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Un monde hostile où il ne fait pas bon vivre
Ahmed Benalam, journaliste écrivain
Publié dans Le Temps d'Algérie le 10 - 01 - 2011

Notre confrère Ahmed Benalam a signé un roman pour conter l'hostilité du monde. Plume consacrée depuis déjà son passage à Algérie Actualités, il a comme passion l'écriture. Un challenge de tous les jours, en témoignent ses chroniques truculentes et ses intenses articles.
D'une grande pondération et en fin observateur, Benalam dit la démesure de la vie et ses vicissitudes. Lucide et réaliste, il pose comme postulat la solitude de l'homme et l'hostilité de l'environnement à travers son histoire. Dans son roman, où il a bâtit une intrigue avec virtuosité autour d'un chamois, il aborde la morosité du monde, la folie du monde, et la bêtise des autres.
C'est un formidable roman autour de la solitude et l'hostilité qui nous entraîne dans l'intimité de ses personnages animaux. Une saga colorée, mais vraie et authentique à l'image de Benalam.
Pourquoi avoir écrit ce roman pour adolescents alors qu'ils ne maîtrisent pas la langue française ?
Votre question nous fait entrer de plain-pied dans la problématique du débat linguistique en Algérie. Les personnes de ma génération ont fait l'ensemble de leurs études dans la langue française.
Dans mon cas, il se trouve que c'est aussi ma langue de travail, en tant que journaliste, dans les colonnes de l'hebdomadaire Algérie Actualités, à la fin des années soixante-dix, puis de Parcours maghrébins, Liberté, L'Expression, le Midi Libre, Tribune des lecteurs, pour ne citer que ces titres.
C'est l'outil linguistique que je maîtrise le mieux. Les Aventures de Chamouni est un texte que j'ai écrit en 1985 au brouillon, sur un cahier d'écolier, que je ne destinais pas spécialement à un public adolescent. Pour reprendre une formule consacrée, je dirais qu'il s'adresse aux jeunes de sept à soixante-dix-sept ans. Les aléas de l'édition étant ce qu'ils sont, le texte est resté dans les tiroirs.
Je remercie vivement Nora Adjal, directrice des éditions Nounou, d'avoir accordé un certain intérêt à ce texte, en le nettoyant de sa poussière pour le mettre à la portée du public, dans un papier de bonne facture.
Cela dit, il me semble que l'écueil linguistique peut être facilement contourné par la traduction. On constate fort heureusement que le clivage francophone arabophone est en voie d'être dépassé depuis au moins une décennie, par l'arrivée de générations qui maîtrisent les deux langues et qui sont décomplexées, aguerries qu'elles sont à défricher les fausses broussailles plantées par la longue nuit coloniale.
L'Algérien se réapproprie son histoire, sa culture, ses langues arabe et amazighe, ce qui est normal, légitime, et s'inscrit dans un processus historique, tout en continuant à manier la langue de Molière. N'est-ce pas un butin de guerre, pour reprendre une formule de Kateb Yacine ?

Cette histoire n'est-elle pas sous-tendue par une réflexion sur l'amitié, la solidarité, la solitude et la liberté ?
C'est vous en tant que lectrice qui faites cette lecture, et je vous remercie en effet d'attirer mon attention sur cet aspect. Personnellement, au moment où je l'ai écrit, j'étais un peu habité par mon personnage. Je voyais défiler des images que j'ai essayé de traduire par des mots. C'est donc à la fois une question d'images et d émotions. Ai-je réussi à faire passer ces émotions ?
Toute la question est là. Je ne me considère pas comme un philosophe qui fait une réflexion sur des valeurs humaines, comme l'amitié, la solidarité, mais comme un conteur qui a une histoire à raconter, et qui laisse le lecteur l'interpréter à sa manière, selon ses propres expériences. C'est le lecteur qui donne un sens à ce qui lui est proposé. Contrairement à ce qui a longtemps été véhiculé, le récepteur, (qu'il soit lecteur ou auditeur ou spectateur) n'est pas neutre et ne prend pas pour argent comptant ce qu'on lui propose.
Il a sa propre grille de lecture. Après, bien sûr, quand je relis le texte en tant que simple lecteur, je peux retrouver les pistes que vous avez désignées, à savoir l'amitié, la solidarité, la solitude. Il y est, en effet, question de beaucoup de solitude, pour un personnage qui a quitté un lieu, la montagne, et qui arrive dans une grande ville, avec ses lumières et tout le confort qui n'existait pas d'où il venait. Dans les Aventures de Chamouni, on rencontre des personnages, bien sûr, mais il y a aussi des lieux.
Ces derniers sont aussi importants que les personnages eux-mêmes : la montagne, la ville, le fleuve, la grotte… Chamouni, partout, est en butte à l'hostilité des gens, mais aussi du milieu dans lequel il évolue. Il doit se défendre, mais assez souvent il choisit la fuite, surtout la fuite en avant, parce qu'il n'a pas été initié à la lutte. Cela me fait penser à El Anka, qui accordait beaucoup d'importance au maître, mais aussi à l'école de la rue. Chamouni est obligé de se battre,
pour se défendre, souvent dos au mur. Vous parlez d'amitié, mais je parlerai plutôt d'initiation. Quand elle fait défaut, Chamouni se réfugie dans la solitude, et de plus en plus dans les tablettes alphabétiques. Mouloud Feraoun décrit un autre type de rapport social : son personnage principal, que ce soit Fouroulou, Amer, ou Amer n'Amer, commence par mordre la poussière puis il s'aguerrit et arrive à en imposer aux autres. Le cheminement de Chamouni est différent.

Est-ce un choix d'avoir mis en scène un animal notamment un isard dans des aventures rocambolesques ?
Relisez bien. Chamouni est un chamois. L'isard c'est l'autre. Le dictionnaire nous dit qu'un isard est un chamois des pyrénées. Ils sont donc cousins. C'est justement ce cousinage qui m'a fait choisir le chamois. Ainsi on peut tout de suite faire une relation. Le tout est sous-tendu par les personnages de la vache (vache primaire, vache secondaire).
La vache est un personnage qui subit des métamorphoses, tout en restant elle-même. Les aventures sont rocambolesques, comme vous dites, mais je crois qu'il y a aussi du merveilleux, malgré l'hostilité du milieu et cette idée de vache enragée. N'est-ce pas le propre d'un conte de transcender l'amertume de la réalité pour créer une esthétique,
une atmosphère propre au rêve, où plutôt à l'onirisme. Il y a des textes que j'ai lus et relus, au point de les apprendre par cœur, quand j'étais jeune, comme Pinocchio de Carlo Lorenzini, le Petit Chose d'Alphonse Daudet, Poils de carotte de Jules Renard, Jody et le faon de Marjorie Kinnan Rawlings, ou Crocs blancs de Jack London. Pinocchio est un pantin qui va devenir un beau jeune homme. Aidé par la fée, il va faire cette expérience, cette initiation dont nous avons parlé.
Ainsi, dans les six fonctions du modèle actantiel de Gréimas, il est question d'un sujet et d'un objet : très schématiquement, un destinateur commande à un sujet d'aller chercher un objet pour le remettre à un destinataire. Guidé par la gentille fée, Pinocchio parviendra à réaliser son objectif, mais au prix d'épreuves aussi difficiles les unes que les autres et en affrontant maints personnages méchants. Chamouni, lui, n'a pas cette chance d'avoir une fée à ses côtés. Sa quête n'a pas d'objet. Comme Jody, il est appelé à grandir, mais il le fait avec une boule au ventre et en s'accrochant à ses tablettes.

Dans les aventures de Chamouni, n'y a-t-il pas un message adressé à la jeunesse ?
- S'il y a un message, il est dans le cheminement même de Chamouni, sa naïveté, dans le combat qu'il doit livrer malgré lui, alors qu'il n'aspire qu'à la tranquillité. Chamouni est un enfant pacifique, qui n'aspire qu'à jouer, mais qui se trouve investi d'une mission au sein de la ligue, et puis, à travers les péripéties, il est rejeté, il se retrouve happé par l'existence. Lorsque le narrateur s'adresse à lui à la fin du conte, pour lui dire : «Où vas-tu, ami ?»,
le récit prend une autre tonalité. Chamouni est obligé de se regarder dans son propre miroir. Je ne voudrais pas faire des extrapolations gratuites, mais il me semble que le jeune harraga, qui se jette aujourd 'hui dans les entrailles de la mer, est un peu dans la même situation.
Chamouni ne se pose pas en moraliste, mais il se contente d'exposer sa propre expérience. Le texte a été écrit en 1985, à l'époque où le phénomène des harraga n'existait pas, mais quelque part, il y a des similitudes. Il y a je crois un Chamouni en chacun d'entre nous, qui s'accroche à quelque chose, et qui croit malgré tout à sa bonne étoile, à défaut d'une bonne fée.
Avez-vous d'autres projets d'écriture ?
Oui pour moi, l'écriture est un jeu, une occupation. j'ai toujours quelque chose en chantier. K. A.


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