Insistant sur la fameuse concession de la part de la tutelle, les gérants libres de stations-service ne sont pas prêts à lâcher du lest, tout en réitérant leurs vives inquiétudes du fait du maintien de la même grille relative aux marges bénéficiaires depuis 1995. «La plupart d'entre nous sont là à gérer depuis 40 ans, et aujourd'hui voyez comme on nous remercie; on nous pousse à brader nos stations». Telle est la déclaration du gérant d'une station-service implantée dans la banlieue de la capitale. Des propos qui reflètent un tant soit peu l'avis des gérants libres de stations-service, suite à la loi par laquelle s'est démarqué le groupe Naftal, qui a voulu leur arracher la signature de contrats de location-gérance et ce, pour une durée indéterminée, ce que les exploitants trouvent insensé. Puisque cette clause ne garantit pas la pérennité de leur activité, et surtout ne permet aucune succession à la tête de l'entreprise pour les ayants-droit en cas de décès du gérant. Par ailleurs, les exploitants insistent toujours sur cette fameuse concession d'exploitation, qui leur donnera plein droit dans la gestion de leurs stations service. Pour rappel, suite à la décision de Naftal, les exploitants se sont constitués en bloc et ont même évoqué à chaque fois l'idée d'une grève nationale. Sous la houlette de leurs deux chefs de file, l'union des investisseurs et promoteurs de relais et stations service (Uniprest), et la fédération nationale des exploitants des stations service (Fness), cette aile de l'UGCAA qui regroupe pas moins de quelque 400 gérants libres à travers le pays, les intéressés ont fait fi de ladite décision. Dissuadant Naftal dans sa menace d'arrêter l'approvisionnement de près de 800 stations service privées implantées sur la totalité du territoire national. Et par là même lui exiger la fameuse concession en leur faveur «qui tarde vraiment à venir, puisqu'on est invités à un dialogue de sourds avec la tutelle», reconnaît un gérant. Mais à l'ère du troisième millénaire, il se pose une question de taille sur les nouvelles méthodes de gestion des stations service, et leur degré de maîtrise chez les gérants algériens. Abordant le volet concernant le personnel employé dans les stations, on trouve que les normes ne sont pas respectées. Puisque le travail dans ces stations est assuré par des personnes n'ayant aucune qualification au préalable, et que «leur apprentissage se fait ici sur le terrain, puisque avant de les mettre dans le bain, on les initie en compagnie d'anciens ouvriers qui leur montrent les ficelles du métier», comme nous l'a déclaré un gérant de station à El Achour dans la banlieue d'Alger. Mais quinze jours sont-ils suffisants pour apprendre le métier ? Par ailleurs, il y a lieu de citer que les gérants libres de stations-service souhaitent voir la tutelle se pencher sur la grille des tarifs, par sa révision de la marge bénéficiaire en leur faveur. «1,25 DA de gains par litre appartient à une époque bien révolue», nous a déclaré un gérant qui ajoutera que ça fait quatorze ans que ce volet n'a pas connu de changement, chose que nous souhaitons sans qu'il y ait recours à une hausse des prix qui ne peut que léser le citoyen».