Ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix du jeûne. Et tous l'assurent : ne rien manger pendant plusieurs jours permet de se sentir plus léger, mais aussi de voir plus clair en soi. Sur le plan psychologique, l'abstinence est riche d'enseignements. Elle permet de faire le tri entre les notions de faim, d'appétit et d'envie compulsive. Compte tenu de la richesse de notre alimentation, le corps dispose de telles réserves que la faim physiologique n'apparaîtrait pas avant trente ou quarante jours d'abstinence. Expérimenter «l'autorestauration» conduit donc à revoir son sentiment de dépendance vis-à-vis de la nourriture, travailler sur sa peur de manquer, prendre de la distance par rapport à ses pulsions. Ainsi, grâce à une pratique régulière sur plusieurs années, certains passent de l'état de goinfre à celui de gourmet. Le plus difficile pour les jeûneurs ? Se détacher des sens. Car s'abstenir de manger, c'est surtout se priver des plaisirs de la table, des odeurs, des saveurs, etc. Cette maîtrise offre néanmoins une récompense : l'esprit s'en trouve plus clair, plus lucide… et le corps rajeunit ! Se régénérer de l'intérieur Problème digestif, arthrose, eczéma, asthme, migraine, hypertension… On vient aussi au jeûne pour ses vertus thérapeutiques, même si elles ne sont pas reconnues par la médecine allopathique. Comment explique-t-on ces bienfaits ? Par la «détoxination», c'est-à-dire l'élimination des toxines dues à une alimentation trop riche, trop abondante ou de mauvaise qualité, à une accumulation de stress et à la pollution. En effet, la fonction assimilation étant réduite à néant pendant le jeûne, la fonction élimination peut jouer pleinement son rôle, rendant le système immunitaire plus performant. Aujourd'hui, on sait que si l'élimination de ces toxines est régulière, le jeûneur peut espérer vivre plus longtemps, comme vient de le prouver sur des souris un centre de recherche en gérontologie américain. Ce nettoyage en profondeur, ce «décrassage» gage de longévité peut également aider les personnes dépressives, qui suivant un régime strict préconisé par un naturopathe avant de décider de jeûner, permet de tout évacuer, les antidépresseurs et les soucis. Le jeûne est un outil qui permet de mettre l'individu dans un contexte favorable pour s'autoguérir, s'autorégénérer. Ça calme aussi le mental Tous les prophètes ont pratiqué l'abstinence alimentaire, en signe d'humilité, de piété et de charité. Mais il n'est pas nécessaire d'être croyant pour bénéficier de ses vertus spirituelles. En se coupant de ses habitudes, on s'accorde un temps de pause propice à la réflexion. Cette intériorisation mène parfois à une réorientation de vie, personnelle ou professionnelle, plus en accord avec son moi profond. La maîtrise de l'alimentation semble aussi faciliter celle des émotions. De plus, faire l'expérience du dépassement de soi, en parvenant à se priver de nourriture, permet de repousser ses propres limites. Peut-être est-ce pour toutes ces raisons que le prophète Mohamed (QSSL) disait : «Si les croyants avaient véritablement conscience de la bénédiction qu'il y a dans le fait de jeûner durant le mois de ramadhan, ils souhaiteraient que ce mois dure toute l'année.» Attention : le jeûne est déconseillé aux vrais boulimiques et encore plus aux anorexiques, pour ne pas accentuer leurs troubles du comportement alimentaire.