plus apprécié (10 millions de lecteurs) dans le monde». Yasmina Khadra termine sa missive avec un esprit très élevé, au point de pardonner «les égarements» de Boudjedra : «Si notre pays n'en dispose pas, créons-les de toutes pièces comme font les nations fières de leur culture, au lieu de nous empresser de décapiter toute tête qui émerge. Puisse Dieu pardonner tes aigreurs puisque je te pardonne».
Kamel Daoud dépose plainte
De son côté, Kamel Daoud annonce, dans une lettre envoyée à la rédaction du journal électronique Huffpost Algérie, un dépôt de plainte contre Rachid Boudjedra et son éditeur. «J'ai longtemps hésité à prendre cette décision. Il n'est pas facile en effet de réagir aux propos diffamatoires d'un écrivain qu'on admirait tant, qui était l'une des figures aînées de la littérature algérienne et qui semble s'enfoncer dans des compromissions et opter pour le scandale comme moyen d'expression à la place du talent. Nous sommes peu nombreux, écrivains algériens du Maghreb dans ce monde mal partagé, et en arriver à cette situation est quelque part un échec pour tous. Il n'est pas facile aussi de réagir aux irresponsabilités d'un éditeur qui ne semble accorder que peu de place à la rigueur et au sens de l'éthique. L'éditeur algérien est fragilisé par un environnement, une économie du livre qui permet à peine de survivre et des pressions diverses. Et en arriver à cette situation est aussi un drame en soi», explique-t-il. Kamel Daoud estime que «comme tout algérien, j'ai le droit à la dignité, à l'honneur préservé, à l'intégrité. J'ai constaté, depuis des années, que le succès ne va pas sans critiques passionnées, insultes parfois, éloges disproportionnés, ferveurs et détestations. Et je l'accepte. J'essaye d'être un écrivain de cette Algérie qui passionne jusqu'à la douleur ou l'aveuglement sur soi, mais j'ai la vertu de la constance dans mes positions et mes ambitions littéraires ou de journaliste. Je ne réagis jamais aux propos sur ma personne, même les plus blessants. Je pense en tant que victimes de la pensée unique, il nous faut encourager, même au prix de blessures intimes, la critique, la différence, le droit même aux détestations. L'auteur de Zabor ou les psaumes avoue qu'il a écouté des vertes et pas mûres depuis l'édition de ses deux romans sans pour autant réagir. Mais cette fois, il s'agit d'une diffamation grave, d'une insulte à ma personne, au père et au fils que je suis, à la mémoire blessée de ma génération : lire dans un ouvrage publié que j'ai été membre du GIA, d'un groupe d'assassins qui a marqué au sang notre souvenir et nos corps, m'est intolérable. Insupportable. Parce qu'il s'agit d'un groupe d'assassins, parce que cela nous a coûté une décennie de massacres, parce que beaucoup ont été victimes de ces meurtriers. S'amuser avec ce sigle pour régler ses rancunes n'est pas une insulte à ma personne, mais à nous tous. C'est une diffamation si grossière qu'elle laisse désarmé». Dans le même texte, Kamel Daoud se sent obligé de se justifier devant les assertions de Boudjedra : «J'ai été, comme beaucoup de ma génération, fasciné par la religion comme vision et comme choix. Je l'ai vécue comme une aventure collective aux premières années de ma jeunesse. Comme une ferveur car, en face, on n'avait que ce parti unique qui nous a dévorés, et ce pays qui nous tournait le dos. Ce fut l'aventure de mon adolescence jusqu'à mes dix-huit ans. Avant le FIS, avant la dérive, avant la catastrophe. Comme beaucoup, j'ai parcouru ce sentier jusqu'à son impasse. Et j'en garde un bénéfice : je sais voir la mauvaise foi et mieux analyser les fascinations morbides et les hypocrisies. Durant les années du GIA, j'étais journaliste, exerçant ce métier qui a payé de ses martyrs sa vocation. Je n'avais pas un couteau, mais un stylo», dit-il. Kamel Daoud affirme que sa démarche de dépôt de plainte n'est pas seulement pour des raisons personnelles, «mais aussi par égard pour la mémoire déchirée de notre pays. Il faut lutter contre cet effondrement moral, celui du sens de l'éthique dont cette affaire n'est qu'un signe».
Le directeur des Editions Frantz Fanon réagit aux propos de Kamel Daoud: «Nous n'avons de comptes à régler avec personne»
Les Editions Frantz Fanon ont réagi aux propos tenus par l'écrivain Kamel Daoud et jugent «inadmissibles» les accusations selon lesquelles l'éditeur de Rachid Boudjedra «manque de rigueur et d'éthique».
Dans une mise au point rendue publique hier, le directeur d'édition, Amar Ingrachen, a précisé que «Monsieur Kamel Daoud estime que son accusation d'appartenance au GIA par Monsieur Rachid Boudjedra est inadmissible. C'est son droit de répondre de la manière qu'il estime la plus adéquate à l'auteur de cette accusation», affirme-t-il. Toutefois, précisera-t-il, «les accusations de manque de rigueur et d'éthique qu'il profère à l'encontre des Editions Frantz Fanon sont tout autant inadmissibles». L'éditeur Ingrachen a tenu à préciser en outre que sa maison d'édition n'a aucun compte à régler avec personne.
Bien au contraire, «les Editions Frantz Fanon sont un espace de débat ouvert à toutes les sensibilités et toutes les opinions, et, à ce titre, elles tiennent à préciser qu'elles n'ont aucun compte à régler avec personne, encore moins avec l'auteur de Zabor ou Les psaumes auquel elles viennent de consacrer un ouvrage collectif coordonné par l'universitaire, M. Boukhalfa Laouari, et préfacé par le professeur Benouda Lebdai et qui regroupe une pléiade de chercheurs algériens, français et anglais». Estimant qu'il faut, au contraire, combattre la censure, le jeune éditeur et journaliste Ingrachen a fait savoir que la collection «Mise au point» a été créée dans le but justement d'abriter les débats les plus osés, les plus tus jusque-là, les plus risqués car, «en notre âme et conscience, nous estimons que la censure, quels qu'en soient les mobiles, ne rend nul service à l'esprit. Au contraire, elle l'inhibe».
Les livres publiés dans cette collection, ajoute-t-il, «suscitent des polémiques. Ce n'est pas notre objectif. Mais que des débats aient lieu, même avec quelques dépassements, nous n'y voyons pas d'inconvénients (…) Nous nous réjouissons que des écrivains algériens se parlent publiquement, se disent leurs «vérités» sans complexes et participent ainsi au désamorçage de l'édifice complexuel qui bloque la structuration du champ intellectuel algérien. C'est un pas positif», lit-on dans le texte publié par l'éditeur, qui déplore toutefois que «certains acteurs culturels s'attardent sur des éléments polémiques et, de la sorte, noyent le débat sur la culture algérienne et sa souveraineté morale dans un brouhaha médiatique d'où, de toute évidence, seuls les amateurs de scoops peuvent sortir gagnants».
Arezki Ibersiene et Karim Benamar


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