La grippe porcine continue de susciter des inquiétudes partout dans le monde. Depuis son apparition en mars dernier, le virus H1N1 aurait tué quelque 1800 personnes dans 170 pays touchés. L'OMS craint une recrudescence contagieuse cet automne. En ce qui concerne notre pays, dont le premier cas a été enregistré au mois de juin dernier, sur une ressortissante algérienne venue des Etats-Unis d'Amérique, il compte jusqu'à présent 46 cas de grippe A/H1N1 confirmés. Un chiffre qui risque d'augmenter avec la rentrée sociale. Le ministre de la Santé, de la Population et la Réforme hospitalière a confirmé, il y a quelques jours, qu'il n'y a eu aucun décès ni aucune forme sévère relevant de la maladie. En matière de prévention, notamment avec le début de l'automne où le virus risque de se propager d'une manière inquiétante, les autorités ont renforcé les mesures de prévention au niveau des frontières, des ports et aéroports et surtout dans des milieux et établissements où la densité populaire est importante. Ainsi dans le milieu scolaire, deux programmes de prévention sont prévus pour cette rentrée scolaire dont la date est fixée pour aujourd'hui. Le premier programme consiste en un plan d'actions préventives qui sera lancé dès aujourd'hui. Le cours inaugural portera, en effet, sur la grippe A/H1N1. Le ministère de l'Education nationale a prévu également l'organisation d'un séminaire de formation des formateurs en coordination avec le ministère de la Santé, et ce, au profit des médecins de santé scolaire et des chefs de service de la direction de l'éducation chargés de la santé scolaire. A cela s'ajoute une campagne de sensibilisation visant les élèves et leurs parents. Le ministère de la Santé compte élaborer des dépliants et spots de prévention et les distribuer au niveau des établissements scolaires. Une délégation médicale renforcée pour accompagner les pèlerins Quant au second programme, le ministère de l'Education compte en fait y avoir recours en cas de propagation du virus H1N1. Il consiste à fermer les écoles en cas de propagation du virus et à faire de l'enseignement à distance via la télévision, la radio et internet. Cet enseignement à distance ne concernera cependant que les classes d'examens. Le ministère de l'Education, selon M. Benbouzid, compte installer deux équipes pédagogiques pour chaque niveau (5e AP, 4e AM, 3e AS). Ces équipes devront, dans leur plan d'action, limiter la production des cours aux matières essentielles par niveau et filière. Par mesure de prévention, les responsables des écoles privées ont décidé d'interdire aux élèves d'être munis de leurs brosses à dents et leurs serviettes. Par ailleurs, le ministère de la Santé a recommandé aux citoyens d'éviter de voyager, sauf dans des cas de force majeure, dans des pays à forte endémie de grippe A/H1N1 et d'éviter de rendre visite à des personnes présentant des symptômes de grippe. Les autorités algériennes ont décidé de maintenir le rituel du hadj pour cette année malgré la menace de la contamination par le virus dans les Lieux-Saints. Le ministère de la Santé a annoncé le renforcement des mesures préventives durant la campagne omra. Une équipe médicale va accompagner les futurs pèlerins durant leur séjour dans les Lieux-Saints avec pour mission la détection précoce des premiers symptômes de la grippe porcine. Le ministère va également revoir à la hausse l'effectif de la délégation médicale durant la saison du hadj 2009 pour parer au risque de contamination de nos pèlerins Signalons que l'Algérie a fait une commande de plus de 500 millions de masques de protection contre le virus. Cette quantité sera acquise progressivement d'ici au mois de mars 2010. Selon des responsables de la PCH, 1,8 million de masques spécifiques pour les professionnels de la santé ont été importés et distribués au niveau des hôpitaux et centres sanitaires. F. A. Une Journée avec la brigade des médecins de l'aéroport d'Alger Depuis le 1er mai, c'est la mobilisation générale contre la grippe A au niveau de l'aéroport international d'Alger. Avec la rentrée sociale et le début des rites de la omra et du hadj, le ministère de la Santé a multiplié les mesures de contrôle et de prévention contre le nouveau virus. Une virée à l'aéroport d'Alger jeudi nous a permis de constater l'effort consenti par l'équipe médicale chargée du contrôle sanitaire aux frontières aériennes. A 11h, l'ambiance était calme et les médecins de service effectuaient leur contrôle habituel. Les deux halls d'accueil sont équipés de caméras thermiques avec un grand écran où la température de chaque passager est affichée. Deux médecins assurant le contrôle au niveau de la première zone étaient satisfaits de n'avoir enregistré aucun cas suspect durant toute la matinée. Equipés d'accessoires de protection (bavettes et gants), ils surveillent minutieusement les voyageurs et veillent au bon placement des passagers afin de les intercepter correctement par l'équipement. Car souvent les passagers ne font pas attention aux dispositions mises en place et passent sans subir le contrôle exigé, s'ils ne sont pas interpellés. Après que la température normale ait été indiquée, les voyageurs sont priés de poursuivre les formalités de débarquement. A titre préventif, des dépliants où sont répertoriés les symptômes de la grippe porcine, les conseils de prévention ainsi que les numéros d'urgence à contacter. Les médecins affirment que les choses ont évolué depuis l'installation de la cellule de crise et que les passagers ne sont plus «hostiles» aux indications médicales, comme ce fut le cas en début de mois de mai. «Souvent, ils prenaient les fichettes d'indication et les rejetaient sur la piste. Des fois, ils refusaient carrément de se laisser examiner. Ils se sentaient en quelque sorte gênés», nous confie le docteur Belkahla. «Actuellement, l'information est passée. Les voyageurs s'adaptent à ce genre de routine obligatoire. Avec 46 cas enregistrés en Algérie, la vigilance reste de mise pour pouvoir minimiser la propagation de la pandémie.» Ce médecin ajoute que «ce dispositif de contrôle est d'une efficacité exemplaire. Les cas qui viennent de l'extérieur sont vite repérés et pris en charge à temps. C'est ce qui a freiné la propagation du virus dans notre pays». Le docteur Belkahla rassure que la situation est maîtrisée, contrairement à certains pays où la pandémie a pris des proportions alarmantes au point où le dispositif de contrôle est quasiment éliminé. Le chef de la cellule médicale, le docteur Abdelkader Benchiheb, qui est également directeur de l'établissement public de santé de proximité de Bordj El Kiffan et Derguana, a soutenu de son côté qu'actuellement les dépliants sont même distribués à bord de l'avion. «Les voyageurs ont tout le temps de lire et de prendre conscience de la gravité du nouveau virus. Ils sont donc mieux préparés à l'examen prévu à l'aéroport», nous fait-il savoir. Le premier cas suspect durant la journée de jeudi Aux environs de 13h, les médecins qui ne quittent que rarement leur poste sont encore mis en alerte à cause de l'arrivée d'un vol de Djeddah. Tout le monde est en poste avec la présence du chef de service qui assure à l'occasion que son équipe ne manque de rien. Sitôt arrivés, les passagers subissent le contrôle. «Rien à signaler», nous dit l'un des médecins. Les voyageurs arrivent en groupe, ce qui rend difficile le travail de l'équipe médicale. «Il faut toujours les prier de se tenir en face de la caméra», tient à avouer le docteur Benchiheb. «S'il vous plaît, tenez-vous ici. Venez un par un…», «Attendez un peu…» Ces phrases sont souvent répétées par le personnel médical afin de bien faire fonctionner le matériel. Pour organiser l'opération de contrôle, la réalisation des spots publicitaires s'impose, selon les médecins, et ce, pour informer l'ensemble de la population du dispositif mis en place au niveau des aéroports et des zones frontalières. La diffusion de ces spots spécialement durant le mois de Ramadhan, où le programme de l'ENTV est largement suivi, permettra d'atténuer la pression. Soudainement, une sonnette d'alarme se déclenche. Les médecins stoppent la file de passagers et prient la personne suspectée à se mettre à l'écart. Il s'agit évidemment d'un premier cas suspect qui vient d'être détecté pour cette journée. Les médecins procèdent à la vérification de la température pour la seconde fois. La personne est mise à l'écart et une bavette de protection lui sera remise. Elle est par la suite appelée à suivre le médecin dans le bureau de consultation pour un examen approfondi. Sur place, le responsable décide de son transfert à l'hôpital de référence El Kettar, puisqu'il présente tous les symptômes de la grippe A. Le malade originaire de Touggourt se montre réticent, mais il finit par se laisser conduire à l'hôpital. Parallèlement, l'équipe continue son contrôle sans grand bouleversement. «La situation n'est pas alarmante et nous arrivons à bien gérer la situation. Cependant, avec la rentrée sociale et le début de rites du hadj, le risque de la propagation de la maladie s'élèvera», craint le docteur Adjrid, responsable du contrôle sanitaire au niveau de l'aéroport. Cette inquiétude a conduit d'ailleurs à l'installation d'un troisième terminal équipé de deux caméras thermiques pour accueillir les futurs hadjis. Au moment de notre départ, l'opération de contrôle se poursuivait. Deux brigades constituées de 15 médecins assurent une surveillance 24h/24, nous signale-t-on. L'apport des caméras thermiques L'installation en août de sept nouvelles caméras thermiques aux différentes point d'entrée des passagers de la ligne internationale de l'aéroport Houari Boumediene (Alger) et deux au salon d'honneur a facilité le travail des médecins. Ces appareils ont permis en effet à l'équipe médicale de diagnostiquer l'un des symptômes de la grippe porcine, la fièvre. Le docteur Benchiheb avoue que «les caméras thermiques ont contribué grandement au contrôle sanitaire». Des formations ont été organisées pour 54 médecins afin de bien manipuler ce matériel. Les praticiens ont formé à leur tour des médecins affectés dans différentes régions du pays. Avant l'installation des caméras, les médecins étaient obligés d'assurer le contrôle sur le tarmac. Aujourd'hui, toutes les conditions semblent être réunies.
