Les Hongkongais ne semblent pas connaître la gueule de bois. Une fois terminé le faste du réveillon, ils sont passés à autre chose et pas n'importe quoi : marcher par dizaines de milliers pour revendiquer plus de liberté et de démocratie à un régime chinois qui, Saint Sylvestre ou pas, n'a pas la réputation de se laisser attendrir. Hong Kong n'est pas tout à fait la Chine et jouit d'une relative autonomie, mais ses habitants veulent plus. Quand des manifestations ont lieu à Hong Kong, Pékin ne réagit pas tout à fait avec les mêmes méthodes que quand elles se déroulent sur la place Thienen Man ou au Tibet et le réveillon n'y est pour rien. Hervé Morin, le centriste ministre de la Défense français a, comme les Hongkongais, fait un réveillon différent en lui donnant un sens. C'est sur la base avancée de Nirjab, dans la province de Kapisa en Afghanistan, qu'il a décidé de faire la fête avec les soldats français. L'accompagnaient une star du journalisme télé, Patrick Poivre d'Arvor et une humoriste chargée de blagues au-dessus de la ceinture pour remonter le moral des troupes. La fête aurait pu ne pas avoir lieu, puisque dès le début de la soirée, une mauvaise nouvelle était parvenue à la base : la disparition de deux journalistes de France 3, vraisemblablement enlevés par les talibans dans la vallée de Tagab, au sud du pays. Eh bien, enlèvement ou pas, le spectacle aura quand même lieu et c'est sur une benne de camion que la comédienne a fait ce qu'elle a pu pour «donner de la joie» au contingent français. Tout ce que Charlotte de Turckheim – c'est ainsi qu'elle s'appelle – a trouvé d'incongru, c'est de «jouer un spectacle normalement pour les nanas, à des soldats». Très incongru, tout ça, mais c'est le réveillon, en Afghanistan comme ailleurs on ne s'émeut pas pour si peu. A Naples, tout le monde a fait la fête comme d'habitude ou presque. Presque parce que dans cette ville qui partage avec Bab El Oued la tradition des pétards, des femmes et des hommes ont tenté d'empêcher, ou du moins d'atténuer, l'usage de ces explosifs qui font chaque années des dégâts parfois mortels. Les femmes, surtout, se sont distinguées en remuant de fond en comble leurs maisons pour dénicher les pétards que leurs machos de maris cachent sous les matelas ou dans les débarras. Elles ont même été plus loin en menaçant le plus sérieusement du monde de se mettre en grève sexuelle si les hommes ne renoncent pas à leurs pétarades. Bouleversant. Comme les Napolitains, les Philippins traditionnellement si apaisés, pensent que fêter le nouvel an avec le plus de bruit possible éloigne le malheur et la malchance. Bizarre ? Non, c'est la Saint Sylvestre. Même si à Copacabana les costumes blancs sont toujours là. Pour la paix en Afghanistan, la paix des ménages italiens et la paix tout court. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir