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«L'Afrique n'a eu que son indépendance politique»
L'écrivain zimbabwéen Pathisa Nyathi au Temps d'Algérie
Publié dans Le Temps d'Algérie le 19 - 07 - 2009

Né en 1951 au Zimbabwe, Pathisa Nyathi a suivi ses études supérieures dans une université d'Afrique du Sud. Professeur de sciences puis de géographie, Pathisa devient proviseur de lycée dans son pays natal. Il est promu responsable d'éducation de tout un département.
Après 30 ans au service de l'éducation, il a pris sa retraite en 2004 pour se consacrer exclusivement à la recherche sur l'histoire et le patrimoine culturel de son pays.
Pouvez-vous nous parler de vos écrits ?
Tout d'abord, je suis spécialisé dans la recherche sur la culture et l'histoire. Je suis également chroniqueur dans deux journaux, l'un en langue anglaise Sunday News et l'autre en langue ndébélé du Zimbabwe. Sunday News existe depuis maintenant 60 ans. J'ai écrit 7 livres d'histoire dans ma langue maternelle et plusieurs autres en langue anglaise.

Tous mes livres traitent de l'héritage culturel en Afrique noire. J'ai écrit un livre d'une grande importance sur la substance culturelle de la langue ndébélé, un livre biographique d'Alvodi Mapéna, directeur général des chemins de fer du Zimbabwe, un livre sur les traditions des cérémonies ancestrales de mon pays. Enfin, mon dernier livre consacré au changement de la substance culturelle de la langue ndébélé est paru il y a une semaine. Cette culture a vécu deux phases : l'une avant l'arrivée des Blancs et l'autre après la colonisation.
Pour ma part, je tiens au patrimoine culturel de cette région. Je suis un défenseur de la culture ancestrale de l'Afrique. C'est pour cette raison d'ailleurs que le gouvernement de mon pays m'a choisi pour faire partie de la délégation qui participe au 2e festival panafricain.
Vous venez en Algérie pour la première fois. Quelles sont vos premières impressions en participant au Panaf ?
Je viens en Algérie pour la première fois, mais en tant qu'historien, je connais l'Algérie. En effet, en 1966, durant la guerre contre le régime raciste de Ian Smith, l'Algérie a accueilli des Zimbabwéens notamment des étudiants. Pour moi, le Panaf est excellent ! Je suis satisfait, du moment que j'ai trouvé beaucoup d'Algériens qui s'intéressent à l'héritage culturel de l'Afrique. J'ai visité le pavillon de l'artisanat au Palais de la culture, parce que pour moi c'est important d'identifier tout ce qui est africain.
J'aime l'artisanat pour les messages universels qu'il passe. Tous les artisans africains transmettent ces messages à travers un design. Il nous montre qu'il existe du panafricanisme. Lors de la visite de chaque stand, on sent qu'il y a quelque chose de commun aux Africains. Par ailleurs, j'ai visité des stands au niveau de la Safex pour chercher le design africain. On voit une similarité dans les messages à travers les dessins, notamment les cercles et les triangles.
La chose qui m'intéresse c'est de savoir ce que veulent dire toutes ces choses. Il faut savoir que les arts africains sont utilitaires. Pour avoir le côté artistique, on décore. C'est au design que je m'intéresse. On le trouve sur beaucoup de surfaces : poterie, pierres… Je pense que la pensée africaine et sa philosophie passent par son art. L'étude de ces arts est un voyage vers notre histoire. Et c'est ça le panafricanisme !
Comment expliquez-vous qu'avec ses richesses, l'Afrique demeure pauvre et ses peuples continuent de nourrir le sentiment d'infériorité ?
Quand on étudie l'histoire et l'héritage cultuel de l'Afrique, on perd cette infériorité. A la lecture de mon dernier livre sur les changements de la culture, vous changerez d'avis sur cette histoire d'infériorité. Avant la colonisation, le peuple zimbabwéen était très fier de sa culture.
Le changement est intervenu après le colonialisme. Avant l'arrivée des Blancs, les Ndébélés se regardaient comme des gens intègres et complets. Ils n'avaient pas ce sentiment d'infériorité.
Le colonialisme qui représente pour eux une défaite a changé les mentalités. Les institutions sociales ont été détruites et les rois chassés. Les voies traditionnelles de la vie n'étaient plus utilisées. La façon de vivre des Européens est devenue la meilleure. Pour paraître bien, il fallait parler en anglais. Etre bien habillé, c'est s'habiller à l'européenne. Il y a le dénigrement de toutes les cultures ancestrales.
Vous avez situé la responsabilité du colonialisme dans la destruction des cultures africaines. Pouvez-vous expliquer pourquoi même après l'indépendance des pays africains, la situation demeure la même ? Et quel est, selon vous, le chemin qu'il faut emprunter pour arriver au changement ?
A mon avis, le problème est que les Africains sont partis dans les souliers des Blancs. Les Africains n'ont eu que l'indépendance politique et non pas l'indépendance culturelle. Les leaders révolutionnaires n'ont pas cherché le changement fondamental. Il y a plus de continuité comme à l'époque coloniale. Le complexe d'infériorité continue. Pour comprendre l'Africain, il faut comprendre ce qu'il pense et non pas ce qu'il dit.
Notre indépendance est superficielle. L'indépendance politique n'a pas suffi pour qu'on ait assez de confiance en nous pour retourner à nos cultures. Je vous cite un exemple : les pays africains sont les seuls pays où les sciences et les mathématiques sont enseignées en langues occidentales. Beaucoup d'Africains croient qu'on ne peut pas enseigner la physique, la chimie et les maths en d'autres langues qu'occidentales.
C'est un constat qui confirme que nous ne faisons pas assez confiance en nous-mêmes. La vérité est qu'on peut enseigner la science dans toutes les langues. Aujourd'hui, on appelle une partie de notre continent d'Afrique francophone, l'autre anglophone. On nous a subordonnés à d'autres parties du monde.
Pensez-vous que la solution viendra des gouvernements ou du rapprochement entre les peuples d'Afrique ?
Le changement ne pourra pas venir des gouvernements ! Lorsque les Occidentaux ont colonisé l'Afrique, les raisons étaient économiques. Le racisme a été utilisé par les colons comme moyen pour préserver leurs intérêts. Jusqu'à présent cela n'a pas changé.
Le colonialisme demeure sous d'autres formes et s'intéresse aux intérêts économiques. Il continue d'avoir une influence politique dans notre continent. D'ailleurs, tout gouvernement qui tente de se libérer de la tutelle de l'Occident subit un coup d'Etat.
L'Occident n'avance la démocratie et les droits de l'homme que pour exercer la pression afin de préserver ses intérêts. Il faut prendre l'exemple du dictateur Mobutu qui a bénéficié d'une protection parce qu'il avait préservé les intérêts des étrangers. Tant que les peuples n'ont pas le courage de mourir pour des causes, l'Afrique ne changera pas. Aujourd'hui, en Afrique, il n'y a pas de cause pour laquelle les gens sont prêts à mourir. Alors que l'indépendance cultuelle est celle qui mérite un sacrifice.
Mais comment pouvez-vous expliquer cela aux peuples d'Afrique ?
C'est très difficile de le faire. Le problème est que pour mettre en avant vos idées, il faut contrôler les ressources alors que celles-ci ne sont pas entre les mains des Africains. Qui contrôle les médias et les journaux ? Ce sont les boîtes de publicité. Tout l'enjeu est justement de permettre un contact direct entre les Africains. Ce qui nous unit, ce n'est pas la couleur, mais notre philosophie. C'est le travail que je fais en permanence : retrouver le chemin qui nous conduira à comprendre notre philosophie pour retrouver la fierté.


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