Les producteurs de pomme de terre de la commune d'El Esnam, 13 km à l'est de Bouira, voient rouge. Ils se sont rassemblés hier en fin de matinée devant le parc de l'office national d'irrigation et de drainage (Onid) d'El Esnam pour exprimer leur colère quant au manque d'eau pour l'irrigation qui persiste depuis plus d'une semaine. En pleine récolte de pomme de terre, les agriculteurs ont été privés d'eau pendant huit jours, et ce, à cause des travaux de réparation au niveau du réservoir principal situé sur le territoire de la commune de Bechloul, et qui présentait des fissures, selon les agriculteurs. «On nous a coupé l'eau d'irrigation pendant huit jours, et ce, en plein milieu de la récolte. Au départ, les responsables de l'Onid nous ont demandé de leur accorder une période de trois jours pour effectuer des réparations au niveau du réservoir. On s'est mis d'accord pour que ce soit durant le week-end, mais eux, ils ont procédé à la coupure de l'eau en milieu de semaine. Au lieu de trois jours comme convenu, les agriculteurs ont dû attendre huit jours pour reprendre l'irrigation», a déclaré Boudhane Messaoud, président de l'association des producteurs de pomme de terre. Les agriculteurs se plaignent également du manque de pression qui fait que les cultures ne sont pas irriguées suffisamment. Cette situation persiste depuis près d'une semaine. «Quand l'eau a été relâchée, on a été confrontés à un autre problème qui est le manque de pression qui permet une bonne irrigation. Et au lieu de renforcer la pression afin de rattraper le retard de huit jours, ils nous obligent à réduire les heures d'irrigation», ajoute le président de l'association. Pour la journée d'hier, les agriculteurs doivent attendre plusieurs heures pour que le réservoir se remplisse. Chose qui est impossible, d'après nos interlocuteurs. Car le réservoir présente déjà des fissures juste une année après sa réalisation, selon ces derniers. Une enquête exigée De plus, ce réservoir s'avère trop petit pour assurer l'irrigation de manière permanente de l'ensemble de la superficie. Actuellement, ce réservoir assure l'irrigation de près de 900 hectares, et cela se fait avec de grandes difficultés. «Comment se fait-il qu'un périmètre qui a été conçu pour irriguer près de 2500 hectares ne peut même pas assurer l'irrigation d'un quart de la superficie ? C'est une catastrophe», s'interroge M. Boudhane, qui réclame qu'une enquête approfondie soit ouverte dans les meilleurs délais. «Les pouvoirs publics doivent ouvrir une enquête pour tirer au clair cette affaire. Ils sont appelés à sortir sur le terrain pour voir où réside le problème de ce périmètre. Les agriculteurs pensent qu'il a été mal réalisé», souligne-t-il. En outre, pour mettre un terme à cette situation, d'autres agriculteurs de la région demandent aux responsables de ce secteur de trouver une solution définitive au problème. «Les solutions provisoires ne mènent à rien et n'arrangent pas les agriculteurs. De cette superficie de 2400 hectares, on risque de se retrouver avec 200 hectares. Pour un projet qui a coûté des milliards de dinars à l'Etat, on s'attendait à que le secteur agricole connaisse un essor considérable», regrette un agriculteur de la région. Comme solution efficace, les producteurs de pomme de terre proposent la réalisation d'un autre réservoir qui est de la même capacité que le premier, mais qui sera implanté en hauteur pour pouvoir assurer une pression qui permettra d'irriguer plusieurs localités à El Esnam et surtout pour sauver la récolte.
