Ce qui est maintenant présenté comme un «revers pour le Front national» a été long à se dessiner. Peut-être pas si long que ça dans la durée, mais il aura quand même fallu à l'affaire traverser l'ensemble des étapes du parcours judiciaire le plus long pour aboutir. Le juge des référés du tribunal de grande instance de Marseille a fini quand même par ordonner vendredi après-midi au parti d'extrême droite de retirer son affiche électorale dénonçant l'islamisme avec une carte de France recouverte d'un drapeau algérien et d'une demi-douzaine de minarets. La décision a été assortie d'une astreinte de 60 000 euros par jour passé un délai de vingt quatre heures. L'Algérie avait protesté officiellement auprès de la France au sujet de l'utilisation du drapeau algérien pour dénoncer l'islamisme dans la campagne du FN. «C'est à l'Etat français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux»», avait déclaré le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Le Quai d'Orsay a dû rapidement intervenir dans le débat, qualifiant de «légitimes» les protestations des autorités algériennes et déplorant «avec force l'usage indigne et dégradant d'un drapeau national à des fins électoralistes». Pourtant, sans la plainte du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) l'affiche n'aurait jamais été retirée et le Front national aurait continué à souiller un symbole de souveraineté d'un pays souverain sans avoir à «aller jusqu'au bout de la procédure», puisqu'apparemment ce n'est pas terminé et Jean Marie Le Pen compte pousser l'affaire jusqu'à… la Cour européenne des droits de l'homme. Sans la persévérance du MRAP, le parti d'extrême droite n'aurait même pas eu besoin de faire appel puisque le plaignant a été tout simplement débouté une première fois par le tribunal de grande instance de Nanterre. On a beau dire, la classe politique française dans son ensemble n'a pas été très enthousiaste à dénoncer cette infamie. C'est le moins qu'on puisse dire quand on sait avec quelle force elle a réagi au propos du socialiste Georges Frèche ironisant sur la tête de Laurent Fabius, pas assez «catholique» à son goût. On peut y voir bien évidemment un antiracisme à deux vitesses, mais il n'y a pas que ça. Dérapage ou pas, les sondages comme les analystes politiques donnent Georges Frèche vainqueur de sa région. Contre ses adversaires et contre… son propre parti qui a présenté une liste de substitution. Au-delà des considérations du rapport à l'Algérie, la classe politique française ne sait plus ce qui est électoralement rentable entre les positions de principe et la complaisance avec l'ignominie. Pour la réaction du Quai d'Orsay, n'est-ce pas que l'Elysée ne s'implique pas dans les élections régionales ? Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir