Le fléau qui voit nos éléments de sécurité souvent malmenés par des excités s'est élargi cette fois à un handicapé moteur, qui a non seulement insulté des policiers dans l'exercice de leurs fonctions, mais encore expédié un coup de tête à un policier. A la barre, la juge a clairement appliqué le concept que «la justice est aveugle» et donc a jugé l'inculpé en tant que délinquant primaire. D'ailleurs, une jeune avocate stagiaire avait bien résumé l'état d'esprit de l'agresseur. «C'est certes un malade physique, ce n'est pas un aliéné mental, encore moins un fou.» ça a été dit aussi clairement que les débats qui ont été menés par Naïma Dahmani, la présidente de la section correctionnelle, et un procureur vigilant et correct. L'outrage à fonctionnaire de police dans l'exercice de ses fonctions fait des ravages dans la capitale, tel un enfant brandissant son phone en menaçant un brigadier, ou un autre qui s'accroche avec une officier de police... Qu'un handicapé se prenne pour Superman ou Batman, c'est le comble. Il était mal tombé au tribunal de Chéraga où les magistrats du siège n'ont pas d'amis à sauver de la détention. Ce monsieur s'en est pris à toute une brigade et n'a été neutralisé qu'à grand renfort. Evidemment, le chef de la police judiciaire avait tous les arguments pour requérir une peine de prison ferme de dix-huit mois et cinquante mille dinars d'amende. Evidemment, il y a les déclarations du détenu et celles des assermentés. Il parle d'insultes, ils parlent de rébellion, d'insultes et même de coups et blessures volontaires ayant occasionné un arrêt de travail de dix jours et les coups ont été donnés de la tête par le handicapé Au cours des débats, il a gesticulé, crié et voulait avoir le dernier mot. «Il est vrai, j'ai fauté mais ce n'était pas une raison pour que je sois assailli par les trois policiers ici présents, ce qui m'a mis en boule et énervé au plus haut degré», a-t-il raconté et d'ajouter que la veille il avait eu un accident de la circulation. «Dans le bureau des assurances, on m'a demandé de me rendre chez l'expert qui exerce à Aïn Bénian», avait marmonné le détenu, qui a par ailleurs expliqué à une présidente plutôt attentive et patiente qu'en arrivant au barrage de routine, les policiers l'ont stoppé «l'un d'eux m'a fait remarquer que mon automobile n'avait plus de plaque d'immatriculation, j'ai laissé les papiers chez le flic et me suis rendu au siège du commissariat de police du coin en vue de déposer plainte contre un policier qui m'avait manqué de respect», a raconté avec plus de calme qu'au début l'inculpé qui n'a pas manqué l'occasion de dire à la magistrate qu'il avait été signalé par radio «que j'étais en état de fuite». «Handicapé inculpé, cessez de commenter et dites-nous ce qui s'est passé !», coupe la juge qui laissera alors les policiers parler de l'incident. Vous devinez chers lecteurs que les trois victimes n'allaient pas lâcher le coléreux qui osé donner des coups de tête à un policier en uniforme. Les coups, les menaces..., les policiers n'ont rien oublié et ont tout craché en effectuant leurs demandes en dommages et intérêts. Il n'y sont pas allé de main morte. Le handicapé a été mis en examen, le temps pour la présidente de mieux réfléchir au malheureux geste de l'inculpé.