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Préoccupations et aspirations d'un exploitant agricole
La Mitidja en perdition ?
Publié dans Le Temps d'Algérie le 30 - 06 - 2010

Médecin de formation, ce fermier de la Mitidja, après avoir exercé un temps sa spécialité, s'est résolument reconverti en agriculteur. Depuis plusieurs années, et dans les conditions quelque peu pénibles du travail de la terre en notre pays, il s'évertue à faire fructifier les orangeraies transmises par ses ancêtres. Même son fils, pourtant diplômé de l'université, suit les pas de son père et le seconde efficacement dans la gestion de la ferme. Et ce n'est pas chose facile, comme nous l'a longuement expliqué notre exploitant.
Il a tenu d'abord à nous parler des problèmes les plus saillants qu'il rencontre au quotidien, problèmes qui, assure-t-il, sont communs à tous les propriétaires terriens de la plus vaste plaine d'Algérie qui n'en compte pas beaucoup. Et cela a son importance, comme on le verra tout au long de cet article.
Le premier de ces problèmes a trait à la cherté des intrants et des équipements agricoles. Produits phytosanitaires et engrais sont cédés à des prix qu'il juge tout à fait prohibitifs.
Il illustre cet état de fait par l'évolution exponentielle du coût d'un quintal d'engrais : de 35 DA en 1986, le quintal de cet élément absolument indispensable en agriculture atteint 11 000 DA à l'heure présente.
Mêmes désolantes réalités sur le marché des équipements. Tracteurs, charrues, pulvérisateurs et autres remorques sont simplement inabordables.
Ainsi, un tracteur que l'on pouvait acquérir à 40 millions de centimes en 1993 coûte en 2009 six fois plus, soit 250 millions de centimes. Un autre produit nécessaire, et il s'agit d'une anomalie cette fois-ci par rapport aux pratiques pas très anciennes, c'est le gasoil.
Il n'y a pas si longtemps, le mazout avait deux prix : un prix grand public (voiture individuelle) et un prix pour le matériel agricole (tracteur et pompe).
Ce dernier prix était moitié moindre que le premier. Actuellement, le prix est unique, autant pour un véhicule de tourisme que pour un tracteur qui consomme dix fois plus.
Les autres principaux ennuis, ce mot étant pris dans son acception étymologique de grave tracas, que doivent affronter de manière permanente les agriculteurs de la plaine et, peut-être, ceux des montagnes également par les temps qui courent, vu le délitement des valeurs sociales, c'est le vol et l'intrusion de bétail étranger qui détruit les récoltes.
S'agissant du vol, notre interlocuteur use de l'expression «vol en tous genres», tant il semble excédé par le phénomène qui a pris des proportions alarmantes et grève lourdement la rentabilité du domaine.
«Tout se vole, affirme notre vis-à-vis, les fruits, le matériel et, depuis quelque temps, tout ce qui ressemble au fer est dérobé par des bandes de gamins qui le cède à des individus qui les attendent dans de petites camionnettes. C'est une espèce de trafic des produits ferreux au vu et au su de tout le monde, et au détriment des fermiers. Récemment, on a arraché même les gouttières pour les revendre.»
«On demande la protection de l'Etat»
A l'évocation de l'intrusion de bétail errant sur ses terres et surtout du vol de gouttières, le fermier paraît sincèrement outré, à juste titre d'ailleurs si l'on considère les faits et s'écrie spontanément : «Nous demandons la protection de l'Etat !» Et d'expliquer :
«La Constitution stipule bien le respect qui est dû à la propriété privée, n'est-ce pas ? Alors, comment nous rit-on au nez et que l'on nous renvoie sans égard quand on va se plaindre auprès de n'importe quel service de sécurité des méfaits que nous subissons, comme ce bétail lâché dans la nature et qui endommage gravement les récoltes ?»
De fil en aiguille, en évoquant toutes les entraves qui empêchent la bonne marche d'une exploitation agricole et le rôle souhaité des pouvoirs publics, l'homme de la terre passe à un autre registre des menaces qui pèsent sur l'avenir des plantations, à savoir le morcellement.
C'est un des pires, si ce n'est le pire ennemi de toute bonne agriculture, selon lui. Il cite le cas des anciens domaines issus des biens vacants et qui ont éclaté en multiples parcelles (EAC et EAI) de petite taille et d'exploitation malaisée et inefficace. Dans le cas précis, le morcellement est dû aux errements d'une politique agricole qui n'arrive pas à trouver ses marques.
En fait, le fermier considère que la cause essentielle du morcellement fait suite à l'héritage et suggère que le gouvernement algérien devrait s'inspirer de l'exemple américain.
Ce dernier a inscrit dans la loi, pour éviter le morcellement, que la propriété n'est dévolue qu'à un seul héritier, les cohéritiers autres étant dédommagés de diverses manières, elles aussi fixées par la loi. Aux USA, on va même jusqu'à éviter le morcellement des cultures, comme par exemple de contraindre dans une surface donnée consacrée à un type de culture (maïs, blé) tous les propriétaires implantés sur ladite surface à respecter son type de culture.
Revenant au rôle attendu de l'Etat, le fermier souhaite, comme c'est de rigueur dans d'autres secteurs, que les autorités pensent à subventionner les propriétaires qui veulent moderniser la gestion de leur exploitation. Prenant l'exemple de l'eau, une préoccupation lancinante de tous les exploitants,
il affirme que des subventions publiques seront les bienvenues parmi les fermiers qui veulent installer le système d'irrigation dit du goutte-à-goutte et abandonner le procédé de la séguia actuel qui consomme beaucoup d'eau pour une efficacité discutable.
La Mitidja rongée par le béton
Elargissant encore son point de vue, notre interlocuteur parle avec amertume de l'ensemble de la Mitidja qui, de terre de prédilection des activités agricoles, est en passe de disparaître sous le béton qui avance inexorablement sous forme de constructions disparates et anarchiques.
A ces habitations et locaux qui dévorent la terre par dizaines, voire par centaines d'hectares annuellement, s'ajoute la pose de pylônes, de pipelines et de conduites de gaz et la traversée de bretelles et d'autoroutes. En outre, les indemnisations accordées aux propriétaires des terrains concernés par les opérations sont tout à fait dérisoires.
Le casse-tête de la commercialisation
Si l'on ne prend que ce seul produit, n'importe quel citoyen dira que le prix de l'orange intimide la bourse la mieux garnie, alors qu'il est de trois fois moindre au départ, c'est-à-dire au moment où le producteur cède sa récolte à un drôle d'intermédiaire apparu sur scène depuis pas très longtemps.
Mais pour comprendre la situation, il y a lieu de rappeler le circuit traditionnel de la commercialisation qui comprenait trois personnages : le producteur, le mandataire et le détaillant, triptyque dont l'action aboutissait à des prix relativement modérés. Récemment, s'est introduit un quatrième personnage qui allonge le circuit et provoque le surenchérissement des prix :
c'est une espèce de grossiste qui achète sur pied la production et la refile contre monnaie sonnante et trébuchante au mandataire qui dispose d'un carreau au marché de gros. Personnage insolite et superflu que les producteurs voudraient voir disparaître.
En fait, de tout ce qui précède, et il y a encore beaucoup de choses à dire sur les entraves, plus ou moins structurelles, plus ou moins artificielles que rencontre l'activité agricole. Au bout de notre reportage, une chose se dégage avec évidence : l'intervention de l'Etat est largement souhaitée par les propriétaires terriens aussi bien en termes matériels, financiers qu'organisationnels et juridiques.
Un seul exemple suffira à illustrer le propos : face aux maladies des plantations, comme la tristesa actuelle sur laquelle règne un certain silence, les fermiers souhaitent que les services publics puissent les aider à se doter d'une ligne de conduite au cas par cas.
En effet, face à la multiplicité des traitements dont certains n'ont de vocation que d'enrichir tel ou tel laboratoire, les agriculteurs voudrait disposer ne serait-ce que de manuels spécialisés leur indiquant la conduite à tenir. Un constat fait durant ce reportage :
l'Etat devrait réellement s'intéresser aux problèmes et aspirations des agriculteurs afin de lever chez eux un réel sentiment d'abandon. Oui, les exploitants agricoles se sentent marginalisés, alors qu'ils estiment jouer un rôle économique et social de premier plan.


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